Labre à tête de mouton : un poisson avec une bosse distinctive sur la tête

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Ce poisson discret, dont la chair est peu abondamment pêchée, évolue dans les eaux peu profondes et récifs coralliens du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud. Appartenant à la famille des (Labridae), qui comprend plus de 500 espèces réparties en neuf groupes, il est un brillant représentant de ces poissons colorés. Qu’il soit planctonivore, nettoyeur ou carnivore, le labre personnage riche en couleurs rythme le monde sous-marin des récifs coralliens.

Sa contribution à la santé de l’écosystème recouvre la régulation des populations de mollusques et de petits poissons. La connaissance précise de son mode de vie dans son environnement naturel reste encore limitée. C’est notamment grâce au documentaire Océans de Jacques Perrin que ses caractéristiques particulières, comme sa grosse bosse et ses lèvres épaisses, ont été révélées. Ce spécimen peut mesurer jusqu’à un mètre et peser environ 15 kilogrammes, se plaçant parmi les plus grands de sa famille, aux côtés du poisson Napoléon (Cheilinus undulatus) et du poisson tête de mouton californien (Semicossyphus pulcher).

Répartition et morphologie du labre à tête de mouton

Ce poisson est strictement présent dans les colonies de corail et les eaux du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud. Animé diurne, il se camoufle dans les récifs la nuit et remonte à la surface plusieurs fois par jour pour se nourrir de crustacés et mollusques. Sa préférence va aux eaux peu profondes, malgré sa corpulence imposante.

Il existe des variations morphologiques selon le sexe. La femelle, par exemple, ne possède pas de bosse sur la tête, et les jeunes, qui atteignent leur maturité vers l’âge de trois ans, présentent un apparence différente. Leur robe, vive en jaune et orange, se distingue par des nageoires noires et une bande blanche passant de l’œil jusqu’à la queue.

Chez les mâles, un impressionnant duo de bosses orne leur tête et leur menton, leur donnant des allures de créatures provenant des profondeurs. Leur teinte gris-rose, associée à une ligne d’écailles semblant s’arrêter au niveau du cou, donne une impression d’avoir la tête fixée sur leur corps. Leur bouche, large et charnue, leur confère la puissance nécessaire pour briser coquilles et crustacés.

Le saviez-vous ?

Certains poissons ont un physique singulier, adapté à leur environnement spécifique. La morphologie peu conventionnelle du blobfish, par exemple, leur permet de survivre dans leurs habitats profonds et extrêmes.

Une reproduction hermaphrodite chez (Semicossyphus reticulatus)

Les labres appartenant à la famille des (Labridae) pratiquent une reproduction hermaphrodite séquentielle, appelée protogynie. Chez le labre à tête de mouton, cette transition se produit généralement entre trois et six ans. À cette étape, il devient mâle et peut produire des millions d’œufs tout au long de sa vie. Lors de la période de frai, le mâle sélectionne une femelle de son groupe, l’accompagne à la surface de l’eau pour la fécondation, les œufs étant ensuite dispersés dans les courants marins.

En milieu aquatique, le mâle dominant peut chasser ses rivaux et défendre son territoire de reproduction. La transformation de femelle en mâle est un processus complexe, impliquant un changement hormonal où la testostérone supplante les hormones féminines. Ce processus se déroule dans des cavités naturelles comme des cavernes ou au sein des coraux, durant plusieurs mois. Il apparaît surtout chez les individus d’une dizaine d’années aux têtes massives, qui se détachent de leur groupe pour amorcer cette métamorphose.

Le saviez-vous ?

L’hermaphrodisme successif, que ce soit la protogynie ou la protandrie, est courant chez diverses espèces marines, telles que le mérou, la limace ou le poisson-clown. Ces transformations sont souvent dictées par des facteurs environnementaux afin d’assurer la pérennité de la population.

Autres grands labres : quelques exemples remarquables

Le labre à tête de mouton n’est pas le seul représentant de taille notable dans la famille des (Labridae).

Poisson Napoléon, le géant du récif

(Cheilinus undulatus) partage également la capacité de changer de sexe, naissant femelle pour devenir mâle en fonction des besoins. Ce poisson peut culminer à deux mètres de longueur et présente une coloration allant du bleu au vert, avec des lignes jaunâtres qui ondulent sur son corps ovale. Sa bosse frontale, semblable à un bicorne, lui vaut son nom de « poisson Napoléon ». Solitaire ou en duo, il peut vivre plus de trois décennies et se nourrit de poissons, oursins, mollusques et certains animaux toxiques comme les étoiles de mer ou les poissons-coffres. Présent dans l’ensemble de l’Indopacifique jusqu’à la mer Rouge, sa surpêche et la dégradation des récifs menacent son avenir.

(Semicossyphus pulcher) : la tête de mouton californienne

Mesurant jusqu’à 91 cm, cette espèce occupe une large zone allant de la baie de Monterey jusqu’au golfe du Mexique. Originaire de l’est de l’océan Pacifique, elle partage avec le poisson Napoléon une reproduction hermaphrodite, étant d’abord femelle puis devenant mâle sous la pression environnementale. Active durant la journée, cette espèce préfère habitats rocheux et forêts de varech, où elle peut également se cacher la nuit. La différence de taille entre mâle et femelle est marquante : les femelles présentent une coloration rose pâle avec un ventre blanc, tandis que les mâles ont un ventre orange à rouge, une tête noire et deux bosses charnues sur le front. Leur capacité à saisir leur proie avec leurs dents pointues leur permet d’arracher crustacés et mollusques. La surpêche, notamment à cause de leur valeur commerciale et pour l’aquariophilie, a conduit à leur classement comme espèce vulnérable.

Le labre à tête de mouton face à la surpêche

Les espèces telles que le poisson Napoléon et le tête de mouton californienne figurent parmi celles de grande taille très menacées. Bien que leur chair ne soit pas particulièrement prisée au Japon, leur taille facilite leur capture dans les eaux peu profondes. La complicité d’un plongeur japonais avec un labre à tête de mouton depuis 25 ans illustre leur tendance à s’habituer à l’homme. La pollution, la destruction des habitats et la surpêche, notamment des juvéniles destinés au marché de l’aquariophilie, contribuent au déclin de ces populations. La réglementation se renforce, avec un objectif de régulation à 80 % pour la pêche d’ici 2023, incluant des quotas et un suivi précis des captures pour assurer leur conservation.

La famille étendue des (Labridae)

Comptant plus de 500 espèces, les labres offrent une diversité remarquable en formes et en couleurs. Leur habitat, leur alimentation et leur morphologie varient selon leur espèce. La majorité évolue dans les eaux tropicales et subtropicales, que ce soit dans l’Atlantique, le Pacifique, l’océan Indien ou mers tempérées. Carnivores pour la plupart, ils se régalaient de petits poissons, mollusques, crustacés parfois, ou de végétation sous-marine. Certains fouillent les fonds pour rechercher plancton ou algues. La reproduction, souvent sexuellement déterminée à la naissance, est pour certains espèceassurément hermaphroditique ou par phases successives. La plupart des petits exemplaires vivent en harems, où un mâle dominant s’accouple avec plusieurs femelles.

Le saviez-vous ?

Le genre (Labroides) trouve une particularité dans ses membres, notamment (Labroides dimidiatus), connu comme le poisson-nettoy��ur. Ce dernier se nourrit d’invertébrés parasites, jouant un rôle essentiel dans le nettoyage d’autres poissons, des tortues ou des animaux marins dans les récifs. Leur habilité et leur utilité biologique en font de véritables auxiliaires sous-marins, très appréciés des plongeurs et aquariophiles.

Crédit photo : Cinz