Le Mulet, Un Poisson Migrateur aux Migrations Fascinantes

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Le mulet est un poisson bien connu, représentant un groupe de plus de 80 espèces, dont une demi-douzaine fréquente spécifiquement les eaux proches de la France. Ce nageur endurant migre en profondeur dans ses cycles de vie, se reproduisant en pleine mer avant de poursuivre sa croissance dans les eaux continentales, preuve de sa remarquable tolérance aux fluctuations de salinité. Sa présence est essentielle à l’écosystème, notamment pour éliminer les déchets organiques accumulés dans les zones portuaires et les estuaires. Doté d’une capacité d’adaptation exceptionnelle, le mulet peut vivre dans divers habitats et exploiter différentes ressources alimentaires.

Le mulet, de quelle espèce s’agit-il ?

Selon les régions de capture, ce poisson porte différents noms, avec « mule » et « muge » étant ceux qu’on rencontre le plus souvent. En Égypte, ses œufs sont consommés depuis des générations, attestant de leur importance culinaire. Il appartient à la famille des mugilidés, qui comporte une dizaine de genres et plus de 80 espèces. Des fossiles de ces poissons ont été identifiés datant de plus de 35 millions d’années, remontant au priabonien. Selon leur taille, ils mesurent généralement entre 40 et 70 centimètres et pèsent jusqu’à 4 kilogrammes. Notons que le mulet ne présente pas de différences visibles entre les sexes.

Où trouve-t-on le mulet ?

La diversité des mulets est grande, mais la variété la plus courante en France est le mulet cabot (ou mugil à grosse tête), connu scientifiquement sous le nom de Mugil cephalus. Cet espèce occupe un vaste territoire couvrant les mers tropicales, subtropicales et tempérées, comme le Pacifique orienté de la Californie jusqu’au Chili, le Pacifique ouest du Japon à l’Australie et la Polynésie, ainsi que l’océan Indien autour de l’Inde, de l’Afrique du Sud, de Mayotte et de La Réunion. On le retrouve aussi dans l’Atlantique nord et sud, du Canada jusqu’au Brésil, et dans la mer Méditerranée, la mer Noire, la Manche et la mer du Nord. Sa distribution est donc très étendue.

Comment distinguer le mulet ?

Le mulet le plus fréquent, le mulet cabot, possède une tête imposante, ce qui lui vaut d’ailleurs son nom, avec des paupières épaisses, un museau arrondi et une bouche dépourvue de dents. Son corps long et élancé, pouvant atteindre 70 cm, dégage une apparence robuste avec une peau gris argenté ou bleuâtre, éclaircie sur le ventre et les flancs. Des lignes grises et des reflets dorés peuvent apparaître le long de son dos. Il possède deux nageoires dorsales : la première, avec quatre épines, et la seconde, avec huit à neuf rayons mous. La nageoire anale est jaune, avec huit rayons mous et trois épines, tandis que les nageoires pectorales, souvent marquées par une tache noire à l’aisselle, comportent entre 16 et 19 rayons. La peau est recouverte de grandes écailles lisses, appelées cycloïdes.

Les différentes espèces de mulets en France

Outre le mulet à grosse tête, la côte française héberge principalement cinq autres espèces partageant des caractéristiques similaires : un corps ovale, une coloration grise orné de rayures horizontales plus foncées, un ventre argenté, deux nageoires dorsales courtes séparées, une tête large, un museau court et une bouche sans dent. Voici un aperçu des principales :

  • Le mulet-porc (Chelon ramada) se distingue par ses petites écailles et une tache noire à la base de ses pectorales. Sa lèvre supérieure fine, il mesure en moyenne 50 cm, pouvant atteindre 70 cm pour un poids de près de 3 kg ;
  • Le mulet doré (Chelon auratus) possède une tache dorée nette sur l’opercule et une lèvre supérieure fine. Sa taille oscille généralement entre 30 et 50 cm ;
  • Le mulet lippu (Chelon labrosus), également appelé mulet à grosses lèvres, se distingue par ses lèvres épaisses et dentelées. Il peut présenter une tache operculaire jaune diffuse et une marque sombre à l’aisselle des pectorales. Sa taille moyenne est de 50 cm pour environ 1,5 kg, mais il peut dépasser 70 cm ;
  • Le muge sauteur (Chelon saliens) se reconnaît à sa lèvre supérieure fine et sa silhouette plus élancée, souvent ornée de taches dorées près de l’opercule. Sa longueur est d’environ 35 cm ;
  • Enfin, le mulet labeon (Oedalechilus labeo) affiche une lèvre supérieure très épaisse, lisse et surélevée, avec un ventre légèrement arrondi lui conférant une silhouette trapue. Principalement présent en Méditerranée, il est peu courant sur nos côtes.

Le biotope du mulet

Les mugilidés occupent aussi bien les eaux saumâtres que les cours d’eau douce, ce qui leur confère une grande capacité d’acclimatation, d’où leur classification comme espèces euryhalines. Ils forment souvent denses bancs nageant proche du littoral, dans des zones portuaires, lagunes ou estuaires. Ces poissons actifs durant la journée évoluent généralement en surface ou à faible profondeur, généralement jusqu’à 5 mètres, évitant les eaux plus profondes à plus de 20 mètres. Ils préfèrent les fonds sableux, vaseux ou boueux riches en micro-algues, invertébrés, et autres débris organiques qu’ils consomment en raclant le substrat. Leur système digestif long et spécialisé, semblable à un gésier, leur permet de filtrer et digérer efficacement la matière organique contenue dans ces sédiments.

Pourquoi le mulet effectue-t-il des migrations ?

Ce poisson migrateur, qualifié de thalassotoque, migre vers les zones marines pour se reproduire, puis retourne dans les eaux douces ou saumâtres pour poursuivre son cycle de vie. Également appelé amphihalin, il est capable d’adapter son physiologie pour passer d’un environnement salé à une eau douce, grâce à un mécanisme d’osmorégulation. Ce processus lui permet de maintenir l’équilibre en sels dissous dans son corps en absorbant ou en évacuant de l’eau selon la région dans laquelle il se trouve. La migration se produit principalement à l’automne, impliquant souvent de longs déplacement pour rejoindre les zones de reproduction en mer.

Comment se reproduit le mulet ?

Après avoir atteint la maturité sexuelle vers 3 ou 4 ans, le mulet se rassemble en grands groupes en mer pour la reproduction. La femelle peut produire plusieurs centaines de milliers d’œufs par kilogramme de poids, ce qui équivaut à plus de 2 millions d’œufs par saison. Les œufs éclosent environ 48 heures après la fécondation, libérant des larves qui dérivent dans le plancton jusqu’aux zones littorales. À partir de trois à quatre mois, les jeunes mulets s’installent en bord de mer, où ils se nourrissent principalement de zooplancton, composé de micro-crustacés, de larves, et de débris végétaux. Malgré les impacts humains et le changement climatique, la population de mulets reste stable. Classé comme espèce peu préoccupante par l’Union Tendances et animaux, cette espèce peut vivre de 10 à 15 ans.