En apparence, l’orvet ressemble fortement à un serpent. Si vous avez la chance de l’apercevoir dans la nature, inutile de paniquer. Ce reptile est totalement inoffensif, puisqu’il ne possède pas de venin et ne mord jamais. Bien qu’il ressemble à un serpent sans pattes, il s’agit en réalité d’un lézard dépourvu de membres.
L’orvet a perdu ses pattes au cours de l’évolution
Connu aussi sous les noms d’orvet fragile ou serpent de verre, ce spécimen appartient à la catégorie des lézards sans membres, intégrés à la classe des reptiles et à la famille des anguidés. Au fil du temps, ses membres sont devenus superflus, car leur présence compliquait sa vie souterraine. Son nom scientifique, Anguis fragilis, traduit cette fragilité. Il existe également une autre espèce d’orvet, l’Anguis cephallonica, aussi appelé orvet doré ou orvet du Péloponnèse.
Il possède des paupières mobiles et des tympans
Ce lézard dépourvu de pattes est recouvert de petites écailles lisses, oscillant dans des teintes allant du gris clair au brun. Son corps élancé peut atteindre une longueur de 50 cm. Contrairement aux serpents, il a des paupières mobiles qui protègent ses yeux, des tympans permettant d’entendre, mais il ne possède pas de venin. La différence de sexe se marque aussi par ses couleurs : le mâle présente un dos marron uni, souvent parsemé de petites taches bleutées ou rougeâtres, tandis que la femelle affiche des flancs noirs avec un dos clair traversé par une ligne dorsale noire.
Sa queue se détache en cas de menace
Souvent surnommé serpent fragile ou serpent de verre, l’orvet a la capacité d’autotomie, c’est-à-dire qu’il peut volontairement se séparer d’une partie de sa queue en situation de danger. Cette dernière, aussi appelée « moignon » après la perte, continue parfois de bouger pendant plusieurs minutes, ce qui distraie le prédateur et lui donne une chance de s’échapper. La queue peut repousser, mais le nouveau segment sera généralement significativement plus court que l’original.
Un reptile discret qui se cache pour vivre
Présent notamment en Iran, en Turquie, en Algérie et dans une grande partie de l’Europe, l’orvet préfère vivre dans des environnements silencieux et ombragés. En France, on le retrouve principalement en plaine et en montagne jusqu’à 1200 mètres d’altitude, à l’exception du bassin aquitain et de la Corse. Son habitat idéal inclut les forêts, les friches, les haies, les prairies, les jardins, les landes, les tourbières ou encore les zones proches de l’eau. Il aime se dissimuler sous des tas de bois, des pierres ou dans des endroits très couverts, comme des composts ou sous des tôles.
Un reptile à sang froid dépendant de son environnement
En tant qu’animal à sang froid, l’orvet ne régule pas sa température interne. Il doit alors profiter de conditions extérieures suffisamment chaudes pour vivre. En été, il se réfugie souvent dans des endroits ensoleillés comme une souche ou sous une pierre humide. Lorsqu’arrive l’hiver, il hiberne en s’enfouissant dans le sol, dans des terriers qu’il creuse ou qu’il emprunte à d’autres animaux. Au printemps, il sort de ses refuges, surtout en fin de journée ou au crépuscule, pour chasser calmement. Son tempérament tranquille lui interdit tout comportement agressif envers l’humain.
Une alimentation composée principalement d’invertébrés
Ce carnivore se nourrit principalement d’insectes et d’autres invertébrés tels que les escargots, les limaces, les vers de terre, les chenilles ou encore les araignées. Le jardin lui offre souvent tout ce dont il a besoin, notamment dans les tas de compost, où il trouve chaleur et nourriture, ce qui fait de lui un allié pour les jardiniers.
La reproduction : des petits qui prennent leur envol rapidement
La période de reproduction, située entre avril et juin, peut donner lieu à des combats intenses entre mâles, pouvant durer jusqu’à vingt heures. Étant ovovivipare, la femelle ne dépose pas d’œufs, mais incubent les embryons à l’intérieur de leur corps. Après une gestation d’environ six semaines, elle met au monde de cinq à vingt jeunes très agiles et déjà capables de chasser par eux-mêmes. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de trois ans pour les mâles et quatre pour les femelles.
Une ressemblance fatale avec le serpent, mais un destin différent
Malgré leur apparence, l’orvet doit faire face à de nombreux prédateurs tels que divers oiseaux, comme les rapaces, hérons, cigognes ou pies, ainsi que des mammifères comme le renard ou certains mustélidés. Les chats domestiques, le hérisson et la genette se retrouvent aussi dans sa liste de prédateurs. Sa survie est aussi menacée par la destruction de ses habitats naturels, l’usage de pesticides ou encore les collisions avec les voitures. Souvent confondu avec un serpent, cet reptile bénéficie d’une protection légale depuis 2007 : il ne peut être ni capturé ni tué, ni ses abris détruits. Sa longévité moyenne varie entre 20 et 30 ans.