Amatrice de coléoptères, la grive draine est une passériforme qui privilégie les zones à mi-chemin entre espaces ouverts et boisements. Son instinct de survie développé la rend très vigilante, prêt à prendre la fuite à la moindre alerte. Elle est chassable en France et se distingue par sa taille imposante et son plumage gris clair, largement ponctué de taches noires, ce qui facilite son identification.
Quelle est la nature de la grive draine ?
Appartenant à la famille des turdidés, la grive draine, ou Turdus viscivorus, se classe parmi les passereaux de taille moyenne à grande, comme le merle ou le rossignol. Elle mesure généralement 28 centimètres de long, avec une envergure pouvant atteindre 45 centimètres et un poids oscillant entre 110 et 160 grammes, ce qui en fait la plus grande des grives. Selon la région, on dénombre trois sous-espèces : Turdus viscivorus viscivorus, que l’on retrouve principalement en Europe ; Turdus viscivorus deichleri, présente dans le Maghreb et en Corse ; et Turdus viscivorus bonapartei, que l’on observe principalement en Asie centrale et dans l’Himalaya.
Comment reconnaître la grive draine ?
Sa taille remarquable est son premier critère pour l’identification. Son plumage présente une teinte de gris uniforme, agrémentée de petites lignes claires sur ses ailes. Le dessous de son corps, ses flancs et sa poitrine affichent une teinte blanchâtre parsemée de grandes taches sombres. Une marque sombre traverse sa joue, passant sous l’œil et derrière le conduit auditif. Ses yeux sont foncés, et son bec, épais, mêle un ton sombre à une base jaune. Les pattes jaunâtres complètent son apparence. La variété bonapartei se distingue par une taille légèrement supérieure, jusqu’à 30 cm, avec des ailes plus longues et une teinte plus pâle en dessus. La sous-espèce deichleri possède un plumage similaire, à taille comparable à viscivorus. La grive draine ne présente pas de différences selon le sexe.
Où trouve-t-on la grive draine ?
Elle occupe une vaste zone du Paléarctique occidental, allant de la Grande-Bretagne jusqu’à la Sibérie, des côtes scandinaves jusqu’aux régions montagneuses du Maghreb, en passant par l’Asie mineure et centrale, jusqu’à l’Himalaya. Elle privilégie les habitats ouverts ou semi-ouverts où elle peut facilement fouiller le sol pour se nourrir et les zones boisées clairsemées pour nicher. En Europe, elle évite généralement les zones très urbanisées, préférant les forêts de plaines ou de montagnes à conifères, feuillus, ainsi que les clairières et les bosquets adjacents aux pâturages. En Méditerranée, elle colonise principalement les zones collinéennes et montagneuses parsemées de vergers ou de forêts mêlant conifères, genévriers et autres végétations mixtes. Jusqu’à environ 1700 mètres d’altitude, on peut aussi l’observer dans le Maghreb et ses régions environnantes.
Où migre la grive draine ?
Le littoral européen, la Scandinavie et la Russie sont des zones clés de nidification pour cette espèce. Les populations situées au nord et à l’est migrent vers des régions plus chaudes pendant l’hiver. Les oiseaux venant de Scandinavie, d’Europe centrale ou orientale migrent vers le sud-ouest de la France ou jusqu’en Afrique du Nord. Certains sédentarisent dans le sud de la Grande-Bretagne, tandis que d’autres s’orientent vers le sud-est de l’Europe. Les jeunes et les adultes des régions plus froides entament leur migration dès février, en commençant par le sud de leur zone de reproduction, puis continuent jusqu’en mars ou avril. La sous-espèce bonapartei, vivant en Himalaya, hiverne dans des régions plus méridionales comme le Kazakhstan ou l’Asie orientale. La majorité des populations plus au sud et à l’ouest étant sédentaires ou réalisant peu de déplacements.
Que mange la grive draine ?
Son alimentation est diversifiée tout au long de l’année, combinant végétaux et invertébrés. Au printemps et en été, sa diète privilégie principalement les insectes, surtout les coléoptères, ainsi que leurs larves, contribuant à la lutte contre certains nuisibles. Elle consomme également d’autres insectes comme les grillons ou les araignées, ainsi que de petits vers et mollusques. Lors de la période de reproduction, elle chasse activement au sol pour alimenter ses oisillons en larves d’insectes. Son régime végétal comprend fruits, baies et graines variés, notamment issus de l’aubépine, du sorbier ou du genévrier. En automne et hiver, ses choix se tournent davantage vers des matières végétales et les restes d’insectes disponibles. La grive draine joue un rôle essentiel dans la dispersion de certaines plantes parasites comme le gui, dont elle se nourrit souvent, ce qui lui a valu son nom scientifique « viscivorus », ou mangeur de gui.
Quel est le mode de vie de la grive draine ?
Naturellement méfiante et réservé, cette espèce évite généralement la vie en groupe, préférant l’individualité même lors de la période de reproduction. Monogame et territoriale, elle défend coûte que coûte son espace, en particulier durant la saison des amours, où elle peut montrer une certaine agressivité face aux intrus. Lorsqu’elle est perchée en haut d’un arbre, le chant puissant du mâle, souvent composé de motifs simples et répétés, signale sa présence. Les couples se forment en fin d’hiver, et la saison de reproduction s’étale de mars à juillet-août, selon la latitude. Plus au sud, l’élevage commence plus tôt, parfois dès février.
Comment se déroulent la reproduction et l’élevage des jeunes ?
Le nid, construit par la femelle à une hauteur de 5 à 10 mètres dans la fourche d’un grand arbre, est une coupe tissée artisanalement à partir de matériaux naturels comme des tiges, de la mousse ou du lichen, puis renforcée avec de la boue. Elle y dépose généralement 4 œufs aux teintes bleutées ou vert pâle, ponctués de taches brun clair. La incubation, confiée presque exclusivement à la femelle, dure une quinzaine de jours. Les deux parents nourrissent les oisillons, mais l’époux peut poursuivre seul cette tâche si la femelle dépose une seconde ponte. Les jeunes restent au nid environ deux semaines, puis s’envolent, poursuivant leur apprentissage pendant deux autres semaines. La grive draine produit habituellement deux à trois couvées par année, selon la région.
L’état de conservation de la grive draine
Malgré sa grande familiarité, la grive draine n’est pas en danger. Elle bénéficie d’une classification « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En France, elle est autorisée à la chasse. Cependant, plusieurs facteurs menacent ses populations : la chasse excessive, les conditions météorologiques extrêmes influant sur ses migrations, et la destruction de ses habitats naturels. La survie de cette espèce dépend de la préservation de paysages comprenant des espaces ouverts, des boisements, des haies et de grands arbres, essentiels pour ses activités de nourriture et de reproduction. Sa longévité moyenne est d’environ 11 ans.