Vous êtes peut-être confus quant à la distinction entre criquet et sauterelle, deux insectes souvent confondus malgré leurs différences. Leur appellation différente reflète leur appartenance à des sous-groupes distincts, même si tous deux appartiennent à la famille des orthoptères, caractérisée par des ailes positionnées à angle droit dans leur dos. Plus précisément, les sauterelles font partie du sous-ordre des Ensifères, aux côtés des grillons, tandis que les criquets appartiennent au sous-ordre des Caelifères. À noter que le terme “criquet” en anglais désigne en réalité ce que nous appelons en français une sauterelle, ce qui peut prêter à confusion.
La différence au niveau des antennes
Une distinction physique clé réside dans la longueur des antennes : celles du criquet sont courtes, composées de multiples segments, alors que celles de la sauterelle sont longues, fines et élancées.
Comportement et modes de vie
La population de criquets à un endroit précis peut fluctuer en fonction de plusieurs facteurs environnementaux comme la température, la sécheresse ou la disponibilité de nourriture. Selon leur densité, ces insectes peuvent adopter deux états morphologiques et comportementaux distincts, qualifiés de “phases”. La première, appelée “solitaire”, est caractérisée par un comportement discret et une apparence différente de celle des criquets en phase “grégaire”, qui vivent en groupe. Contrairement aux criquets, les sauterelles ont tendance à vivre en solitary.
Modes de chant
Leur communication sonore, ou stridulation, a deux finalités principales : attirer une femelle pour la reproduction et défendre leur territoire en éloignant leurs rivaux, avec une intensité variable selon l’intention. Les mâles sont généralement les principaux chanteurs. Les femelles criquets peuvent aussi produire des sons, mais de façon beaucoup moins forte, pour signaler leur consentement à l’accouplement. La technique de stridulation varie : les sauterelles frottent leurs ailes durcies et proches, tandis que les criquets déplacent leurs fémurs sur leurs élytres, équipés de petites dents et d’une nervure saillante, ce qui peut rendre le son inaudible à l’oreille humaine.
Différences dans l’alimentation
Les criquets sont strictement herbivores, se nourrissant uniquement de végétaux. En revanche, les sauterelles ont un régime omnivore, allant parfois vers une alimentation plus carnivore, notamment en se nourrissant de pucerons ou de larves. Certaines espèces comme la grande sauterelle verte, courante en France, consomment plutôt des insectes ou des larves, ce qui peut en faire un allié naturel pour votre jardin.
En ce qui concerne la biodiversité, environ 220 espèces d’orthoptères ont été recensées en France, réparties à parts égales entre criquets et sauterelles. Voici quelques exemples représentatifs pour illustrer cette diversité, tout en rappelant que chaque groupe comporte de nombreuses espèces différentes.
Le phanéroptère commun
C’est une sauterelle verte, très présente dans le sud du pays, mais que l’on peut également observer dans d’autres régions françaises. Son corps élancé, d’un vert clair, est accentué par ses antennes qui peuvent atteindre quatre fois la longueur de son corps. Capable de voler sur de courtes distances, elle se nourrit principalement de végétaux, mais peut occasionnellement s’attaquer à de petits insectes.
La decticelle chagrinée
Adaptée aux milieux chauds et secs, cette sauterelle mesure entre 18 et 28 mm. Son aspect trapu, avec une teinte brun grisâtre, la rend bien adaptée à son environnement aride et ensoleillé.
La méconème scutigère
Cette espèce arboricole préfère se dissimuler sous les feuilles durant la journée et chasse la nuit. Dotée d’une coloration verte ponctuée de points jaunes, elle a un pronotum qui court de derrière la tête jusqu’à la moitié de son corps, ce qui lui vaut son nom. Ses stridulations peuvent atteindre 22 KHz, en dehors de la plage d’audition humaine limitée à 20 KHz. Elle est active toute l’année, certains individus ayant été retrouvés en hiver dans le nord de la France, résistant à des températures allant jusqu’à -9°C.
Le criquet des bromes
Très répandu dans le sud et l’ouest de la France, ce criquet mesure entre 15 et 20 mm chez le mâle, jusqu’à 27 mm pour la femelle. Sa coloration varie entre jaune, beige ou vert, souvent avec des nuances sourdes, ce qui le rend discret dans son environnement.
Le criquet cendré
Localisé surtout dans la région méditerranéenne, notamment dans le Languedoc, c’est l’un des plus grands criquets en France : les mâles peuvent atteindre 41 mm, et les femelles plus de 50 mm. Leur teinte va du brun clair sans motifs au marron avec des marbrures ou même vert. Pour échapper à ses prédateurs, il peut effectuer de longues distances en vol, jusqu’à 100 mètres. Ce criquet atypique, en raison de sa omnivorie, se distingue par ses habitudes alimentaires moins strictes que celles de la majorité des autres criquets.
L’œdipode automnale
Souvent associé au pourtour méditerranéen, cet insecte est aussi rencontré sur la côte atlantique. Son corps trapu, grisâtre, contraste fortement avec ses ailes postérieures aux couleurs vives. La femelle, mesurant entre 21 et 28 mm, est plus grande que le mâle, qui ne dépasse pas 20 mm. Cette espèce peut être observée toute l’année, y compris en hiver, et certains individus ont survécu à des températures aussi basses que -9°C.
Crédit photo : Tendances et animaux