Les requins, souvent perçus de manière contradictoire, occupent une place intrigante dans nos imaginaires. Certains les considèrent comme des créatures fascinantes, alors que d’autres leur prêtent un tempérament effrayant, en grande partie à cause des films populaires comme « Les dents de la mer » de Steven Spielberg. Pourtant, leur réputation sanguinaire ne reflète qu’une vision partielle de leur véritable nature.
Environ 500 espèces répertoriées
Classer et comprendre la diversité animale est une tâche complexe qui évolue constamment. En étudiant les liens de proximité évolutive entre espèces, les scientifiques déterminent leur filiation et leur évolution, ce qui permet de structurer leur classification. Les avancées technologiques et les découvertes récentes ont considérablement enrichi nos connaissances, notamment concernant le règne des requins. Aujourd’hui, on recense près de 500 espèces différentes de requins, dont la taille peut varier d’une dizaine de centimètres à plus de 20 mètres.
Ces poissons cartilagineux appartiennent à la classe des Chondrichtyens et à la sous-classe des Élasmobranches. Cette dernière réunit également les raies, que l’on considère aujourd’hui comme proches parentes. La classification des requins s’organise selon plusieurs grands groupes, comme illustré ci-dessous :
Groupes | Exemples principaux |
Lamniformes | Grand requin blanc, requin-taupe, requin pèlerin, requin-taureau… |
Carcharhiniformes | Requin citron, requin peau bleue, requin à points blancs ou noirs, requin tigre, requin bouledogue, requin marteau… |
Orectolobiformes | Requin-baleine, requin-nourrice, requin tapis barbu, requin zèbre… |
Pristiophoriformes | Requin-scie à long nez, requin-scie nain, requin scie commun… |
Hétérodontiformes | Requin dormeur cornu, requin dormeur à crête, requin taureau, requin zèbre… |
Squaliformes | Squale pygmée, laimargue du Groenland… |
Squatiniformes | Ange de mer épineux, ange de mer de sable, ange de mer nébuleux, ange de mer bourgeois… |
Hexanchiformes | Requin vache, requin perlon, requin-lézard… |
Rajiformes | Raies, poisson-scie à petite bouche, pastenague épineuse, diable de mer, torpille de Californie… |
Le mythe du danger humain : réalité ou légende ?
avec une quarantaine d’attaques annuelles non provoquées (certaines étant fatales), le requin ne correspond pas à l’image d’un prédateur sanguinaire. En réalité, il est beaucoup plus souvent victime de nos comportements que l’inverse. La majorité des attaques ne surviennent pas dans un but d’attaque spontanée, et le requin ne voit pas l’homme comme une proie naturelle.
Les surfeurs et les pratiquants de planche à voile sont souvent en cause, car leur silhouette humaine peut être confondue avec celles de certaines proies de requins. Toutefois, seulement quatre espèces sont principalement responsables des agressions, parmi lesquelles :
- Le grand requin blanc
- Le requin tigre
- Le requin bouledogue
- Le requin longimane
Pour mettre ces chiffres en perspective, les moustiques causent entre 750 000 et 1,5 million de décès chaque année, contre 10 000 à 25 000 pour les chiens, et environ 10 000 pour certains mollusques d’eau douce.
Un super-prédateur vital pour l’écosystème
Les requins, présents depuis plus de 420 millions d’années, ont résisté à plusieurs crises majeures de l’histoire de la Terre, comme les extinctions massives, grâce à une capacité d’adaptation remarquable. Leur régime alimentaire est diversifié et varie selon leur habitat, allant jusqu’à inclure des espèces herbivores comme le requin-tiburo, qui peut se nourrir d’algues !
Contrairement aux idées reçues, ils ne doivent pas necessarily manger chaque jour. Leur cycle de digestion leur permet de jeûner pendant plusieurs jours, souvent 4 à 5, entre deux périodes de chasse. La majorité d’entre eux, sauf le requin-tigre, ont un régime alimentaire plutôt spécifique et stable.
Ils évoluent dans tous les océans, qu’ils soient chauds ou froids, proches de la surface ou dans les profondeurs. Certains, comme le requin bouledogue ou celui du Gange, peuvent même vivre en eau douce. Toutefois, la majorité préfère les environnements marins.
En haut de la chaîne alimentaire, ils jouent un rôle crucial en tant que super-prédateurs, leur absence pouvant déséquilibrer tout l’écosystème marin puisqu’ils ont peu de prédateurs naturels et régulent la population de nombreuses autres espèces.
Les gardiens de la biodiversité marine
Les requins participent activement au maintien de la santé des océans. En se nourrissant notamment de poissons, mollusques, crustacés, ou plancton (pour les plus grands comme le requin-baleine et le requin-pèlerin), ils favorisent la sélection naturelle en éliminant les individus faibles ou malades, renforçant ainsi la vitalité des populations.
De plus, certaines espèces jouent le rôle de nettoyeurs en consommant des poissons ou cétacés morts, contribuant à la propreté des zones marines. Leur rôle écologique ne s’arrête pas là : en régulant la chaîne alimentaire, ils protègent le phytoplancton, qui est vital pour notre planète puisqu’il produit plus de la moitié de l’oxygène mondial tout en absorbant une grande partie du dioxyde de carbone.
Supprimer ces prédateurs emblématiques serait une erreur écologique majeure, menaçant la stabilité fragile des écosystèmes marins.
Une population en déclin alarmant
Les requins sont aujourd’hui menacés dans de nombreux milieux en raison de la surpêche, notamment pour leurs ailerons, très prisés dans certaines régions pour leurs vertus supposées. Ces ailerons font l’objet d’un commerce lucratif, et leur consommation est perçue comme une tradition en Extrême-Orient. Par ailleurs, leurs dents, leur peau, ou encore leur huile sont détournées à des fins commerciales dans le secteur du luxe ou en bijouterie.
Chaque année, environ 100 millions de requins sont tués dans le monde. La pêche non-sélective, la pollution marine, et la chasse commerciale ont considérablement réduit leurs populations. Les données montrent une chute de 70 % des requins océaniques en cinq décennies, et la population mondiale de requins et de raies a diminué de 98 % au cours des 60 dernières années.
Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publiée début septembre 2021, près de 37 % des requins et des raies risquent désormais l’extinction. Face à cette situation critique, l’espoir subsiste si des mesures concertées et strictes sont rapidement mises en œuvre pour sauver ces espèces en danger.
Chacun d’entre nous peut jouer un rôle en participant à la préservation de ces espèces essentielles. Il est conseillé de limiter ou d’éviter la consommation de requins dans nos courses, de bannir l’achat de produits dérivés, et de soutenir financièrement ou moralement les actions de protection de la faune marine. Nos choix individuels ont un impact direct sur l’avenir de cette vie sous-marine, essentielle à notre planète.