Les poissons et la vie aquatique dans la Loire

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Souvent décrite comme le dernier grand fleuve naturel d’Europe, la Loire se distingue par l’absence de barrages qui réguleraient son débit, ce qui limite sa navigabilité. Cependant, cette rivière offre un environnement exceptionnel, marqué par des paysages variés, une faune et une flore riches. Sa dynamique est plus proche de celle d’un torrent que d’un cours d’eau calme. Néanmoins, lors de crues, elle reprend toute son envergure. Elle héberge environ soixante espèces de poissons, certaines migrantes sur de longues distances. Comprendre la diversité de ces espèces complètes rapidement serait fastidieux, c’est pourquoi nous vous proposons un focus sur celles qui incarnent le mieux cette richesse biologique.

Le sandre

Ce poisson est réputé pour sa difficulté à être pêché. Son environnement de vie n’est pas fixe : il se déplace selon la luminosité, la quantité d’oxygène, la disponibilité alimentaire et la configuration du fond. Pêcher le sandre nécessite une grande expérience et une précision dans la présentation de l’appât. En croissance, ce carnassier peut atteindre 60 à 70 cm et peser environ 3,5 kg à l’âge de 6 ans. Des spécimens plus vieux de 20 ans peuvent dépasser le mètre et peser jusqu’à 12 kg, même si la majorité des captures font 40 à 50 cm pour 1 à 2 kg. Son corps fin, sa tête allongée, et ses dents robustes lui confèrent une apparence caractéristique. Sa coloration va du gris-vert dorsal au plus clair sur les flancs, avec des bandes verticales sombres, et son ventre est d’un blanc jaunâtre. Les nageoires dorsale et caudale sont parsemées de taches sombres. Ce poisson, principalement actif dans l’obscurité, guette sa proie dans des habitats où la lumière est faible, modulée par la couleur de l’eau, l’heure, et la météo. Lors de sa jeunesse, il se nourrit principalement de plancton, puis d’invertébrés comme larves et vers. À l’âge adulte, il chasse surtout de petits poissons, tout en conservant sa consommation de vers et larves. Le sandre préfère la vie en groupe et attaque ses victimes en familiarisant la proie, la blessant ou la tuant avant de les consommer.

Le brochet

Autre carnassier prisé, le brochet se distingue par la difficulté de sa capture. Sa taille légale de capture étant de 60 cm, nombreux sont ceux qui visent à le pêcher d’au moins un mètre. La technicité est essentielle pour déjouer ses capacités de camouflage et son comportement de chasseur à l’affût. Son corps puissant est recouvert de plus de 500 dents acérées, et sa peau présente une teinte de vert parsemée de taches jaunes. Ce poisson très musclé se déplace avec une grande rapidité grâce à une nage toute en finesse. Son camouflage naturel lui permet de rester immobile dans la végétation aquatique comme les nénuphars ou les roseaux, dans des eaux généralement calmes. Lorsqu’une proie passe à portée, il se propulse pour la saisir avec précision. Ce comportement de chasseur en milieu naturel, conjugué à sa force physique, en fait un aimant pour les pêcheurs sportifs.

Le hotu

Ce poisson au dos brillant gris-bleu, aux nageoires orangées (à l’exception de la dorsale), ne dépasse pas généralement 50 cm et pèse environ un kilogramme. Il évolue dans des eaux vives et fraîches, souvent en groupes d’individus de même taille. Son habitat privilégie les fonds caillouteux ou gravillonnés. Il racle ces fonds en utilisant sa lèvre inférieure dotée d’un bec dur, ce qui lui permet d’ôter les algues ou de capturer des petites organismes comme larves, crustacés ou œufs d’autres poissons.

Le goujon

Connu pour sa simplicité lors de la pêche à la friture, le goujon demeure un petit poisson souvent attrapé à la ligne fine. Sa rareté en fait une cible plus technique à localiser. La présence de sable remué ou l’agitation provoquée par les insectes attirent ces poissons minuscules qui se trouvent souvent dans la Loire. Leur habitat favori inclut les fonds sableux ou graveleux où ils fouillent le fond à l’aide de leurs barbillons. Leur aspect discret rend leur capture délicate. Lorsqu’on en pêche, ils mesurent habituellement une dizaine de centimètres, et leur morphology spécifique assure qu’il est difficile de confondre cette espèce avec une autre.

La carpe

Originaire d’Asie, la carpe a été introduite en France au Moyen Âge pour nourrir les familles nombreuses. Par le passé, sa taille suffisait à constituer une source alimentaire importante, mais de nos jours, elle a perdu de son intérêt gastronomique en raison de sa chair ferme mais peu raffinée. Depuis la diffusion du mouvement No Kill dans les années 80, visant à relâcher le poisson après capture, la pêche de la carpe a repris de l’intérêt. Ce poisson à forme allongée et trapue porte de grandes écailles, une bouche munie de quatre barbillons, et peut varier considérablement dans son apparence même au sein d’une même famille. Son corps peut arborer différentes nuances, mais son profile général reste identifiable.

La brème

Ce poisson grégaire et paisible évolue dans des eaux avec peu de courant, à des profondeurs de 3 à 4 mètres. Les gros spécimens peuvent atteindre 70 cm pour un poids de 6 kg, mais la majorité mesure entre 30 et 50 cm pour un poids allant jusqu’à 2,5 kg. Son corps plat, sa petite tête équipée d’une bouche qui se déploie vers l’avant, et ses nuances colorées autour du bronze, avec un dos gris vert et un ventre clair, caractérisent cette espèce.

Le barbeau

Le corps allongé et robuste du barbeau en fait un poisson engagé lors des défis de pêche sportive. Sa teinte oscille entre le gris et le bronze foncé, et ses nageoires orangées apportent une touche de contraste. Son ventre blanc et plat, ainsi que sa bouche équipée de quatre barbillons dirigés vers le bas, lui permettent de fouiller le substrat graveleux en quête de nourriture. Vivant en bancs dans des eaux riches en oxygène, il est omnivore et s’adapte à divers enviroments aquatiques vifs.

Le mulet

Ce poisson qui évolue en eau douce à certains moments de sa vie a une trajectoire migratoire remarquable. Après environ une année, il rejoint la côte pour se nourrir dans les estuaires, y restant plusieurs années pour atteindre sa maturité sexuelle. Ensuite, il remonte vers les eaux douces de la Loire, où il progresse chaque année plus en amont, souvent en groupes. Son corps fusiforme affiche une teinte gris métallique sur les flancs, un ventre blanc, et peut atteindre une taille de 70 cm pour 2,5 kg.

L’alose

considéré comme l’un des représentants emblématiques de la faune lombricide de la Loire, ce poisson se déplace vers l’amont lors de la reproduction, quittant la côte atlantique pour atteindre l’Allier. Sa silhouette fusiforme, aplatie, avec une tête comprimée latéralement, et sa bouche orientée vers le haut, lui confèrent une apparence particulière. Son ventre et ses flancs sont argentés, avec un dos bleu. La période de reproduction s’étend de mai à juillet, principalement la nuit, lors de déplacements circulaires en surface où les ovules sont déposés et fécondés. Les jeunes y passent plusieurs mois, ou années, en rivière et estuaire, puis migrent vers la mer pour y croître jusqu’à 6 ans. La grande alose constitue une part essentielle du peuplement du bassin de la Loire.

L’anguille

Ce serpent de mer, au corps cylindrique et recouvert d’une peau mucus, est emblématique. Adulte, il arbore une teinte marron avec le ventre jaune, et devient argenté lors de sa migration vers la mer. La finesse de sa chair en fait un mets prisé, notamment fumée, dans diverses régions. Sa pêche est réglementée : ainsi, l’anguille jaune ne peut être capturée hors de la période légale (avril à août) dans certains départements, et la pêche de l’anguille argentée est interdite partout en raison de son état critique d’extinction, suite aux impacts de leur statut nuisible dans le passé.

Le silure

Apparu dans la Loire à la fin des années 70, le silure est depuis devenu un géant des eaux douces. Bien que la population semble stabilisée, certains estiment que la taille maximale en Loire pourrait atteindre environ 2,60 mètres pour un spécimen vieux de 30 à 40 ans, voire plus au fil des fosses profondes entre Saumur et Angers. C’est le plus grand poisson d’eau douce d’Eurasie, pouvant dépasser 2,70 m et atteindre 130 kg. Son visage massif, large et aplati, contribue à sa silhouette imposante. La bouche large est garnie de dents fines mais acérées, et il possède six barbillons équipés d’organes sensoriels essentiels pour localiser sa nourriture, étant peu dépendant de la vision. La présence du silure dans la Loire doit beaucoup à la migration des mulets durant l’été. Considéré par certains comme un prédateur redoutable, il se nourrit de tout ce qui passe à sa portée, y compris des écrevisses, des oiseaux ou même d’autres silures. Son comportement peut devenir agressif lors de la reproduction, nécessitant une certaine prudence. Sur l’ensemble du bassin, il reste une pièce maîtresse de la diversité aquatique et un invité impressionnant pour tout pêcheur expérimenté.

Au-delà de ces espèces, la Loire abrite une multitude d’autres poissons comme les spirlins, poissons-chats, perches, épinoches, black bass, rotengles, saumons, truites ou chevaines. La richesse de ce fleuve en faune est exceptionnelle, et une visite ou une promenade le long de ses rives constitue une excellente occasion de découvrir cette biodiversité abondante et de profiter de son patrimoine naturel et historique.