Le busard des roseaux : un rapace des zones humides

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Busard des roseaux en vol
Crédit photo : Michele Lamberti

Ce rapace diurne, dont le nom évoque son habitat principal, fréquente principalement les zones humides et les étendues d’eau douce. La plus grande espèce de busard en Europe se nourrit exclusivement d’animaux, qu’ils soient vivants, blessés ou morts, allant des insectes comme les criquets aux petits mammifères, en passant par les reptiles tels que les tortues. Découvrons ensemble ce rapace captivant que l’on peut repérer dans certains secteurs de France.

Présentation du busard des roseaux

Le busard des roseaux, connu scientifiquement sous le nom de Circus aeruginosus, appartient à la famille des accipitridés et à l’ordre des accipitriformes. Se distinguant comme le plus grand de ses congénères européens, il partage cet espace avec d’autres espèces comme le busard cendré (Circus pygargus) et le busard Saint-Martin (Circus cyaneus). Les rapaces de cette famille présentent des traits communs tels qu’un fort dimorphisme sexuel, une vision binoculare très développée pour la chasse, un bec crochu adapté à la déchiquetement de la chair, des serres robustes pour saisir leurs proies, et un mode de reproduction généralement monogame.

Comment différencier le busard des roseaux ?

Mesurant en moyenne entre 48 et 56 cm de long, avec une envergure qui peut atteindre 130 cm, ce rapace se distingue par ses ailes longues et arrondies, ainsi que par sa queue large. Les mâles, plus légers, pèsent environ 540 à 750 grammes, tandis que les femelles, plus grandes, peuvent dépasser 800 grammes. La différence de taille et de plumage entre les sexes, appelée dimorphisme sexuel, est aussi visible :

  • Le mâle arbore une tête et une poitrine de teinte crème à légèrement rougie, avec des fines stries foncées, tandis que ses parties supérieures sont brunes parsemées de taches claires. Son ventre et ses pattes affichent une teinte brun profond, et sa queue est grise.
  • La femelle présente une apparence plus sombre avec une tête et des épaules crème, un dessous brun avec des stries claires, un ventre souvent uniformément foncé, et une queue variant du gris au brun roussâtre clair. Les jeunes oiseaux, quant à eux, se parent d’un plumage encore plus sombre, dépourvu de zone claire sur l’aile.

Où peut-on observer le busard des roseaux ?

Originaire de la zone paléarctique occidentale, cette espèce parcourt une vaste aire de répartition comprenant les régions de l’Eurasie et du Maghreb. En Europe, il se reproduit principalement sur la côte atlantique, du Morbihan à la Gironde, mais aussi dans le Nord, la région Centre, la Lorraine, l’Alsace, ainsi qu’en Île-de-France. Sa présence est aussi signalée le long de la vallée de la Saône ou encore sur la côte méditerranéenne. Deux sous-espèces ont été identifiées : l’une en Afrique du Nord (Circus aeruginosus harteri) et l’autre en Asie orientale (Circus aeruginosus spilonotus).

Migration et mouvements saisonniers

Les populations situées dans le sud restent généralement en place toute l’année, tandis que celles du nord, du centre et de l’est migrent lorsqu’arrive la saison froide, souvent en traversant la Méditerranée jusqu’en Afrique ou jusqu’au sous-continent indien. La majorité des individus en France adoptent un mode de vie sédentaire, avec seulement ceux du nord et de l’est qui hivernent dans des zones plus méridionales.

Habitat préféré du busard des roseaux

Comme son nom l’indique, il privilégie principalement les milieux humides tels que les zones végétalisées entourant étangs, marais, lacs ou rivières lentes. Il évite généralement les forêts denses et les zones montagneuses élevées, sauf dans certains cas en Afrique ou en Asie où il peut atteindre 2000 mètres d’altitude. Au fil du temps, il s’adapte aussi à des environnements plus secs, comme les prairies fauchées ou les cultures agricoles, notamment les rizières en Afrique où il chasse activement.

Régime alimentaire du busard des roseaux

Ce rapace opportuniste se nourrit exclusivement d’animaux, qu’il capture vivants ou qu’il trouve morts. Son menu est très varié : il inclut notamment des rongeurs comme les campagnols et les ratons laveurs, des petits mammifères comme les lapins, ainsi que des oiseaux de petite taille tels que les râles, les canards ou encore les alouettes. La diversité de ses proies s’étend aussi à des amphibiens comme le crapaud et des reptiles comme la tortue. Sur les côtes atlantiques, il a été observé capturant plus d’une centaine de différentes espèces, allant d’insectes comme les criquets à des animaux domestiques tels que la chèvre, en passant par des oiseaux comme la buse variable ou des tortues comme la cistude d’Europe. En zones humides comme la Camargue, les oiseaux représentent la majorité de son alimentation, tandis que dans les régions tropicales, il chasse également des insectes, notamment en période de migration.

Mode de vie du busard des roseaux

Ce rapace mène une vie souvent solitaire : il chasse, niche et dort en autonomie. Cependant, lors des migrations ou en période hivernale, il se rassemble parfois en dortoirs temporaires pouvant accueillir une vingtaine d’individus dans des milieux ouverts et humides, ou exceptionnellement en zones boisées. La territorialité est peu marquée, généralement limitée à la protection immédiate du nid. Le mâle peut adopter une attitude bigame et plusieurs couples peuvent nicher à proximité dans des colonies lâches, avec des nids espacés de quelques dizaines de mètres.

Niche et reproduction du busard des roseaux

La parade nuptiale constitue un spectacle impressionnant, avec des vols acrobatiques en rotation, des piqués en spirale et des pirouettes exécutés par le mâle pour séduire sa partenaire. Lors de cette période, il exécute également des manœuvres de simulation d’attaque à proximité du site de nidification. Le nid, souvent édifié dans la végétation dense près de l’eau, est principalement composé de tiges de roseaux et mesure entre 60 et 80 cm de diamètre. La femelle pond généralement entre 3 et 6 œufs, plutôt en avril ou début mai, avec une incubation qui dure environ 31 à 34 jours. Pendant cette période, le mâle joue un rôle clé dans le nourrissage des oisillons qui restent au nid environ un mois, puis commencent à explorer les environs tout en étant encore nourris par leurs parents. La maturité sexuelle est atteinte vers 2 ou 3 ans.

Protection et conservation

Malgré la prédation naturelle par des mammifères et d’autres rapaces, le busard des roseaux n’est pas aujourd’hui considéré comme en danger. Il bénéficie d’une protection renforcée à l’échelle européenne et nationale. En Europe, il est inscrit en annexe I de la directive Oiseaux et en annexe II de la Convention de Berne, ce qui permet de préserver ses habitats naturels. La Convention de Bonn lui confère aussi une protection mondiale en tant qu’espèce migratrice. En France, cette espèce est protégée par un arrêté datant d’avril 1981, interdisant toute capture, blessure, mortalité ou perturbation intentionnelle, ainsi que la destruction de ses nids et de ses habitats. La durée de vie moyenne en milieu sauvage est d’environ 10 ans, pouvant atteindre jusqu’à 15 ans.