Reconnaissable comme étant la plus septentrionale des espèces de grives en Europe, la grive mauvis se distingue par sa remarquable capacité à s’adapter à des environnements très froids, en survivant et en se reproduisant dans ces climats extrêmes. En période hivernale, elle n’est présente en France que durant la saison froide, venant chercher des températures plus agréables dans nos forêts. Lors de ses migrations, ses vols traversent l’Hexagone lorsqu’elle se dirige vers la péninsule ibérique. Ce petit passereau est facilement identifiable grâce à ses sourcils et ses marques blanches sur la joue, qui la différencient des autres grives.
Qui est la grive mauvis ?
Appartenant à la famille des turdidés, la grive mauvis, dont le nom scientifique est Turdus iliacus, est une espèce de passereau présente en France aux côtés de trois autres types de grives : la grive musicienne, la grive litorne et la grive draine. Plus petite que ses congénères, elle atteint en moyenne 21 cm de longueur, avec une envergure d’environ 34 cm et un poids oscillant entre 50 et 70 grammes. La taxonomie distingue deux sous-espèces ou populations selon leur aire géographique : la plus répandue, Turdus iliacus iliacus, qui se trouve principalement en France, en Angleterre, en Scandinavie, en Russie jusqu’à l’est de la Sibérie, ainsi qu’en Pologne, Ukraine et pays baltes, et une autre, Turdus iliacus coburni, présente uniquement en Islande et dans l’archipel des Féroé.
Comment reconnaître la grive mauvis ?
Ce passereau possède un dessus brun qui contraste avec ses côtés et le dessous de ses ailes, d’une teinte rouille. Son ventre et sa gorge sont blancs, ornés de nombreuses rayures sombres. Les ailes sont noires, tandis que son visage arbore un masque distinctif, avec un sourcil crème marqué et un demi-collier beige clair. Son regard sombre est souligné par des lores noirs, et une petite tâche claire apparaît sous l’œil. Son bec est noir avec une base jaune sur la mandibule. Les mâles et femelles ne présentent pas de différences perceptibles, étant morphologiquement semblables. Chez les jeunes, on note des taches blanches sur le dos et un roux plus terne sur leurs couvertures alaires. La sous-espèce Turdus iliacus coburni est généralement plus grande et plus sombre par rapport à Turdus iliacus iliacus.
Où niche la grive mauvis ?
Originaire des régions nordiques, la grive mauvis, principalement Turdus iliacus iliacus, construit ses nids dans les forêts de conifères, telles que celles peuplant pins et épicéas, mais aussi dans les zones de bouleaux, de saules, de bosquets ou de zones arbustives parsemées de sols herbeux pour sa recherche de nourriture. Elle fréquente aussi, en dehors de la période de reproduction, les rives de cours d’eau ou les milieux humides, voire même des touffes d’arbres dans des zones de tourbières. En Scandinavie, elle s’installe souvent dans les parcs et grands jardins arborés.
Où passe l’hiver la grive mauvis ?
Dès septembre, cette espèce migre depuis ses zones de reproduction vers des régions plus accueillantes en Europe, allant jusqu’aux îles britanniques, en passant par la péninsule ibérique, la Turquie, mais aussi quelques populations vers l’Afrique du Nord, Madère ou les Canaries. En France, elle ne niche pas mais hiverne en grand nombre, pouvant être observée entre octobre et avril. Elle occupe presque tout le territoire français, sauf quelques régions comme l’Alsace, la Lorraine, le massif du Jura, les Alpes, les Pyrénées ou le Massif Central, où sa présence est plus rare. La majorité de ces oiseaux traverse le pays en direction du sud, notamment en Espagne, leur objectif principal pour l’hiver. Ce voyage migratoire se fait de nuit en petits groupes, parfois nombreux, dispersés ou groupés. Durant la saison froide, la grive mauvis occupe une grande variété d’habitats : forêts, terrains agricoles, prairies, landes, garrigues, zones bordées de haies ou près des ruisseaux.
Quel est le mode de vie de la grive mauvis ?
Ce passereau, dont la migration se déroule principalement la nuit, devient actif durant la journée une fois arrivé sur ses sites de nidification ou d’hivernage. En hiver, il a tendance à former des rassemblements pouvant atteindre 200 individus, souvent avec d’autres espèces comme la grive draine ou la grive litorne. La nuit, ils se regroupent sous des feuillages denses ou dans des haies, et en journée, ils se nourrissent souvent en groupe. Pendant la période de reproduction, les couples sont territoriaux, mais ils cohabitent souvent en colonies lâches avec d’autres grives. L’espèce a un mode de vie monogame et devient mature sexuelle à environ un an.
Que mange la grive mauvis ?
Adapatée à un régime varié, la grive mauvis consomme autant d’insectes que de fruits, selon la saison. Elle se nourrit principalement de larves, de coléoptères, d’araignées, de vers, ainsi que de mollusques qu’elle brise avec son bec. Son alimentation végétale comprend une large gamme de fruits et de graines : baies de genévriers, aubépines, lierres, cornouillers, houx, sorbiers, sureaux, etc. Elle apprécie aussi les pommes, les cerises, les fraises, les myrtilles, ainsi que les poires. En zones méditerranéennes, l’oiseau ne dédaigne pas les olives et raisins, qu’il consomme avec plaisir.
Comment se reproduit la grive mauvis ?
Durant la période de reproduction, qui s’étale d’avril à fin juillet, la femelle choisit un endroit favorable pour construire son nid, habituellement dans une fourche d’arbre, sur une souche, dans un buisson ou une haie. Si nécessaire, elle peut aussi pondre sur le sol, notamment dans les régions nord sans arbres. Son nid, élaboré avec des matériaux végétaux liés par de la boue, accueille une couvée de 4 à 6 œufs bleus verdâtres tachetés de brun-roux. La femelle assure seule l’incubation durant environ 12 jours, tandis que les deux parents nourrissent les oisillons après leur éclosion, principalement de vers de terre. Les jeunes restent sous la surveillance des adultes deux semaines après leur envol, qui intervient généralement vers 14 jours. Suite à la première couvée, la femelle peut rapidement en commencer une autre, sauf dans les zones les plus nordiques ou montagneuses.
La grive mauvis : espèce menacée ?
Les principaux prédateurs de la grive mauvis sont les rapaces comme les faucons, buses, éperviers et hiboux, ainsi que certains mammifères carnivores tels que les renards, martres ou chats sauvages. Les corvidés et mustélidés, quant à eux, s’attaquent souvent aux œufs ou aux jeunes dans le nid. Néanmoins, cette espèce demeure commune sur ses territoires, n’étant pas considérée comme menacée. Son statut est classé comme « préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. En France, elle fait partie du gibier chassable et peut vivre jusqu’à 19 ans.