Le manchot empereur est un oiseau extraordinaire, capable de survivre dans les environnements les plus rigoureux de la Terre. Il est aussi remarquable pour sa façon de couver ses œufs en utilisant ses pieds comme support. Ce comportement unique est largement illustré dans le film documentaire La marche de l’empereur, qui met en lumière ses exploits impressionnants.
Un géant parmi les manchots
Ce spécimen, connu sous le nom scientifique d’Aptenodytes forsteri, doit son nom à Johann Reinhold Forster, naturaliste qui a été parmi les premiers à le décrire. Il appartient à l’ordre des sphénisciformes et à la famille des sphéniscidés. Avec une taille pouvant atteindre 1,20 m et un poids oscillant entre 20 et 40 kilogrammes, il détient le record de grandeur et de masse chez ses congénères. Contrairement au pingouin, qui évolue dans l’hémisphère nord et possède la capacité de voler, le manchot vit exclusivement dans l’hémisphère sud, en Antarctique, et est totalement incapable de voler.
Les couleurs caractéristiques du manchot empereur
Son plumage arbore un dos, une tête, le dessus des ailes et de la queue d’un noir profond. Le ventre et la face inférieure de ses ailes présentent une teinte blanche, tachetée de jaune pâle sur la poitrine. Une marque jaune vif souligne ses oreilles, tandis que la mandibule inférieure affiche une coloration orangée. Son bec, d’une longueur pouvant atteindre 8 cm, est délicatement courbé et partiellement recouvert de plume. Ses pattes, courtes et larges, sont noires et semi-palmées.
Un corps taillé pour résister au froid
Résidant uniquement sur le continent antarctique, sauf dans la péninsule, le manchot empereur doit faire face à des températures extrêmes pouvant atteindre -50°C, et à l’eau glacée qui dépasse parfois zéro degré. La clé de sa survie réside dans la composition de son plumage, constitué de quatre couches épaisses qui ressemblent à des écailles, lui offrant une barrière contre le froid. À cela s’ajoute une couche importante de graisse qui permet à l’animal de conserver une température corporelle de 38°C, malgré les conditions douloureusement glaciales.
Un maître de l’apnée et de la nage
Son régime alimentaire se compose principalement de petits poissons pélagiques, complétés par des crustacés tels que les krills et des céphalopodes comme les calmars. Pour se nourrir, il plonge à des profondeurs pouvant dépasser 500 mètres et reste sous l’eau entre 15 et 20 minutes, tout en atteignant des vitesses allant jusqu’à 30 km/h. Son aptitude à l’apnée repose sur une hémoglobine particulièrement efficace, capable de fonctionner dans un environnement pauvre en oxygène.
Une stratégie sociale pour faire face au froid
Le manchot empereur a une vie sociale très développée : il se regroupe en grandes colonies, autant sur la terre en période de reproduction qu’en mer lors des activités de chasse. Pour partager la chaleur et supporter le froid intense, il pratique la technique dite de la tortue : les individus se rassemblent pour former un groupe compact, ceux situés au centre étant protégés par ceux qui l’entourent. La communication entre eux repose sur un ensemble de vocalisations, leur permettant de se repérer et d’identifier leur partenaire même au sein de la foule.
Le périlleux voyage pour la reproduction
Lorsque la saison des amours débute, le manchot entame une traversée longue et exigeante sur la banquise pour rejoindre le site idéal à la reproduction. Seuls parmi les manchots, ils se reproduisent en plein hiver austral, malgré vents violents pouvant souffler à 200 km/h et une obscurité quasiment permanente. Le nid n’est pas construit, la femelle dépose un seul œuf sur ses pieds pour le protéger du froid, transférant délicatement l’œuf au mâle, qui le garde au chaud. Pendant près de deux mois, les mâles se regroupent pour garder ces œufs à une température d’environ 31°C, jeûnant pendant cette période avec pour réserve leur graisse corporelle, mais perdant jusqu’à 45% de leur poids.
Le retour de la mère et la croissance du poussin
Après environ deux mois, la femelle revient pour prendre le relais de son partenaire, qui peut retourner en mer pour se nourrir et recouvrer des forces. Le jeune, nourri avec une bouillie de poisson, reste auprès de ses parents jusqu’à ce qu’il atteigne 4 ou 5 mois. Si la mère n’est pas encore là lors de la naissance du poussin, le père l’alimente avec une sécrétion œsophagienne, permettant à l’oisillon de subsister deux semaines. La raison pour laquelle cette période particulièrement rigoureuse est choisie pour la reproduction demeure un mystère, mais certains pensent que les conditions extrêmes limitent la concurrence et favorisent la survie des jeunes.
Les menaces pesant sur le manchot empereur
Le manchot doit faire face à de nombreux prédateurs : phoque, léopard de mer, orque et otarie à crinière. Certains oiseaux marins comme le pétrel géant, le skua ou le labbe de McCormick s’attaquent aussi aux œufs et aux poussins. La diminution des ressources alimentaires due à la surpêche, ainsi que la présence humaine croissante en Antarctique, perturbent leur reproduction. Le changement climatique, en provoquant la fonte des glaces, pourrait également détruire leurs sites de nidification. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classe ainsi cette espèce comme « quasi menacée ». La durée de vie moyenne d’un manchot empereur se situe entre 15 et 20 ans.