Le terme « seiche » désigne un groupe varié de mollusques qui, au-delà de leurs dix tentacules, partagent une aptitude remarquable pour le camouflage. Capables de modifier rapidement leur couleur pour séduire une proie ou utiliser leur encre afin de dérouter un ennemi, ces céphalopodes font preuve d’une ingéniosité stratégique. Focus sur un décapode qui maîtrise parfaitement ses astuces de dissimulation.
La diversité des seiches
Il s’agit d’un nom commun englobant un large éventail de mollusques appartenant à l’ordre des céphalopodes, regroupés dans le sous-groupe des décapodes (dotés de dix bras). La famille des seiches se divise en deux principales catégories :
- Les sepias, comprenant le genre sepia — la seiche typique —, dont la « seiche commune » (Sepia officinalis) est la plus répandue.
- Les sépiolidés, qui regroupent de petites variantes telles que les supions, sepioles ou chipirons.
La seiche ordinaire mesure généralement entre 14 et 18 cm chez le mâle, pouvant atteindre 20 à 30 cm avec ses tentacules. Son poids peut dépasser 2 kilogrammes.
Un système de flottabilité interne
Ce céphalopode possède une tête dotée de deux yeux volumineux et d’une dizaine de bras équipés de ventouses, dont deux sont plus longs et spécialisés dans la chasse. Sa coquille interne, poreuse et cartilagineuse, est remplie de gaz (principalement azote), lui permettant de contrôler sa position dans l’eau. Notons que la carapace de seiche est souvent utilisée comme supplément calcique dans l’alimentation des oiseaux d’élevage.
La capacité de mimétisme de la seiche
Le corps de cette espèce est tapissé de milliers de cellules pigmentaires appelées chromatophores, qui sont contrôlées par son cerveau. Lorsqu’elle en ressent le besoin, le céphalopode peut changer de couleur rapidement, ajustant son apparence pour se fondre dans son environnement ou attirer l’attention. Cette technique de camouflage joue un rôle crucial, que ce soit pour déjouer ses prédateurs ou pour séduire lors de la parade nuptiale. Lorsqu’un mâle souhaite attirer une femelle, il arbore des motifs colorés vifs, comme des zébrures sur un ventre luminescent, pour séduire sa partenaire.
Un mollusque benthique
Présente dans la Méditerranée ainsi que dans l’Atlantique Est, la seiche fréquente principalement les fonds meubles riches en sable, graviers, herbiers ou grandes algues. Selon les saisons, elle évolue entre les zones plus profondes du plateau continental, jusqu’à 240 mètres en automne et hiver, et les eaux côtières peu profondes, à une quinzaine de mètres, durant la période de reproduction.
La seiche, prédatrice équipée
Ce mollusque se nourrit majoritairement de petits animaux qui croisent son chemin, avec une préférence pour les crustacés comme les crabes et les crevettes, constituant la base de son alimentation. Lorsqu’une proie se présente, elle utilise ses tentacules longues, munies de ventouses, pour saisir l’animal, souvent attiré par ses autres bras plus courts. Une fois capturée, la seiche paralyse sa victime avec une salive toxique, puis la dévore à l’aide de son bec puissant, capable de briser les carapaces.
La défense par l’encre
Face au danger, la seiche peut libérer un nuage d’encre, fabriqué dans une poche spéciale remplie de mélanine. Lorsqu’elle expulse cet alcool noir, il forme un écran sous forme d’un nuage sombre et audacieux, ressemblant souvent à son corps, permettant ainsi au mollusque de s’éloigner rapidement. Elle expulse l’encre en accélérant grâce à un siphon orientable, expulsant l’eau présente dans sa cavité palléale pour se propulser à grande vitesse dans une autre direction.
La reproduction de la seiche
La reproduction ne comporte pas de phase larvaire. Lors de l’accouplement, le mâle dépose ses spermatocystes dans la cavité de la femelle à l’aide d’un bras spécialisé, appelé hectocotyle, qui se détache ensuite pour s’insérer dans sa partenaire. La femelle peut produire jusqu’à 3 000 œufs, formant des grappes noires attachées à divers supports immergés. Après une période d’incubation d’environ un à trois mois, de petits céphalopodes, appelés sépions, naissent avec une morphologie proche de celle des adultes, sans passer par une phase larvaire.
Durée de vie limitée
La vie de la seiche est courte, généralement de deux ans. Elle est une proie pour de nombreux prédateurs tels que les grands poissons, les cachalots ou certains dauphins. La majorité d’entre elles atteignent la maturité sexuelle à 1 an, se reproduisent puis meurent dans la même année. Bien que largement pêchée et consommée par l’homme, elle bénéficie d’un statut de conservation « préoccupation mineure » selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).