En France, la pratique de la chasse à la marmotte a longtemps fait partie intégrante des traditions rurales, notamment dans certaines régions montagneuses. Aujourd’hui, cette espèce est souvent mise en avant pour dynamiser le tourisme, ce qui peut rendre surprenant le fait que la chasse y soit encore autorisée. Dans cet article, nous allons explorer en détail les enjeux liés à la présence et la chasse de la marmotte en France.
Où peut-on observer des marmottes en France actuellement ?
Le massif alpin reste la zone la plus associée à la marmotte auprès du grand public, notamment grâce à son importance dans l’offre touristique de la région. La marmotte y est originaire et préfère évoluer dans des milieux ouverts situés entre 800 et 3000 mètres d’altitude. Elle privilégie les terrains meubles, où elle peut facilement creuser ses terriers, proches de pâturages ensoleillés et bien fournis, tout en surveillant attentivement son environnement pour repérer d’éventuels prédateurs.
Dans les Pyrénées, la présence de la marmotte est plus récente puisqu’elle a disparu de cette région il y a environ 10 000 ans. Aucune tradition locale n’avait donc perduré à son sujet jusqu’à son introduction. En 1948, l’espèce a été réintroduite avec succès dans le parc national de la vallée de Luz, dans les Hautes-Pyrénées. Par la suite, des lâchers supplémentaires ont été effectués lors de la création du Parc national en 1967, permettant à la marmotte de s’étendre dans plusieurs vallées pyrénéennes jusqu’aux années 1970. Aujourd’hui, elle occupe toutes les vallées de cette chaîne montagneuse, présentant parfois un impact positif sur certaines espèces d’oiseaux comme l’aigle royal ou le gypaète barbu, en contribuant à l’équilibre de cet écosystème.
Les massifs du Massif Central, notamment ceux du Sancy ou du Cantal, ont également vu l’introduction de la marmotte, initiée par des chasseurs désirant diversifier le gibier. Dans le Mézenc, cette introduction remonte aux années 1980. L’émergence d’un attrait touristique lié à cette espèce a probablement encouragé ces initiatives.
Pourquoi chassait-on traditionnellement la marmotte ?
Ce grand rongeur, parmi les plus volumineux présents en France, a été chassé depuis longtemps dans plusieurs régions de montagne. À l’époque où la vie rurale était rude, sa fourrure était très prisée pour ses propriétés isolantes, idéales pour faire face au froid. Sa viande était aussi une source essentielle de protéines pendant les périodes où l’alimentation était limitée, permettant aux communautés locales de subvenir à leurs besoins. La commercialisation de ses produits, comme la peau ou la viande, contribuait également à l’économie des zones rurales. En outre, certaines pratiques traditionnelles utilisaient la graisse de marmotte pour préparer des remèdes contre diverses affections, notamment des douleurs musculaires ou articulaires.
Quelles sont les mesures de protection pour la marmotte ?
Au niveau international, la marmotte bénéficie d’un statut de protection. Elle est couverte par la Convention de Berne sur la conservation de la faune sauvage et de son habitat en Europe, à laquelle la France est signataire. Cependant, contrairement à certains pays comme l’Italie qui a interdit la chasse à cette espèce en 1992, la législation française autorise encore sa chasse dans plusieurs départements. Seules les espèces strictement protégées figurant à l’annexe II de la Convention de Berne ne peuvent être chassées. En pratique, cela signifie que la chasse à la marmotte est encore autorisée dans des régions comme l’Isère, les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, la Savoie ou la Haute-Savoie, entre la mi-septembre et début novembre.
Pourquoi la chasse à la marmotte suscite-t-elle encore de l’intérêt aujourd’hui ?
Pour certains chasseurs, la consommation de viande de marmotte reste une motivation, avec des recettes traditionnelles comme le civet aux girolles. Cependant, cette pratique sportive est aujourd’hui peu répandue, la majorité des protéines animales disponibles répondant largement aux besoins courants. Parfois, la présence de marmottes peut poser problème dans les zones d’élevage, lorsqu’elles multiplient leurs terriers dans les pâturages, ce qui peut entraîner des dégâts pour les éleveurs locaux.
Globalement, la chasse reste limitée : selon les données des chasseurs eux-mêmes, on estime qu’environ 1 000 marmottes seraient tuées chaque année dans tout le pays. Par exemple, lors de la saison 2021-2022, environ 427 individus ont été abattus dans le département de la Savoie, selon la fédération locale de chasseurs.
La marmotte est-elle menacée ?
Les défenseurs de la biodiversité considèrent que la marmotte fait face à de sérieux défis liés au changement climatique. La diminution des précipitations neigeuses depuis les années 1990 a un impact direct sur son habitat, notamment en réduisant la protection thermique apportée par la neige durant son hibernation, de octobre à mars. Sans cette couche protectrice, la température dans le terrier est plus basse, ce qui oblige la marmotte à dépenser davantage d’énergie pour maintenir sa température corporelle. Cela entraîne des naissances moins nombreuses, des poids plus faibles au sortir de l’hibernation et, à terme, une réduction probable de leur population dans les Alpes. Toutefois, pour l’instant, la situation reste satisfaisante, mais l’avenir reste incertain quant à l’évolution de leur nombre face à ces changements climatiques.