Le poisson bleu, communément appelé thon, occupe une place importante dans les traditions alimentaires de toutes les régions du monde. Considéré comme l’une des principales sources de protéines provenant des océans, il est apprécié pour sa chair riche en saveur et sa grande flexibilité en cuisine. Sa valeur nutritive élevée en fait un aliment de choix. Le Japon est l’un des principaux consommateurs de thon rouge, un type particulier très prisé. Ce poisson est également reconnu pour sa richesse en oméga-3, des acides gras bénéfiques pour le bien-être général. La demande mondiale pour le thon est donc considérable, alimentant un marché en pleine expansion. Cependant, son exploitation intensive soulève des inquiétudes environnementales, notamment en raison de la surpêche. Pour mieux comprendre ce poisson fascinant et ses enjeux, cet article vous emmène explorer ses différentes espèces et la façon dont elles vivent dans leur milieu naturel.
Présentation des thons
Chaque variété de thon possède des traits propres, aussi bien en termes de taille et poids que de lieu d’habitat, de comportements ou de régime alimentaire. Ces différences traduisent leur capacité d’adaptation à divers environnements marins. Bien que ce résumé ne puisse couvrir tous les détails, il permet d’en saisir l’essentiel. Les thons font partie de la famille des scombridés, qui inclut également les maquereaux, les bonites, les thazards et d’autres poissons à corps allongé et fusiforme, adapté à la nage rapide. Leur tête est pointue, et ils présentent des prémaxillaires en forme de bec. Deux nageoires dorsales sont visibles, séparées, avec de petites nageoires derrière. La queue est profondément effilée avec des rayons solides, et leurs branchies ne sont pas reliées entre elles par un isthme, caractéristique propre à cette famille.
Une particularité intéressante concerne la vessie natatoire, absente chez les jeunes thons. Cet organe permet normalement de contrôler la profondeur à laquelle un poisson évolue, mais il se développe généralement à l’âge adulte. Cette absence explique leur comportement incessant : ils parcourent sans relâche les mers, souvent en grands bancs de plusieurs centaines d’individus, concentrés dans les premiers 500 mètres sous la surface de l’eau.
Les différentes espèces de thon
Les thons appartiennent principalement au genre Thunnus. Parmi eux, le plus célèbre est le thon rouge du Nord (Thunnus thynnus). Ce géant peut vivre jusqu’à 30 ans, atteindre 3 mètres de long et dépasser 600 kg. Présent dans l’Atlantique Nord ainsi que dans certaines parties du Pacifique, il a un comportement migratoire, se déplaçant entre eaux froides et chaudes en fonction de ses besoins en nourriture et en reproduction. Son régime se compose surtout de poissons et de céphalopodes. Bien qu’étant proche de ses homologues du sud (Thunnus maccoyii) et du Pacifique (Thunnus orientalis), il a des préférences spatiales distinctes.
Le thon albacore (Thunnus albacares) est réputé pour sa chair jaune pâle, fréquemment utilisée dans les conserves. À l’âge adulte, il peut mesurer 2,5 mètres pour environ 200 kg, et vivre jusqu’à neuf ans. Il évolue dans les eaux tropicales et subtropicales de l’Atlantique, du Pacifique ainsi que de l’Océan Indien, migrateur également, se nourrissant de poissons de bancs et de calmars.
Le thon blanc (Thunnus alalunga) est plus modeste, atteignant une longueur de 1,4 mètre et un poids maximum de 60 kg. Il privilégie les eaux tempérées et se retrouve dans différents océans, dont l’Atlantique, l’Indien et le Pacifique. Migration sur de longues distances, ce thon se nourrit principalement de petits poissons, céphalopodes et crustacés.
Le thon obèse (Thunnus obesus) se distingue par une forte teneur en matières grasses, ce qui en fait une option privilégiée pour le sashimi, met traditionnel japonais. Il peut atteindre deux mètres de long et peser environ 200 kg. Ses zones de vie habituelles sont celles des eaux tropicales et subtropicales partout dans le monde océanique.
Autres thons
Le listao, ou bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis), bien qu’il ne fasse pas partie du même genre, est souvent associé aux thons en raison de caractéristiques similaires. Il joue un rôle majeur dans la pêche industrielle, mais sa valeur commerciale est inférieure à celle des autres espèces. Présent dans tous les grands océans, c’est le plus petit de cette famille : moins d’un mètre de long, pesant jusqu’à 18 kg, il connaît une croissance rapide, passant de 35 cm à un an à environ 80 cm à l’âge adulte. Moins migrateur, il se déplace principalement pour rechercher des eaux riches en nourriture comme de petits poissons pélagiques. C’est aussi l’espèce de thon la plus capturée dans le monde, représentant environ la moitié des pêches de thons chaque année depuis 2000.
La thonine commune (Euthynnus alletteratus) est un autre exemple, mesurant entre 60 cm et 1,22 m, avec un poids max de 16,5 kg. Son dos présente des bandes obliques sombres sur un fond métallisé, et son régime alimentaire se compose principalement de petits poissons comme sardines ou anchois. Elle est également présente dans les eaux tropicales.
Les migrations des thons
Les thons sont parmi les nageurs les plus impressionnants des océans, effectuant des migrations longues et complexes qui conditionnent leur survie et leur reproduction. On estime que le thon rouge peut parcourir jusqu’à 220 km par jour, en moyenne à 30 km/h, atteignant parfois jusqu’à 70 km/h lors de la chasse. Ces déplacements leur permettent de chasser efficacement dans des zones riches en abondance alimentaire et de trouver des sites adaptés pour la ponte.
Leur migration vers le Nord en printemps et été leur permet d’atteindre des eaux plus froides pour se nourrir, ce qui leur fournit assez d’énergie pour la reproduction. Avec l’arrivée de l’automne et de l’hiver, ils migrent vers le sud, dans des eaux plus chaudes. Les zones de frai, notamment dans le Golfe du Mexique ou en Méditerranée, constituent des sites cruciaux pour leur cycle reproductive.
Unique parmi les poissons, la thermorégulation permet à ces animaux de maintenir leur activité musculaire intense même dans les eaux plus froides, leur offrant un avantage pour la chasse et leur évasion face aux prédateurs.
La reproduction des thons
La reproduction chez les thons est un phénomène annuel, marqué par d’importants rassemblements au moment de la ponte. Ceux-ci se dispersent en libérant massivement leurs œufs et leur sperme dans l’océan, sans protection ou fixation spécifique. Lors de ces périodes de frai, une femelle peut produire des dizaines de millions d’œufs, certains mesurant à peine un millimètre, qui sont ensuite fécondés par le sperme. Les œufs ainsi fécondés sont balayés par les courants marins, ce qui contribue à leur large dispersion. Ce procédé augmente considérablement leurs chances de survie, en empêchant la concentration excessive de prédateurs et la compétition pour les ressources.
Une fois éclos, généralement après 24 à 48 heures selon la température, les larves sont minuscules et vulnérables, se nourrissant de plancton microscopique. Cette phase initiale est particulièrement périlleuse, avec un taux de mortalité très élevé, ce qui est courant chez les poissons pélagiques qui produisent en grande quantité pour compenser cette mortalité.
Enjeux et menaces
En grandissant, un thon surmonte de nombreux dangers, mais ceux qui atteignent l’âge adulte deviennent souvent des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire. Leur principal prédateur est l’orque, notamment pour le thon rouge. En tant qu’espèce clé, ils jouent un rôle essentiel dans la dynamique des écosystèmes marins, contribuant à la stabilité des réseaux trophiques. Le thon doit consommer une quantité significative de nourriture chaque jour pour soutenir son métabolisme : jusqu’à 30 % de son poids.
Malheureusement, la majorité des populations de thons, surtout le thon rouge, sont aujourd’hui en danger. Les quotas de pêche sont souvent dépassés, ce qui entraîne un déclin critique des stocks. Par exemple, le quota pour la France en 2023 dans l’Atlantique et la Méditerranée était de 6 693 tonnes, mais la population locale de thons rouges a chuté d’environ 90 % en quelques décennies, mettant en péril l’équilibre fragile des écosystèmes marins.