L’augmentation des perruches à collier en ville : quelles implications pour la biodiversité

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Originaire d’Asie et d’Afrique, le Psittacula krameri est un oiseau tropical qui possède une apparence colorée et une grande résistance. Apprécié comme animal de compagnie, il finit parfois par revenir à l’état sauvage, colonisant progressivement les milieux urbains, notamment dans des villes comme Paris, Nancy, Lille et d’autres encore. La question se pose souvent : ces perruches à collier nuisent-elles réellement à la biodiversité aviaire en milieu urbain ?

La perruche à collier : origines et installation en France

Par nature, ces oiseaux vivent en groupe pour leur alimentation et leur reproduction. Leur mode de vie est souvent cavicole, préférant nicher dans des cavités naturelles comme celles des arbres, ou même s’approprier les nids occupés par d’autres espèces. Contrairement à certains oiseaux comme le coucou, qui dépose un œuf en abandonnant la parentalité, la famille de perruches reste fidèle à leur nichée sur plusieurs saisons, partageant leur habitat avec leurs jeunes de l’année précédente jusqu’à la nouvelle reproduction.

Un oiseau venu d’ailleurs

Bien que leur habitat naturel soit principalement constitué de savanes arborées et de zones tropicales, ces perruches opportunistes savent s’adapter à leur environnement, ce qui leur permet de causer des soucis aux agriculteurs dans certaines régions. En Afrique, leur régime alimentaire inclut une variété de fruits et graines issus d’espèces comme le figuier, le baobab, ou le manguier. En Europe, et notamment en France, elles profitent davantage des récoltes urbaines, se nourrissant de fruits, de graines, et de jeunes pousses indigènes. Les mangeoires jouent un rôle essentiel dans leur alimentation en toute saison, même si leur régime inclut désormais des insectes, surtout dans les milieux naturels européens, comme l’indique Olivier Païkine, spécialiste auprès de la Ligue de Protection des oiseaux.

Une invasion inattendue dans la région parisienne

Au début des années 1970, une poignée de perruches, très certainement une seule paire ou une centaine d’individus, aurait commencé à peupler les espaces verts de Paris après avoir été libérées accidentellement dans la nature lors de leur débarquement à l’aéroport d’Orly. Leur destination initiale était la vente en animalerie, mais elles ont préféré coloniser la capitale. Si l’on pensait qu’elles disparaîtraient avec l’arrivée des grands froids, leur capacité d’adaptation a permis leur installation durable, avec une population dépassant aujourd’hui 8 000 oiseaux en France.

La survie à toute épreuve : un mythe ?

La prolifération de ces oiseaux n’est pas uniquement due à leur relâchement involontaire. Certains propriétaires, soucieux du comportement bruyant ou croyant agir pour leur bien, ont volontairement relâché leurs perruches, leur permettant ainsi de prospérer. Leur capacité à supporter des climats plus froids, notamment en milieu urbain où l’hiver est généralement plus doux, leur donne un avantage dans leur expansion. Leur développement en zones comme Roubaix, Nancy ou Londres ne s’explique pas uniquement par le changement climatique, mais par leur aptitude à s’adapter rapidement à leur environnement.

Quel impact des perruches à collier sur nos écosystèmes urbains ?

Dotées d’un bec robuste, plus imposant que celui des petits passereaux, ces oiseaux peuvent peser entre 95 et 140 grammes pour environ 40 cm de longueur. Malgré leur réputation, ils ne sont pas aussi meurtriers pour les autres oiseaux qu’on pourrait le craindre. Voici cependant quelques points à surveiller concernant cette espèce invasive.

Une agressivité observée lors de la reproduction

Lorsqu’elles se rassemblent pour se nourrir ou construire leurs nids, les perruches à collier tendent à manifester une certaine agressivité envers d’éventuels prédateurs ou adversaires. Lors de la période de reproduction, elles peuvent faire preuve d’une forte défense de leur territoire ou de leurs œufs, ce qui implique des coups de bec puissants pour repousser quiconque s’approcherait de leur nid.

Leur mode de nidification et ses effets sur la faune locale

Lorsqu’elles colonisent des sites de ponte, ces oiseaux ont tendance à s’approprier ou à agrandir les nids existants, souvent au détriment d’espèces passereaux indigènes. Leur attraction pour certains arbres comme les platanes peut également entrer en conflit avec d’autres animaux qui utilisent ou essaient de défendre ces niches naturelles, comme les écureuils ou les chouettes. La prédation par certains rapaces ou mammifères limite par ailleurs leur nombre, avec une reproduction limitée à deux à quatre œufs par année et par couple de perruches.

La question de leur compétition alimentaire est aussi en débat. Les études semblent indiquer que leur présence n’a pas encore un impact majeur sur les petits oiseaux locaux comme les mésanges ou les sittelles, car elles mangent des aliments différents, incluant plus souvent des fruits et des insectes que nos espèces indigènes. Cependant, une population en croissance pourrait à terme poser des problèmes écologiques plus importants si leur reproduction devenait exponentielle. La cohabitation normale reste pour l’instant maîtrisée.

Leur bruit, une nuisance sonore ?

Au-delà de leur réputation, la principale gêne que provoquent ces oiseaux concerne leur comportement sonore. Leur chant n’a pas la douceur d’un rossignol ; il se traduit par des gazouillis, des bavardages et parfois des cris perçants. Ces vocalisations servent à maintenir le contact dans le groupe ou à alerter en cas de danger, mais elles peuvent rapidement devenir irritantes pour les riverains.

La présence de la perruche à collier : un défi pour la biodiversité urbaine ?

Selon les spécialistes, pour l’instant, cette espèce ne représente pas une menace critique pour la faune locale. Sa capacité à explorer une niche écologique peu exploitée par nos oiseaux endémiques (se concentrant sur des fruits ou des insectes) limite son impact direct. Toutefois, leur prolifération pourrait devenir préoccupante si leur nombre augmentait de façon significative, notamment dans les zones agricoles ou les vergers qui restent moins fréquentées. Les milieux urbains, en revanche, leur offrent un habitat favorable, grâce à la disponibilité de nourriture, d’abris, et à des températures clémentes.

Des actions de gestion locale, comme celles menées en 2019 dans les Alpes-Maritimes, visant à limiter leur expansion, peuvent aider à contrôler leur population. Mais leur éradication totale reste actuellement impossible à l’échelle continentale. La survie et la croissance de ces oiseaux dépendent aussi de la prédation naturelle exercée par des rapaces et des mammifères, qui contribuent à réguler leur nombre, tout comme la sensibilisation des citoyens à éviter de leur fournir de la nourriture. Peu à peu, leur présence s’inscrit dans un équilibre fragile qui contribue à la dynamique des écosystèmes urbains.