Poisson chauve-souris aux lèvres rouges : une merveille marine

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Observé depuis le dessus, le poisson à l’aspect d’un chiroptère lui a valu son nom. Contrairement à la majorité des poissons, il est un nageur peu habile, privilégiant ses nageoires pour marcher sur le fond marin. Repérée principalement dans les zones tropicales, cette créature possède des lèvres d’un rouge vif qui intrigue. Quelles raisons justifient cette coloration ? Voici le portrait d’un animal étrange et fascinant.

Le poisson chauve-souris : une créature au comportement singulier

Ogcocephalus darwini appartient à la famille des lophiiformes, des poissons se distinguant par un filament appelé illicium placé sous leur nez, utilisé comme un leurre pour capturer leur nourriture. Appartenant aux ogcocéphalidés, cet animal doit son nom courant à son apparence : vu de face ou de dessus, ses nageoires pectorales articulées évoquent celles des grands chiroptères. Vivant au fond de la mer, ce lomphiforme est un benthique, se déplaçant près du substrat. La taille moyenne de ces poissons oscille entre 20 cm et 40 cm, avec une taille maximale enregistrée autour de 50 cm.

Son habitat naturel

On distingue une cinquantaine de variétés de poissons chauve-souris réparties dans les eaux profondes de l’Atlantique, de l’océan Indien ainsi que du Pacifique ouest. Ogcocephalus darwini semble préférer les eaux chaudes de l’Atlantique tropical, allant de la côte sud de la Floride aux Bahamas, jusqu’à la région du delta de l’Amazone, incluant les îles Galápagos, ainsi que les zones côtières du Pérou et de l’Équateur. Il évolue généralement entre 3 et 500 mètres de profondeur, où il trouve principalement des fonds sableux. Néanmoins, il peut également évoluer dans des substrats vaseux, herbeux ou rocheux, proches de récifs coralliens.

Comment distinguer le poisson chauve-souris ?

Son corps, aplati d’un côté à l’autre, rappelle celui des raies. Sa peau est couverte d’écailles osseuses à la partie inférieure, tandis que son dos présente des pointes hérissées et de fines épines au niveau de la queue. La tête, en forme de triangle, possède souvent un rostre orné de quelques villosités, ressemblant à de petits poils. Ses mâchoires, garnies de rangées de dents coniques, sont dissimulées derrière de grosses lèvres rouges dont le coin descend vers le bas, lui donnant souvent un air à la fois grognon et mécontent.

Les lèvres rouges : une particularité intrigante

Ce poisson arbore une peau grisâtre tachetée de tâches couleur cannelle. La partie inférieure de son corps est claire, tandis que l’avant est plus sombre, une adaptation qui lui permet de se confondre avec le fond sableux où il évolue. Son trait distinctif majeur reste ses lèvres d’un rouge brillant. Selon des études, leur intensité s’accroît durant la période de reproduction afin non seulement d’attirer ses partenaires mais aussi de faciliter la reconnaissance entre individus lors de la ponte.

Le rôle de l’illicium chez ce poisson

Ogcocephalus darwini dispose d’une nageoire dorsale modifiée en forme de corne, appelée illicium. Cette excroissance, en forme de protubérance poilue, ne produit pas de lumière, contrairement à d’autres lophiiformes. Elle sécrète un liquide chimique qui agit comme un appât pour attirer ses proies. Le dispositif est rétractile, ce qui permet à l’animal de le dissimuler dans une cavité située entre sa bouche et son rostre, pour mieux surprendre ses victimes.

Pourquoi la nage du poisson chauve-souris est-elle maladroite ?

Grâce à ses nageoires pectorales modifiées, ressemblant à des pattes coudées, cet animal se déplace en marchant sur le fond plutôt qu’en nageant efficacement. En outre, ses nageoires pelviennes lui servent à se propulser tout comme des pieds ou des jambes lorsqu’il se déplace au ras du substrat. La base de sa queue, charnue, joue également un rôle essentiel pour le guidage et la direction lors de ses déplacements.

Son alimentation

Ce lophiiforme est un véritable carnivore qui se nourrit principalement de petits invertébrés tels que crustacés, mollusques ou vers marins. Il peut également capturer de petits poissons qui s’aventurent près de sa bouche protractile. Pour chasser, il peut déployer son illicium en libérant une substance chimique pour attirer ses proies à proximité. La consommation de nourriture se fait de manière autonomous, ce qui explique que son évolution en aquarium reste rare et complexe.

Se reproduction : quel mécanisme chez le poisson chauve-souris ?

Les détails concernant la reproduction sont peu nombreux, car cette espèce est difficile d’observation dans son milieu naturel. Les informations disponibles proviennent principalement d’expériences en captivité. Chez cette espèce, le dimorphisme sexuel est marqué par la différence de taille, les mâles étant bien plus petits. Lorsqu’un couple se forme, le mâle mord la femelle, déclenchant une sécrétion d’enzyme qui lui permet de fusionner avec ses tissus et son système circulatoire. Ensuite, le mâle se dépérit, ses organes et ses parties corporelles disparaissent peu à peu, ne laissant qu’une paire de gonades pleines de sperme, que la femelle utilise au moment venu. Ce processus, similaire à celui observé chez la baudroie abyssale, garantit la reproduction même en captivité.

Le poisson chauve-souris : une espèce pas menacée

Actuellement, cette espèce n’est pas considérée comme en danger d’extinction, étant classée dans la catégorie de Préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (Tendances et animaux). Son habitat discret en fond de mer, protégé des activités humaines, contribue à sa stabilité. Son comportement de recouvrement partiel de sable la rend difficile à repérer pour les plongeurs ou les observateurs. La durée de vie moyenne de cet animal est d’environ 12 ans.

Crédit photo : Rein Ketelaars