Parmi les salmonidés, la truite arc-en-ciel est reconnaissable à sa superbe robe argentée ornée d’une bande rosée qui traverse son flanc. Originaire des eaux douces d’Amérique du Nord, cette espèce vit principalement à l’état sauvage dans nos rivières et lacs, mais elle est également largement élevée dans des fermes piscicoles à travers le monde. Focus sur l’un des poissons les plus répandus et importés à l’échelle mondiale.
Origine et histoire de la truite arc-en-ciel
Sa coloration lui vaut le nom de truite arc-en-ciel, ou parfois truite saumonée ou rose, en raison de ses teintes irisées. Appartenant à la famille des salmonidés, cette variété trouve ses racines en Amérique du Nord, où son élevage a débuté vers la fin du XIXe siècle, notamment sur la côte ouest des États-Unis. Sa capacité à s’adapter facilement à différents environnements, en termes d’alimentation, de densité, de température et de qualité de l’eau, a permis sa diffusion rapide. Dès 1877, elle a été introduite au Japon, en Nouvelle-Zélande, puis en Europe, où elle a été notamment envoyée en France et en Allemagne à la fin des années 1870. Les élevages allemands ont largement contribué à sa propagation en Europe. Aujourd’hui, on la retrouve depuis la Finlande jusqu’à la mer Baltique, dans toute l’Amérique du Sud, en Terre de Feu, ainsi qu’en Australie et dans certains pays africains.
Caractéristiques morphologiques de la truite
Ce poisson possède une silhouette fusiforme, allongée et légèrement comprimée latéralement. Sa peau fine est recouverte de petites écailles, et il possède une nageoire adipeuse située sur son dos. Sa queue peut être courte ou légèrement fourchue. La tête est conique, avec un museau arrondi et une bouche peu large. La taille moyenne oscille entre 20 et 35 cm, avec un poids entre 300 et 500 grammes. Certains spécimens exceptionnels, comme celui capturé au Canada en 2005, peuvent atteindre des dimensions impressionnantes : plus de 1,20 mètre de long et un poids de 22 kilogrammes. Il s’agissait toutefois d’un individu échappé d’une ferme, dont la génétique a été modifiée pour augmenter sa taille.
Signification du nom « truite arc-en-ciel »
Le nom de cette espèce provient de ses teintes irisées qui évoquent un arc-en-ciel. Selon l’environnement et l’état de maturité, sa coloration peut varier du gris au vert olive, en passant par le brun ou le jaune doré. Par exemple, les poissons vivant dans les lacs tendent à avoir une peau argentée. On retrouve également de nombreuses taches noires irrégulières tout le long de son corps, y compris sur ses nageoires. La caractéristique la plus distinctive reste la bande rosée horizontale qui traverse ses flancs. Lors de la période de reproduction, ses couleurs s’assombrissent et cette ligne rosée devient plus vive, créant un contraste esthétique saisissant.
Habitat naturel de la truite arc-en-ciel
Ce poisson, généralement solitaire, ne montre pas une grande exigence en termes d’habitat. Il peut s’adapter à des environnements aux températures variées, en eau douce ou en eaux courantes comme en lacs. Il préfère des températures comprises entre 0 et 26°C, avec une zone optimale entre 10 et 16°C, notamment en zone montagneuse ou en haute-altitude. Lorsqu’il évolue dans des eaux à fort courant, il se réfugie derrière des structures rocheuses ou végétales pour conserver son énergie. Bien que principalement dulcicole, il possède une capacité de migration vers la mer, où il peut vivre un temps avant de revenir en eaux douces pour frayer.
Alimentation de la truite
Ce carnassier actif pendant la journée se nourrit aussi bien en surface que sur le fond. Son régime comprend principalement du zooplancton, des insectes et leurs larves, ainsi que des crustacés comme les crevettes ou krill, mais aussi des mollusques, des vers et des annélides. Lorsqu’il grandit, il commence à consommer d’autres poissons tels que les vairons, goujons, ablettes ou petites truites. Sa nourriture évolue donc en fonction de sa taille, intégrant alors des poissons plus gros pour satisfaire ses besoins énergétiques.
Mode de vie et comportement
En tant qu’espèce grégaire, la truite arc-en-ciel manifeste une hiérarchie sociale où les individus dominants, plus robustes, accèdent plus facilement à la nourriture et peuvent agresser leurs congénères. Les poissons plus faibles ou dominés présentent souvent des lésions sur leurs nageoires et se nourrissent en second. Bien que présente en liberté, la majorité de ses populations provient de la reproduction en pisciculture, nécessaire pour leur maintien en milieu naturel. La truite arc-en-ciel est la variété de truite la plus cultivée dans le monde, avec une importance particulière en France où elle représente 98 % de la production nationale. La reproduction naturelle est rare, mais la reproduction en élevage peut se faire toute l’année.
Cycle de reproduction
Les mâles deviennent matures vers un ou deux ans, tandis que les femelles nécessitent deux à trois années pour atteindre leur maturité. En Europe, la saison de reproduction a lieu en octobre et novembre, lorsque l’eau affiche une température comprise entre 6 et 11°C. Attirés par des signaux chimiques appelés phéromones, les mâles se rassemblent près des zones de frai situées près du courant, où ils creusent de petites dépressions dans le gravier pour déposer les œufs. La femelle peut pondre environ 2 000 œufs par kilogramme de son poids, qui seront alors fécondés par le mâle. Après la fertilisation, les adultes recouvrent le site et s’éloignent. La durée d’incubation, dépendante de la température, est d’environ 40 à 50 jours, en fonction des conditions environnementales.
Développement des jeunes individus
Une fois éclos, les jeunes truites se nourrissent de leur vésicule vitelline, un sac nutritif qui leur permet de survivre pendant 2 à 3 semaines. Au bout de cette période, ils doivent chasser par eux-mêmes, ce qui augmente leur vulnérabilité face aux prédateurs naturels comme le brochet, l’anguille, le chabot, mais aussi la loutre, le vison ou certains oiseaux piscivores tels que la cigogne ou le héron. La croissance de la truite arc-en-ciel est lente, et seule une minorité des jeunes atteindra la taille adulte. Sa longévité est généralement de 10 ans, durant lesquels elle doit faire face à de nombreux prédateurs et défis pour survivre.