La buse variable, commune dans les environnements ruraux, a longtemps été perçue comme nuisible avant d’être protégée par la législation. Cet oiseau de proie, doté de griffes acérées, est aujourd’hui considéré par certains agriculteurs comme un allié naturel, car il contribue à limiter la prolifération de nuisibles comme les campagnols qui peuvent endommager leurs cultures.
Découverte de la buse variable
La buse variable (Buteo buteo), appartenant à l’ordre des accipitriformes et à la famille des accipitridés, doit son nom à la diversité de ses plumages. On constate généralement que les individus du nord de sa vaste zone de répartition ont une teinte plus claire que ceux du sud. Typiquement, cet oiseau arbore une gorge blanche avec des marques brunes, un haut de la poitrine tacheté de brun et de blanc formant un genre de plastron. Son dos affiche habituellement une teinte brunâtre, tandis que sa poitrine et son ventre présentent un mélange de brun et de blanc. La queue grisâtre est marquée de plusieurs fines bandes et d’une large bande terminale nette. Son bec noir contraste avec la cire jaune, qui porte des narines arrondies. Les pattes, également jaunes, complètent cette palette chromatique.
Femelles plus imposantes que les mâles
La silhouette de cet oiseau de taille moyenne est compacte, avec ses ailes larges, sa tête massive, sa queue courte et son cou épaissi par ses épaules. La différence sexuelle se voit surtout à travers la taille : les femelles sont plus imposantes, avec une envergure et un poids supérieurs à ceux des mâles. En moyenne, un mâle mesure environ 46 cm de long, pèse entre 550 et 850 g, et possède une envergure de 113 cm. Les femelles, quant à elles, culminent à environ 53 cm, avec un poids allant jusqu’à 1200 g et une envergure moyenne de 137 cm.
Migration de la buse variable en France
La zone de diffusion de la buse variable couvre presque tout le continent européen, allant de l’Atlantique à la Sibérie, jusqu’aux régions tempérées et boréales. Lors des périodes hivernales, les individus du nord migrent vers le sud-ouest de l’Europe, notamment dans le sud des Pyrénées. La France accueille chaque hiver une importante population d’oiseaux venus d’Europe du Nord comme la Scandinavie, l’Allemagne, la Suisse et la Belgique. On estime que 25 à 30 % de ces oiseaux sont des hivernants d’origine étrangère. La sous-espèce vulpinus, principalement présente en Russie, migre vers l’Afrique ou, de façon occasionnelle, vient en France.
Diversité des habitats fréquentés par la buse variable
Bien qu’elle soit un oiseau de forêt, la buse variable préfère chasser dans des zones proches des bois, telles que les lisières, les clairières, ou de petits bosquets. Son nid est généralement placé à proximité d’un espace ouvert, comme une prairie, une culture ou une zone humide. Elle vole souvent à des altitudes comprises entre 1200 et 1600 mètres. La structure du paysage joue un rôle essentiel : les milieux ouverts, comme les plaines ou les plateaux cultivés séparés par des haies, sont privilégiés pour la chasse, tandis que les végétations plus denses, telles que les bosquets, sont préférées pour la nidification.
Caractère indépendant et peu grégaire de la buse
Naturellement calme et méfiant, cet oiseau de proie adopte une attitude discrète sans pour autant chercher à se dissimuler. Contrairement à d’autres rapaces comme les milans, la buse variable ne forme pas de grands groupes ou dortoirs collectifs en dehors de la période de reproduction. Cependant, si la nourriture devient abondante, il n’est pas rare d’observer des rassemblements temporaires, notamment lorsque des individus migrateurs rejoignent des bisons locaux pour chasser dans des zones agricoles.
Alimentaire : une prédilection pour les rongeurs
La principale nourriture de la buse variable en Europe consiste en micro-mammifères, tels que les campagnols, souris et rats. Bien que ces rongeurs soient sa principale source de nourriture, il lui arrive aussi de se nourrir d’animaux plus gros, comme de jeunes lapins ou lièvres, ou de cibles ailées de taille comparable à celles des pigeons ou faisans. En période de disette, elle n’hésite pas à consommer des reptiles, amphibiens, insectes —y compris scarabées, criquets ou sauterelles— ainsi que des vers de terre. Lorsqu’elle ne trouve pas suffisamment de nourriture, elle peut aussi se repaître de carcasses.
Méthode de chasse : à l’affût
Le mode de chasse de la buse est opportuniste. Elle utilise sa vue perçante et son ouïe fine pour repérer ses proies en hauteur, stationnant souvent sur un perchoir naturel ou artificiel. Elle reste ensuite immobile, guettant le moindre mouvement ou bruit. Lorsqu’une opportunité se présente, elle se précipite rapidement, saisissant sa proie avec ses griffes puissantes, puis la décapite et la consomme sur place ou la transporte jusque dans son habitat pour se nourrir.
La parade amoureuse et la construction du nid
La saison de reproduction débute vers la fin février ou début mars, avec des démonstrations nuptiales spectaculaires. Le mâle effectue des vols en piqué depuis des hauteurs remarquables, puis répète cette étape plusieurs fois. De longues montées en vol circulaire accompagnées de cris indiquent la formation du couple. Le nid, construit dans un arbre, se présente sous forme d’une plateforme faite de branches, souvent creusée en son centre et garnie d’écorces ou de mousses.
Rôle du mâle durant la couvaison
La femelle pond généralement deux à quatre œufs, espacés de deux jours, et les couvre durant environ 35 jours. Le mâle participe activement en apportant de la nourriture, notamment si la femelle doit s’éloigner pour chasser. Après l’éclosion, la mère continue de couver, tandis que les jeunes, âgés de trois semaines, commencent à dépecer eux-mêmes leurs proies rapportées par le père. Les jeunes restent dans le nid pendant près de deux mois, période durant laquelle ils apprennent à voler, avant de rester auprès de leurs parents encore deux mois supplémentaires pour peaufiner leur apprentissage.
La buse variable, un allié pour l’agriculture
Pendant longtemps, cet oiseau de proie a été considéré comme nuisible, ce qui conduisait à sa persécution systématique. Cependant, la protection légale instaurée en 1972 a permis une reprise de ses populations en France. Même si sa situation n’est pas jugée critique, le braconnage reste une cause de mortalité. Par ailleurs, sa capacité à contrôler la population de rongeurs lui vaut une forte appréciation dans le milieu agricole. En effet, dans de nombreux pays, les agriculteurs installent des perchoirs stratégiques pour attirer ces oiseaux, favorisant ainsi la régulation naturelle des nuisibles.