Tortue de Cantor : la grande tortue à coquille molle mystérieuse

Accueil » Les animaux sauvages » Reptiles » Tortue de Cantor : la grande tortue à coquille molle mystérieuse

La tortue de Cantor est une espèce remarquable par sa taille et ses caractéristiques inhabituelles. Son corps, recouvert d’une peau épaisse et de couleur olive, évoque plutôt un animal aquatique comme un poisson plat, plutôt qu’un tortue classique dotée d’une carapace rigide. La majorité de son dos n’est pas reliée à son ventre par un squelette osseux, mais par du cartilage, lui conférant une apparence unique. Sa silhouette imposante peut atteindre près de 2 mètres de long pour un poids pouvant atteindre 100 kg, ce qui en fait une créature à la fois impressionnante et difficile à manquer lorsqu’on la croise.

Une espèce au corps volumineux

En cas de rencontre, ce géant des eaux douces est impossible à ignorer. Avec un poids souvent supérieur à 60 kg, elle se démarque par sa taille exceptionnelle. Sa morphologie rappelle plutôt un animal plat et élancé que le modèle traditionnel de la tortue protégée par une carapace solide. Cette dernière, à la texture véritablement souple et aux teintes oliva, la distingue nettement de ses cousines plus communes. La connexion entre la partie dorsale et la partie ventrale de sa carapace n’est pas faite de métal, mais de cartilage souple, accentuant son aspect atypique.

Une tortue du genre Pelochelys

Elle possède aussi des griffes prolongées et une mâchoire puissante, lui permettant de capturer efficacement ses proies, qui comprennent principalement des poissons, crustacés, amphibiens et mollusques. Malgré cette aptitude de prédation, sa carapace peu coriace la rend vulnérable face aux prédateurs. Pour se protéger, elle passe une grande partie de son temps enfouie profondément dans le sable ou la boue, laissant seulement ses yeux et son nez tubulaire apparaître, ce qui lui confère une discrétion quasi totale. Son habitat naturel est de plus en plus rare, et elle est classée comme en danger d’extinction, en raison notamment du braconnage pour sa chair et ses œufs, malgré l’interdiction de sa chasse dans plusieurs régions. Son nom scientifique, Pelochelys, indique sa capacité à s’enfouir dans les sédiments, en combinant des racines grecques évoquant les argiles et la boue avec celle signifiant la tortue. Les désignations exactes pour cette espèce varient, avec des mentions telles que Pelochelys cantorii, P. cumingii ou P. poljakowii. Deux autres espèces, Pelochelys bibroni et Pelochelys signifera, seraient également rattachées à ce genre.

Où la trouve-t-on ?

La distribution géographique de cette tortue s’étend dans diverses régions d’Asie du Sud-Est, notamment dans l’est et le sud de l’Inde, de la Chine, ainsi qu’au Bangladesh, en Birmanie, en Thaïlande, en Malaisie, au Cambodge, au Vietnam, aux Philippines et en Indonésie. Son apparition à Singapour a disparu, mais elle est encore présente dans la région du Mékong, où sa population, malgré sa rareté, demeure relativement abondante dans certaines rivières. Son mode de vie exclusivement aquatique d’eau douce lui confère un comportement discret, ce qui rend son observation complexe.

Son alimentation

Grâce à sa capacité à se dissimuler dans le substrat, la tortue de Cantor chasse en restant à l’affût. Lorsqu’un petit animal passe à proximité, elle tend rapidement son long cou pour l’aspirer. Sa diète est principalement composée de poissons, crustacés, amphibiens et mollusques, mais elle peut également consommer de petites plantes aquatiques pour compléter son régime alimentaire.

Reproduction et cycle de vie

Nos connaissances sur ses habitudes reproductives restent limitées. Il est établi qu’elle pond entre 20 et 28 œufs sur les berges des rivières où elle habite, généralement au cours des mois de février et mars. La taille des œufs varie entre 3 et 3,5 cm de diamètre, mais très peu d’observations précises ont été documentées à leur sujet.

Autres tortues à carapace molle

Les tortues à carapace molle appartiennent à la famille des Trionychidae, une lignée connue depuis le Crétacé inférieur, il y a environ 100 millions d’années, principalement en Europe et en Amérique du Nord. Leur dispersion s’est également étendue à Eurasie, puis à l’Afrique et à d’autres continents au cours du Miocène, il y a entre 23 et 5 millions d’années. Aujourd’hui, la majorité de ces espèces, comme celles des tortues marines, font face à de sérieuses menaces pour leur survie.

En Amérique du Nord, la Apalone ferox est une tortue endémique présente en Alabama, en Floride, en Géorgie et en Caroline du Sud. C’est la troisième espèce la plus couramment capturée et exportée du pays. Sa coloration rappelle celle de la tortue de Cantor. Elle évolue dans des eaux peu dynamiques, se nourrissant de poissons, mollusques, insectes et amphibiens. Opportuniste, elle se prélasse souvent sur des berges ou des troncs d’arbre pour capter les rayons UV, essentiels à la santé de sa carapace. Elle subit la prédation de divers prédateurs, notamment de grands poissons, d’oiseaux et d’autres tortues telles que Chelydra serpentina. La pollution, l’assèchement de ses habitats et les véhicules constituent également des menaces majeures pour son avenir.

Une proche cousine, Apolone spinifera, est présente au Canada et au Mexique, atteignant parfois 43 cm de longueur chez les femelles, préférant les eaux plus dynamiques. Une autre espèce, Apalone mutica, se trouve principalement dans le bassin du Mississippi, se nourrissant d’insectes, de vers, de poissons, de grenouilles et de mollusques aquatiques.

La plus grande de cette famille, Rafetus swinhoei, surnommée la tortue à carapace molle du Fleuve Bleu ou de Swinhoe, est la plus imposante avec une largeur pouvant atteindre 70 cm et un poids pouvant dépasser cent kilogrammes. La disparition de cette espèce est attribuée au braconnage et à la destruction de son habitat. La dernière femelle connue est décédée en 2019 dans un zoo chinois. Bien qu’un mâle subsiste, sans reproduction naturelle ou artificielle, l’espèce est probablement éteinte. Cependant, une seule tortue sauvage pourrait survivre dans un lac au Vietnam, laissant ouverte une voie d’espoir.

Crédit photo : Tendances et animaux