Les oiseaux appartenant à la famille des Picidés, communément appelés pics, occupent une place essentielle dans les écosystèmes forestiers à travers le monde, hormis en Australie, à Madagascar ainsi que dans les régions polaires. Actuellement, on dénombre près de deux centaines d’espèces différentes ; en France, neuf d’entre elles ont été recensées, notamment les plus courantes comme le pic épeiche, le pic épeichette et le pic vert.
Une tête conçue pour amortir les chocs
Les pics présentent une caractéristique majeure : leur bec robuste et effilé, qui leur sert à inciser l’écorce des arbres. Cet outil leur permet aussi bien de rechercher leur nourriture, de communiquer avec leurs congénères que de creuser des cavités pour nicher.
Leur crâne a évolué pour faire face à ces impacts récurrents, avec une structure osseuse intégrant de micro-os flexibles ainsi que des muscles capables d’absorber les vibrations. Ces adaptations cruciales protègent le cerveau des traumatismes provoqués par leur activité de percussion.
Leur tambourinage, ou tapage rythmée, participe à la communication inter-espèces. À travers ces sons, ils délimitent leur territoire ou attirent un partenaire potentiel. Chaque espèce possède son propre tempo et sa propre intensité dans la pratique du tambourinage.
Atouts distinctifs et particularités
Chez les spécialistes de l’alimentation à base d’insectes, la langue peut s’étendre jusqu’à deux fois la longueur de leur bec, ce qui leur permet d’atteindre plus efficacement leurs proies. Leur langue, légèrement visqueuse, est équipée de petites pointes pour retirer larves et autres insectes de leur cachette.
Les pics disposent aussi de pattes zygo-dactyles, avec deux doigts pointant vers l’avant et deux vers l’arrière, facilitant leur maintien sur l’écorce des arbres. La rigidité de leurs plumes de la queue leur confère une stabilité supplémentaire lors de leur position verticale sur un tronc.
Le pic épeiche (Dendrocopos major)
Le plus emblématique et répandu en Europe, le pic épeiche, mesure en moyenne 23 centimètres. Son plumage distinctif affiche un dos noir et blanc, renforcé par une tache rouge vif à la base de la queue, et chez le mâle, une tache rouge sur la nuque est également visible.
Il fréquente une variété de milieux, tels que les forêts mêlées, ainsi que les parcs et jardins en milieu urbain. Opportuniste, il consomme principalement des insectes au printemps et en été, étendant son régime en hiver à des graines, noix et même œufs d’autres oiseaux. Lorsqu’il souhaite amplifier la portée de ses signaux sonores, il tambourine parfois sur des surfaces métalliques résonnantes, comme des poteaux.
Le pic épeichette (Dryobates minor)
Ce tout petit représentant de la famille des pics, mesurant entre 15 et 17 centimètres, ressemble à un moineau. Sa discrétion le rend difficile à repérer, mais il évolue avec agilité dans la canopée, souvent suspendu sous les branches.
En apparence, il peut prêter à confusion avec le pic épeiche, mais sa taille plus réduite et l’absence de tache rouge sous la queue le distinguent nettement. Son plumage, composé de motifs plus fins en noir et blanc, est également un indice d’identification.
Amateur des zones boisées, notamment les forêts de feuillus et les vergers, le pic épeichette privilégie la recherche active d’insectes dans les fissures de l’écorce ou parmi les branches. Bien qu’il se nourrisse principalement d’insectes et leurs larves, il consomme aussi des graines et des baies lorsque la nourriture animalière se raréfie.
Le pic vert (Picus viridis)
Contrairement à ses cousins percussionnistes, le pic vert, qui oscille entre 30 et 36 centimètres, se distingue par un plumage aux nuances vert olive et jaunes. Son visage est encadré par un masque noir autour des yeux et une calotte rouge sur la tête, qui accentuent son aspect unique.
Ce pic passe une grande partie de son temps au sol, où il chasse principalement les fourmis. Son ouïe fine et sa langue exceptionnelle, longue et visqueuse, lui permettent d’explorer les galeries souterraines des fourmilières pour capturer ses proies favoris. Il est souvent aperçu dans les prairies, aux abords de forêts ou dans les parcs, en train de fouiller la terre à la recherche de nourriture.
Bien qu’il privilégie la recherche au sol, il est également capable de grimper avec aisance. Pour la reproduction, il creuse des cavités dans les arbres, mais préfère communiquer par une série de cris forts, souvent décrits comme un « rire« , pour exprimer sa présence ou signaler un danger.
Influence écologique des pics
En réalisant des cavités pour leurs nids dans les arbres, les pics offrent un habitat qui bénéficie à plusieurs autres espèces, telles que les mésanges, chauves-souris ou écureuils. Leur rôle dans la régulation des populations d’insectes xylophages contribue également à maintenir la santé des forêts. Certaines espèces participent aussi à la dispersion des graines en consommant les fruits.
À l’échelle mondiale, plusieurs de leurs représentants sont aujourd’hui en danger critique. Le pic à bec ivoire, autrefois abondant dans les marais et forêts dense d’Amérique du Nord, est probablement disparu ou en voie de disparition. Le pic impérial, qui évolue dans les forêts mexicaines, est aussi gravement menacé malgré les efforts de conservation.
Les comportements des pics, souvent très stables au fil du temps, montrent qu’ils migrent peu et s’adaptent aux aléas de leur environnement selon les saisons. Solitaires en dehors de la période de reproduction, ils démontrent une étonnante ingéniosité dans la recherche de nourriture et dans la défense de leur territoire, leur capacité à tambouriner sur diverses surfaces illustrant leur capacité d’adaptation et leur intelligence.
Ainsi, ces oiseaux, grâce à leurs caractéristiques physiques hors normes et à leur rôle écologique majeur, ne sont pas simplement des éléments de la biodiversité, mais des véritables artisans de la forêt, des régulateurs d’écosystèmes et des messagers de la richesse naturelle.