L’anaconda est un serpent à la fois mystérieux et impressionnant, souvent évoqué dans la littérature et les productions cinématographiques d’aventure. On le décrit comme une créature redoutable des forêts tropicales, capable de neutraliser ses proies en un clin d’œil, et il est considéré comme le plus volumineux des serpents au monde. Toutefois, ces idées reçues sont-elles entièrement véridiques ? La réalité pourrait-elle être moins sensationnelle que l’imagerie populaire ? C’est ce que nous allons explorer dans cet article.
Qu’est-ce qu’un anaconda ?
Les anacondas appartiennent à la famille des boas, des reptiles dotés d’écailles, et se rangent dans l’ordre des squamates. Quatre espèces principales composent ce groupe : l’anaconda vert (Eunectes murinus), l’anaconda bolivien (Eunectes beniensis), l’anaconda jaune (Eunectes notaeus) et celui à taches sombres (Eunectes deschauenseei). Nous détaillerons dorénavant chaque variation.
Ces serpents résidents des zones humides d’Amérique du Sud fréquentent principalement les marais, les cours d’eau et la forêt tropicale. Certains d’entre eux vivent également dans la région marécageuse près de l’île de la Trinité, dans la Caraïbe, où ils apprécient la chaleur et l’humidité, caractéristiques de leur habitat préféré.
En tant que constricteurs, ils usent d’une technique de chasse classique chez les serpents non venimeux : ils enroulent leur corps autour de leur proie pour la priver d’air et l’étouffer, tout en maintenant une pression considérable avec leur puissance mâchoire. La mort étant ainsi provoquée par suffocation.
Ces grands prédateurs maîtrisent également un comportement ophiophage, ce qui signifie qu’ils peuvent se nourrir de membres de leur propre espèce. Contrairement à certains serpents, notamment les cobras royaux, qui sont exclusivement cannibales, les anacondas ne se limitent pas à la consommation de leurs congénères, bien que des femelles puissent parfois se nourrir de mâles si l’occasion se présente. Lorsqu’ils sont blessés, ils restent aussi vulnérables face à des prédateurs comme les bancs de piranhas, très promptes à attaquer lorsqu’elles détectent du sang dans l’eau.
Les anacondas vivent dans un équilibre semi aquatique : ils errent sur le sol, mais sont aussi d’excellents nageurs, appréciant volontiers la plongée. Leur morphologie leur permet de surveiller leur environnement depuis la surface, grâce à leurs yeux et narines positionnés sur le haut de la tête.
On remarque un important dimorphisme sexuel chez ces serpents, la différence de taille étant remarquable. Les femelles peuvent être deux fois plus longues et lourdes que leurs homologues mâles.
Les plus grands spécimens mesureraient jusqu’à neuf mètres pour une masse pouvant atteindre 250 kg. Reste à savoir si ces chiffres figurent parmi les records du règne animal, réponse que nous apporterons en conclusion.
L’anaconda vert (Eunectes murinus)
Facilement identifiable par sa teinte vert foncé ornée de marques sombres sur les flancs, cette espèce, la plus imposante parmi les anacondas sud-américains, est aussi la plus connue. Sa réputation de puissant nageur est confirmée par sa prédilection pour la consommation de poissons, de rongeurs de grande taille, voire de jaguars, ses prédateurs naturels.
On retrouve cette espèce principalement dans les rivières de forêt tropicale en Amérique du Sud.
L’anaconda bolivien (Eunectes beniensis)
Présent dans les marais inexplorés des plaines boliviennes, cet anaconda se distingue par une coloration plus sombre allant vers le noir, avec une taille comparable à celle de l’anaconda vert, avec une différence d’un mètre en moyenne. Sa peau est recouverte de motifs plus obscurs, ce qui contribue à son camouflage dans des environnements très ombragés.
Les proies favorisées de cette espèce incluent grands rongeurs, oiseaux, et de grands mammifères tels que les cerfs.
L’anaconda jaune (Eunectes notaeus)
Parmi les plus petites de sa famille, l’anaconda jaune atteint rarement 4 mètres de long et ne pèse qu’environ 40 kilogrammes. Sa peau montre un motif de teintes vertes ou jaunes, parcourue de taches noires, ce qui facilite son repérage dans la végétation dense et près des sources d’eau en Amérique du Sud.
Son alimentation consiste principalement en poissons, en grands rongeurs, et parfois en cochons sauvages. Cependant, ses écailles attrayantes en font une cible prisée par les braconniers, ce qui en fait une espèce en danger.
L’anaconda à taches sombres (Eunectes deschauenseei)
De taille similaire à l’anaconda jaune, cette espèce se distingue par ses écailles marron clair parsemées de taches noires, ressemblant à un motif de python. Elle habite dans des zones humides et marécageuses du nord de l’Amérique du Sud, notamment en Guyane française, au Suriname et dans le nord du Brésil. Ce qui la différencie aussi, c’est sa capacité à évoluer en altitude, atteignant parfois des régions montagneuses jusqu’à 300 mètres.
Sa diète se compose de grands rongeurs, d’oiseaux, de poissons, et occasionnellement de petits alligators, qui eux aussi chassent l’anaconda.
Malheureusement, la destruction de son habitat naturel et la chasse pour la protection des bétails placent cette espèce en voie de disparition.
La reproduction de l’anaconda
Comme beaucoup d’animaux, les anacondas ont une période de reproduction bien spécifique. Pour attirer les mâles, la femelle libère des phéromones. Contrairement à une reproduction classique, plusieurs mâles sont attirés simultanément, formant une sorte de « bœuf de reproduction ». Une compétition féroce s’engage entre eux, pouvant durer plusieurs semaines. Après fécondation, les mâles quittent la femelle, et celle-ci poursuit son cycle de croissance.
La femelle, elle, présente une particularité remarquable chez les serpents : elle est ovovivipare, ce qui signifie qu’elle ne pond pas d’œufs, ceux-ci se développant à l’intérieur d’elle. La gestation dure entre six et sept mois, et au moment de la naissance, elle donne naissance à une dizaine à plusieurs dizaines de petits, pouvant atteindre 100 à la naissance. Leur développement interne leur permet de naître parfaitement formés et mobiles.
Pour finir, répondons à la question cruciale : l’anaconda détient-il la place du serpent le plus long et le plus lourd au monde ? Si la réponse pour le poids est affirmative avec ses 240 kg, la taille maximale serait dépassée par le python réticulé, capable d’atteindre 10 mètres de longueur. En termes de poids, celui-ci dépasse également l’anaconda, avec une moyenne d’environ 160 kg. Donc, l’anaconda vert reste le plus lourd dans sa catégorie, mais pas le plus long.