Dans le ciel africain, le marabout arbore une prestance impressionnante lorsqu’il effectue de longs cercles, utilisant ces vols planés pour repérer ses sources de nourriture. Au sol, son apparence est beaucoup moins esthétique : il affiche une silhouette robuste, un plumage gris terne, une tête dénudée et un long cou dépourvu de plumes. Il s’agit d’un grand échassier souvent associé à des comportements de charognard.
Le marabout d’Afrique, proche cousin de la cigogne
Appelé aussi Leptoptilos crumenifer, ce volatile appartient à l’ordre des ciconiiformes et se classe dans la famille des ciconiidés, tout comme la cigogne. Sa taille moyenne atteint 1,50 m, tandis que ses ailes s’étendent sur une envergure pouvant aller jusqu’à 2,50 m. Son poids varie généralement entre 6 et 9 kilogrammes. On le trouve principalement dans la région sub-saharienne de l’Afrique, où il fréquente souvent des zones humides telles que marais, rives de lacs, rivières ou fleuves. Cependant, il n’est pas exclusivement dépendant de l’eau : il exploite aussi les savanes, prairies et zones de brousse où la chaleur favorise l’apparition de courants thermiques indispensables à ses vols panoramiques. En raison de sa carrure imposante, il préfère planer sur de longues distances plutôt que de battre des ailes à chaque étape.
La silhouette peu attrayante du marabout d’Afrique
Son physique peu gracieux est marqué par une structure compacte, une tête chauve de couleur rosée, un cou dépourvu de plumes avec quelques touffes éparses, ainsi qu’une collerette blanche sale. La couleur de ses ailes et de son dos est d’un gris ardoise, tandis que son ventre reste plus clair. Son bec large, ses longues pattes et sa poche gulaire rougeâtre, pouvant mesurer jusqu’à 35 cm, accentuent encore son apparence peu séduisante. Au sol, il adopte une posture typique : la tête rentrée dans les épaules, et il peut aussi se poser sur ses tarses. En vol, à l’inverse de ses congénères, il replie son cou contre son corps, similaire à la posture adoptée par le héron.
Un charognard par excellence
Même s’il ressemble à un échassier commun, le régime alimentaire du marabout d’Afrique s’apparente davantage à celui d’un vautour. Principalement scavenger, il se nourrit principalement de carcasses d’animaux herbivores tels que gnous, buffles ou zèbres, souvent laissées à l’abandon par les grands prédateurs comme les lions ou hyènes. Sa tête et son cou dépourvus de plumes ont une fonction hygiénique, lui permettant de s’enfoncer profondément dans la chair pour se nourrir sans tacher ses plumes. Cependant, il ne se limite pas au charognage : il attrape aussi des proies en vie, telles que des amphibiens, petits rongeurs, reptiles, poissons, oisillons ou œufs. Il s’attaque particulièrement aux flamants, qu’ils soient adultes ou jeunes, et se régale également de sauterelles et de criquets, facilement capturables.
un oiseau grégaire et social
Habitant souvent à proximité des zones peuplées, où il peut facilement trouver des restes de nourriture, le marabout d’Afrique n’a pas peur de l’homme. Il pratique la chasse en planant à haute altitude, surveillant les opportunités, avant d’attaquer par un piqué à grande vitesse. La majorité de ces oiseaux ont une existence sédentaire, bien que certaines populations du nord ou du sud migrent pour se reproduire vers le centre du continent. Vivent en colonies sociales composées de plusieurs dizaines d’individus, qui se nourrissent ensemble durant la journée et partagent un endroit pour dormir la nuit. Lors de la saison de reproduction, ces colonies peuvent atteindre plusieurs milliers d’oiseaux.
La nidification et la croissance des jeunes
Les couples fidèles du marabout d’Afrique reproduisent généralement année après année. Pour leur nidification en colonies, ils recherchent des sites proches des zones d’alimentation. Ces groupes, souvent mixtes, accueillent aussi d’autres espèces comme les pélicans nicheurs. Après l’accouplement, le mâle et la femelle construisent un nid perché dans un arbre, à une hauteur comprise entre 10 et 30 mètres, en utilisant divers végétaux. Ils déposent entre deux et trois œufs, qu’ils couvent en alternance pendant un peu plus d’un mois. À leur naissance, les oisillons sont dépendants pour leur alimentation et leur mobilité, qui leur seront assurées par leur parent via la régurgitation ou en s’alimentant directement. La saison sèche favorise la reproduction en offrant davantage de carcasses pour leur alimentation. Les juvéniles sont emplumés vers trois mois, mais restent dans le nid environ un mois supplémentaires. Leur maturité sexuelle n’est atteinte qu’à 3 ou 4 ans.
Une espèce peu menacée
Commun dans la plupart de ses habitats, le marabout d’Afrique est actuellement classé dans la catégorie « préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. La longévité de cet oiseau varie entre 20 et 25 ans en milieu sauvage, et peut dépasser 40 ans en captivité. En nettoyant les carcasses en décomposition, il joue un rôle écologique vital : il limite la propagation des maladies, réduit la pollution et empêche la prolifération de parasites. Ainsi, il contribue activement au maintien de l’équilibre de son écosystème.