Tout savoir sur la vipère, serpent venimeux courant en milieu rural

Accueil » Les animaux sauvages » Reptiles » Tout savoir sur la vipère, serpent venimeux courant en milieu rural

Il est courant d’apercevoir une vipère lors d’une promenade en pleine nature, que ce soit à la campagne ou en zone montagnarde. Ce serpent venimeux est souvent mal perçu et peut provoquer une certaine crainte parmi les randonneurs. Mais quelle est réellement la nature de la vipère ? Comment vit-elle au quotidien et constitue-t-elle un vrai danger pour l’humain ? Faisons le point.

Caractéristiques essentielles de la vipère

La branche des Vipères (Viperinae) regroupe une centaine d’espèces de serpents, toutes classées dans la famille des Viperidae et appartenant à la classe des reptiles. Parmi elles, on retrouve :

  • Vipères d’Asie : tels que la Vipère à queue d’araignée (Pseudoseraste) et la Vipère lébétine (Macrovipera lebetina)
  • Vipères africaines : notamment la Vipère du désert de Namibie (Bitis peringueyi), la Vipère des buissons (Atheris chlorechis) et la Vipère à cornes (Cerastes cerastes)
  • Vipères européennes : comme la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), la Vipère péliade (Vipera berus) ou encore la Vipère aspic (Vipera aspis)

En privilégiant cette dernière, concentrons-nous sur la Vipère aspic, qui comporte cinq sous-espèces. Symbole de la faune française, ce serpent venimeux est fréquemment rencontré dans nos campagnes, mais également en territoire espagnol, suisse et italien.

Leurs principales caractéristiques distinctives comprennent :

  • Un nez légèrement retroussé, accentué par une écaille proéminente.
  • De petites écailles positionnées au sommet de la tête.
  • La présence de deux rangées d’écailles sous les yeux, appelées écailles sous-oculaires.
  • Des pupilles verticales, un trait qui permet d’identifier la vipère d’une couleuvre, cette dernière ayant des pupilles rondes.

La Vipère aspic préfère évoluer dans des milieux encombrés de broussailles, ce qui explique son retrait progressif des plaines cultivées. On peut facilement la repérer dans des fossés, en bordure de bois, dans les haies ou sur des terrains rocheux, notamment en zones en friche ou sur d’anciens murs en pierre.

La vipère : un serpent possédant des périodes d’hibernation

La période d’activité de la Vipère aspic s’étale généralement entre février et novembre, mais cela dépend fortement des régions. Elle passe l’hiver en hibernation, une étape pouvant débuter dès la début avril dans les zones elevées à plus de 1500 mètres. La durée de cette période de dormance minimaliste est d’au moins 90 jours. En automne, ce sont d’abord les femelles qui entrent en hibernation, environ deux semaines avant les mâles. Pendant cette phase, le serpent reste dans un état de léthargie, sans être totalement inactif.

Pour se mettre à l’abri du froid, la vipère se réfugie souvent dans des terriers creusés par des petits rongeurs ou au fond d’une crevasse. Elle peut aussi se dissimuler sous une couche de mousse ou de feuilles dans des endroits ensoleillés. Parfois, des mâles s’enroulent ensemble pour conserver la chaleur corporelle, atteignant ainsi environ 30°C.

Régime alimentaire de la vipère aspic

Chez les jeunes, la principale source de nourriture est constituée de lézards. Une fois adulte, son alimentation se compose principalement d’oiseaux, de petits mammifères comme musaraignes, souris, mulots ou campagnols. La mâchoire de la vipère est reliée par des ligaments très souples, lui permettant d’ingérer des proies jusqu’à quatre fois plus grosses que sa propre tête. La digestion, facilitée par la production d’acides et d’enzymes très puissants dans son estomac, lui permet de traiter quasiment tous les composants de ses proies, à l’exception des griffes et des poils.

Pour immobiliser ses victimes, la vipère injecte un venin via ses crochets canaliculés. Ces crochets, mobiles, se replient lorsque la gueule est fermée et se dressent lors de la morsure. Reliés aux glandes à venin, ils permettent une injection profonde dans le corps de la proie. Le venin a une double fonction : paralyser rapidement la victime et amorcer la digestion. Si un crochet venait à se casser, il est remplacé automatiquement par un nouveau.

Bien que la morsure d’une vipère puisse être impressionnante, elle reste peu fréquente car cet animal a une nature plutôt craintive. En général, il préfère fuir plutôt que d’attaquer. Seuls entre 1 et 5 décès sont enregistrés chaque année, pour environ 1000 morsures, dont 10 % nécessitent une hospitalisation. Cependant, toute morsure doit impérativement conduire à une consultation médicale rapide, car le venin peut provoquer un choc allergique potentiellement fatal dans certains cas.

Reproduction de la vipère

La vipère devient généralement sexually mature vers 3 ans et demi pour les mâles, et vers 5 ans et demi pour les femelles. Dans les régions tempérées, ils peuvent se reproduire chaque année, tandis que dans les zones aux climats plus rigoureux, la reproduction peut n’avoir lieu qu’espacée d’une période de 3 à 4 ans.

Lors de la période de reproduction, généralement entre mars et mai, les mâles peuvent entrer en compétition, parfois en se mordant peu, pour s’accoupler avec une femelle entourée de plusieurs prétendants. En régions plus douces, ces rituels peuvent également se produire à l’automne. La gestation varie fortement selon la température ambiante, se terminant souvent en août dans les plaines ou en octobre en haute montagne. La Vipère aspic, étant ovovivipare, donne naissance à de jeunes vipérels. Après l’éclosion, les bébés serpentins naissent directement dans le ventre de leur mère et sont rapidement indépendants.

La vipère, une espèce sous protection légale

Considérée comme une espèce à faible risque, la vipère conserve une présence importante dans ses aires de répartition. Toutefois, son habitat est en voie de disparition progressive à cause de l’expansion agricole intensive. De plus, cette espèce est souvent persécutée en raison de sa réputation de serpent dangereux, mais en France, elle bénéficie d’une protection légale, notamment via l’arrêté du 19 novembre 2007, qui interdit sa mutilation.

Crédit photo : Harold van der Ploeg