Le rougequeue noir, aussi désigné sous le nom de « rossignol des murailles », est une espèce présente aussi bien dans les zones urbaines que dans les milieux ruraux, à condition qu’il puisse trouver de quoi se nourrir. Perché sur un toit ou un piquet, cet oiseau n’hésite pas à libérer ses chants forts et mélodieux, sans chercher à se dissimuler. Voici une présentation détaillée d’un passereau que l’on rencontre fréquemment dans nos jardins.
Profil du rougequeue noir
Appartenant à la famille des muscicapidés, le rougequeue noir, dont le nom scientifique est Phoenicurus ochruros, appartient à l’ordre des passériformes. À l’âge adulte, sa taille avoisine les 14 cm, son envergure dépasse rarement 25 cm, et son poids varie entre 14 et 20 grammes. La répartition de cette espèce comprend cinq sous-espèces différentes, réparties dans plusieurs régions :
- Europe, notamment la sous-espèce gibraltariensis
- Asie mineure avec ochruros
- Secteur oriental et asiatique, comprenant phoenicuroides et rufiventris
- Moyen-Orient, représenté par semirufus
Un passereau au plumage sombre
Lors de sa première apparition en France, le mâle, qui atteint sa maturité vers 2 ans, semble entièrement noir en période nuptiale. Cependant, une observation attentive révèle un dessus gris-anthracite, agrémenté d’une zone claire au niveau des ailes secondaires. La partie la plus sombre de son corps se situe au niveau de la poitrine, tandis que sa queue arbore une teinte orangée rappelant la brique. Les sous-caudales et le croupion prennent aussi une couleur rousse-orange. Ses yeux, son bec, ainsi que ses pattes, sont noirs. La femelle, quant à elle, adopte un aspect plus discret avec un plumage uniformément gris-brun cendré, des ailes très foncées dépourvues de taches pâles, et remarque que le rouge n’est pas présent dans son ensemble.
Habitat en zone rocheuse pour le rougequeue noir
Ce passereau est présent dans une large zone qui couvre notamment toute l’Europe hors Scandinavie, le Moyen-Orient, une grande partie de l’Asie, à l’exception du Sud-Est asiatique, et le nord de l’Afrique. Il n’est pas fréquent au Royaume-Uni. Son environnement favori comprend des terrains dégagés, souvent peu végétalisés, tels que les coteaux rocheux, les plaines agricoles, ou encore les zones côtières, ainsi que les espaces urbains qu’il a su coloniser. Son habitat peut être naturel ou modifié par l’homme, qu’il s’agisse de falaises ou de constructions humaines. En montagne, il peut s’élever jusqu’à 2 500 mètres d’altitude pour éviter la chaleur excessive, notamment dans l’Atlas marocain ou dans le nord de l’Algérie. Même si une partie de ses populations migre vers des régions plus chaudes durant l’hiver, celles vivant dans le sud sont généralement sédentaires.
L’insectivore au régime varié
Ce passereau se nourrit principalement d’insectes qu’il attrape au sol ou en vol, incluant aussi leurs larves. Il consomme aussi des araignées, des mille-pattes, des vers de terre, des mollusques et, pour les espèces côtières, de petits crustacés. À l’automne, face à la pénurie d’insectes, il se tourne vers les fruits et baies qu’il trouve dans son environnement pour faire ses réserves.
Un oiseau peu sociable
Le rougequeue noir n’a pas une nature particulièrement grégaire. Dans ses sites favorables, où la nourriture et les lieux de nidification sont nombreux, il peut former de petits groupes ne dépassant pas une dizaine d’individus. En saison de reproduction, ces groupes s’agrandissent pour ne rassembler que la famille proche. Très peu farouche, il n’a pas peur de la présence humaine ; on le voit souvent perché sur une surface dégagée, comme un rocher, une toiture ou un fil, surveillant attentivement l’environnement pour repérer une proie qu’il attaque en plongeant d’un vol direct. Lorsqu’il demeure perché, il remue nerveusement sa queue en position verticale, et au sol, il adopte un mode de déplacement sautillant tout en restant constamment en quête de nourriture.
Territoriaux et monogames au printemps
À la période des amours, cet oiseau défend vigoureusement son territoire en manifestant son agressivité avec des chants puissants et des comportements territoriaux. En étant perché à une position haute, il gonfle ses plumes pour amplifier son chant, et il ne cesse de crier pour repousser toute intrusion. Le mâle, souvent dès l’aube, chante en continu tout au long de la journée, notamment pour attirer sa partenaire ou défendre l’espace qu’il a choisi. Monoamoureux, il reste fidèle à son partenaire jusqu’à la fin de la reproduction, période durant laquelle il intensifie ses vocalises.
Plusieurs nichées chaque année
Ce passereau construit généralement son nid dans des endroits accessibles mais protégés, souvent sous un surplomb naturel ou artificiel, comme une fissure dans un rocher ou un bâtiment. La femelle façonne un nid lâche à partir de matériaux végétaux secs, puis le garnit de poils et de plumes. Elle pond entre 4 et 6 œufs brillants et blancs qu’elle couve seule pendant environ 13 jours. Les deux parents nourrissent les jeunes durant deux semaines, après quoi ils savent voler. Les oisillons restent encore dépendants et alimentés pour deux semaines supplémentaires. Après leur premier envol, la femelle peut produire une ou deux autres nichées dans la même saison.
Une espèce abondamment répandue et protégée
Les principaux menaces pour le rougequeue noir sont les chats domestiques et certains rapaces. En dépit d’être très répandu et souvent observé, cette espèce est considérée comme peu préoccupante par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En France, sa protection est assurée par un arrêté ministériel du 17 avril 1981, interdisant toute destruction, capture, perturbation ou enlèvement, ainsi que la destruction ou dégradation de ses nids et œufs. La durée de vie moyenne de cette espèce à l’état sauvage oscille entre 8 et 10 ans.
Crédit Photo : El Golli Mohamed