Le pic cendré possède un plumage affichant des nuances de vert, avec une tache rouge vif sur le front ainsi qu’un croupion jaune, ce qui le rapproche visuellement de son cousin, le pic vert. Cependant, il se distingue par sa tête grise et une moustache noire très fine. C’est un oiseau qui se fait entendre en frappant son bec contre le bois, produisant un son distinctif.
Présentation du pic cendré
Son nom scientifique est Picus canus. En appartenant à la famille des picidés, il présente quatre adaptations physiques spécifiques, qui lui permettent de survivre dans son environnement :
- Son bec : Fin, droit et coupant, il sert principalement à percer le bois pour chercher de la nourriture ou pour créer un lieu de repos. Ce même bec est utilisé pour le tambourinement spectaculaire durant la période de reproduction, avec un rythme et une puissance qui lui sont propres, permettant aussi de marquer son territoire.
- Sa langue : Longue, flexible et visqueuse, elle se déploie hors du bec grâce à un système musculaire élaboré. Son rôle principal consiste à attraper des insectes, notamment des fourmis, en se glissant dans des crevasses ou des cavités boisées. Lorsqu’il est au repos, cette langue est enroulée dans une gaine spéciale qui protège son cerveau.
- Ses pattes : Courtes mais solides, équipées de quatre doigts aux griffes puissantes, deux orientés vers l’avant et deux vers l’arrière, elles facilitent l’escalade sur les arbres. La musculature lui permet de se déplacer verticalement ou même de descendre à reculons, en s’accrochant fermement aux troncs et branches.
- Sa queue : Longue, rigide et pointue, elle constitue un second appui essentiel pour le déplacement dans les arbres. Dotée de plusieurs rectrices permettant de résister aux déplacements fréquents, elle aide à maintenir l’équilibre lors de la montée ou lors de l’évolution sur les branches.
Comment identifier le pic cendré ?
Mesurant entre 27 et 28 cm, avec une envergure de 38 à 40 cm et un poids oscillant entre 125 et 165 g, il a une silhouette plus svelte que celle du pic vert, tout en partageant certaines couleurs : un dos verdâtre et un croupion jaune. La tête et le ventre sont gris. Une fine moustache noire part de derrière le bec, tandis qu’un triangle noir se trouve en avant de l’œil. La distinction entre mâles et femelles est visible : le mâle possède une tache frontale rouge vif, alors que la femelle a une tête ornée de stries noires. Les jeunes oiseaux ont une apparence plus discrète, avec des barres brun-olive sur les flancs et une moustache à peine marquée.
Son habitat naturel
Le pic cendré se répartit principalement dans la zone paléarctique, couvrant l’Europe, la Sibérie centrale et l’Extrême-Orient. Il est absent des Îles Britanniques, rare en Belgique et sa limite sud en Europe est la région du nord de la Grèce. En France, ses populations ont diminué et il se limite aujourd’hui à certaines régions comme le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val de Loire, généralement en dessous de 900 mètres d’altitude. Il privilégie les forêts de feuillus, notamment celles de hêtres, d’aulnes et de chênes, souvent parsemées de bois mort et de branches pourries. Il fréquente également les clairières, les bosquets, le bocage ou encore les zones boisées le long des rivières, comme les peupleraies ou ripisylves.
Son alimentation
Les fourmis constituent sa principale source de nourriture, toutes espèces confondues. Cependant, son régime est plus varié que celui du pic vert, notamment parce que sa langue est plus courte, ce qui le rend moins spécialisé dans la capture de ce type d’insectes. Il chasse aussi des termites, des araignées, ainsi que d’autres invertébrés présents dans le sol ou le bois mort. En période hivernale, il peut compléter son alimentation par des baies, des fruits, des graines, ou en picorant dans les mangeoires lorsque la nourriture en extérieur se fait rare.
Mode de reproduction
Cette espèce, fidèle en monogamie, privilégie généralement les hêtres morts ou dépérissants pour faire son nid, évitant d’autres types d’arbre. Le mâle creuse une cavité de 5 mètres en moyenne de hauteur, en utilisant son bec pour réaliser l’ouverture d’environ 5 à 6 cm de diamètre, avec une profondeur de 9 à 13 cm. La femelle dépose entre 4 et 10 œufs blancs, qu’elle incube principalement, à tour de rôle, avec le mâle. La période d’incubation dure entre 14 et 17 jours, et les jeunes restent au nid jusqu’à trois semaines environ avant de s’envoler. Il n’y a pas de ponte de substitution si la première nichée est perdue.
Statut de conservation
Autrefois en déclin dans le centre et l’est de l’Europe principalement à cause de la fragmentation de son habitat, notamment par le reboisement de feuillus avec des résineux inadaptés, sa population a été fortement impactée. La gestion forestière intensive, qui privilégie la coupe du bois vivant, ne correspond pas à ses besoins. De plus, l’usage de pesticides en agriculture diminuerait la quantité de fourmis disponibles. Aujourd’hui, le pic cendré est classé en risque “préoccupation mineure” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En France métropolitaine, toutefois, l’espèce est considérée comme “en danger” dans la Liste rouge des oiseaux nicheurs. Elle vit en moyenne jusqu’à 6 ans.