Lorsqu’on évoque la diversité des espèces, qu’elles soient animales ou végétales, il est important de noter que leur dénombrement demeure en perpétuelle évolution. En effet, certaines espèces disparaissent avec le temps, tandis que d’autres sont découvertes, modifiant ainsi les statistiques. À titre d’exemple, en 2014, la communauté scientifique recensait environ 530 variétés de requins. Dans cet article, nous vous expliquons comment ces espèces sont classifiées selon différents critères, avant d’explorer quelques exemples particulièrement emblématiques.
Comment sont organisées les espèces de requins ?
Comprendre la classification des différentes espèces de requins nécessite de s’intéresser à la taxonomie, une discipline scientifique dédiée à l’organisation des êtres vivants. Elle cherche à regrouper des animaux partageant des traits communs, tels que leur morphologie, leur lieu de vie ou leur comportement, afin de déterminer leur lien de parenté.
Il est essentiel de garder à l’esprit que la taxonomie est une science en constante évolution. Les avancées régulières dans cette discipline, notamment grâce à l’analyse de l’ADN, bouleversent parfois les classifications établies auparavant. Par exemple, l’étude génétique permet de révéler des relations entre espèces qui ne se basaient auparavant que sur des observations visuelles. Ainsi, le classement des requins peut varier selon les sources, principalement en fonction des nouveautés découvertes ou des référentiels utilisés.
Les principales catégories de requins
Les requins appartiennent à la classe des Chondrichthyes, souvent appelés poissons cartilagineux. Dans cette classe, ils sont regroupés avec les raies et les chimères sous la sous-classe des Elasmobranchii. Au niveau suivant, on distingue différentes divisions appelées ordres. Au total, il en existe huit :
- Les Carcharhiniformes ;
- Les Lamniformes ;
- Les Heterodontiformes ;
- Les Hexanchiformes ;
- Les Orectolobiformes ;
- Les Squaliformes ;
- Les Pristiophoriformes ;
li>Et enfin, les Squatiniformes.
Chacun de ces ordres comprend plusieurs familles, qui elles-mêmes se subdivisent en genres, puis en espèces individuelles.
Répartition géographique des requins
La classification en ordres ne correspond pas à des zones géographiques précises. En réalité, les requins sont présents dans tous les océans du globe, qu’il s’agisse de mers tropicales ou polaires, en surface ou en profondeur. La taxonomie s’appuie davantage sur des critères biologiques et évolutifs pour définir ces groupes, même si certaines espèces sont parfaitement confinées à des zones spécifiques.
Le requin blanc, un symbole réfrigérant et fascinant (Carcharodon carcharias)
Le grand requin blanc, rattaché à l’ordre des Lamniformes, demeure l’un des représentants les plus connus du genre Carcharodon. Des spécimens mesurant jusqu’à 6 mètres ont été observés, mais il est probable que certains atteignent des tailles encore plus impressionnantes. Ce prédateur constitue l’un des plus gros poissons carnivores actuellement vivants dans nos océans. La popularité du requin blanc a été alimentée notamment par le roman Les Dents de la mer de Peter Benchley et son adaptation cinématographique signée Steven Spielberg. Bien qu’il soit souvent perçu comme dangereux, cet animal n’a qu’un intérêt limité pour l’humain. En réalité, notre corps ne constitue pas une proie de choix pour lui, préférant les poissons riches en graisse tels que le thon ou l’espadon, ou encore les mammifères marins comme les phoques. La majorité des attaques humaines sont donc opportunistes ou accidentelles. Toutefois, en raison de sa taille, une morsure peut avoir des conséquences dramatiques.
Ce requin évolue généralement près des côtes, dans des eaux tempérées, se déplaçant souvent en eaux peu profondes jusqu’à environ 30 mètres, même si des individus ont été trouvés à plus de 1 200 mètres de profondeur. Sa capacité à réguler la température corporelle jusqu’à 20 °C au-dessus de celle de l’eau lui confère une grande adaptabilité. En Méditerranée, la population du requin blanc est estimée à quelques centaines d’individus seulement. Classé aujourd’hui comme vulnérable, il subit la pression de la destruction de son habitat, la pêche excessive et le braconnage. Si ces tendances persistent, il pourrait disparaître d’ici cinquante ans.
Le petit requin abyssal (Isistius brasiliensis)
À l’opposé du grand requin blanc, nous retrouvons le squalelet féroce (Isistius brasiliensis), qui détient le titre de plus petit requin du monde. Mesurant entre 42 et 56 centimètres, il appartient à l’ordre des Squaliformes et à la famille des Dalatiidés. Ce requin vit dans les eaux chaudes et tempérées de l’océan, adoptant un comportement nocturne qui le conduit à remonter en surface lors du crépuscule, tout en restant capable de plonger à plus de 3 700 mètres. Sa nutrition consiste principalement en prélevant de petites rondelles de chair sur de grands animaux marins ou en chassant de petits coquillages tels que les calmars. Sa morphologie comprend un museau arrondi, une bouche courte en forme de ligne horizontale bordée de lèvres épaisses, ainsi que de nombreuses rangées de dents, de 30 à 37 en haut et 25 à 31 en bas, qui deviennent plus nombreuses avec la taille.
Nommer les requins : entre science et langage courant
Les noms scientifiques, toujours en latin, apportent une précision nécessaire aux chercheurs pour désigner une espèce spécifique. En revanche, les noms vernaculaires, qui varient selon les langues, donnent une dimension plus colorée et parfois surprenante à ces animaux. Certains termes évoquent directement leur apparence ou leur couleur. Voici quelques exemples issus de la langue française :
- Le requin-baleine (Rhincodon typus) : la plus grande des espèces, se nourrissant de plancton et petits crustacés ;
- Le requin mako à nageoires courtes (Isurus oxyrinchus), aussi appelé requin-taupe bleu, connu pour sa rapidité exceptionnelle, pouvant atteindre 70 km/h pour chasser levoilier ou l’espadon ;
- Les requins-renards (Alopiidae), facilement reconnaissables grâce à leur queue en forme de faucille qui peut représenter la moitié de leur taille ;
- Le requin-taureau, qui inclut notamment Carcharhinus leucas, au nez émoussé, fréquentant les eaux chaudes proches des côtes, souvent impliqué dans des attaques, ainsi que Carcharias taurus, aussi appelé requin-tigre des sables, considéré comme peu agressif ;
- Le requin-tigre (Galeocerdo cuvier) : l’un des plus imposants, pouvant atteindre 4 mètres, avec un corps rayé comme un léopard chez les jeunes, et des rayures verticales sombres chez les adultes ;
- Les requins-marteaux (Sphyrnidae) tels que le requin ailé ou le requin bonnet, caractérisés par leur tête en forme de T, offrant une excellente vision ;
- Le requin nourrice (Ginglymostoma cirratum) : nom dû au son qu’il fait en aspirant ses proies, il passe beaucoup de temps au repos dans des cavités, et utilise son odorat pour chasser dans l’obscurité ;
- Le requin-lutin (Mitsukurina owstoni) : une espèce encore peu connue, rarissime dans les captures ;
- Le requin à tête de cochon (Oxynotus centrina) : caractérisé par un museau large et deux nageoires dorsales épaisses, il est rarement pêché accidentellement.
Ce concise liste n’est qu’un aperçu des noms vernaculaires associés à ces animaux marins. Certains évoquent leur couleur ou leur silhouette, dans le but de mieux appréhender la diversité et la richesse du monde des requins. Notre objectif est de dépasser l’image de brute sanguinaire véhiculée par beaucoup, pour mieux comprendre la complexité et la beauté de ces prédateurs marins. La connaissance permet souvent de réduire la peur et d’apprécier leur rôle écologique essentiel.