Élanion blanc : un petit rapace à découvrir dans le Sud-Ouest de la France

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Crédit photo : Stephen Temple

L’Élanion blanc est un rapace remarquable, doté d’un plumage mêlant nuances de noir et de blanc. Apparue dans les années 90 dans la région du Sud-Ouest en France, cette espèce, originaire d’Afrique subsaharienne, s’est progressivement étendue vers l’Europe en traversant d’abord la péninsule ibérique avant de franchir les Pyrénées. Ce mouvement vers le nord semble lié à la fois à la montée des températures globales et à la transformation des paysages. Cet aperçu met en lumière cette rapace spécialisé dans la chasse aux petits mammifères, notamment les rongeurs.

Quelle sorte d’oiseau est l’élanion blanc ?

L’élanion blanc (Elanus caeruleus) appartient à la famille des accipitridés, un groupe comprenant des rapaces diurnes avec une diversité de 69 genres et environ 260 espèces répandues sur tous les continents, sauf l’Antarctique. Ces oiseaux se caractérisent notamment par une vision binocularale, facilitant la localisation de leur nourriture, un bec crochu pour déchirer la chair, des pattes munies de quatre doigts avec des ongles recourbés pour capturer solidement leurs proies, ainsi qu’un dimorphisme sexuel généralement marqué. Toutefois, l’élanion blanc fait exception à cette règle, car mâles et femelles ont des tailles très proches, mesurant entre 30 et 35 cm de long, avec une envergure moyenne d’environ 78 cm et un poids approchant 250 g.

Comment identifier l’élanion blanc ?

Avec sa silhouette compacte, l’élanion blanc présente une tête volumineuse par rapport à son corps, une queue effilée mais courte, et une posture trapue. Chez l’adulte, le plumage est principalement d’un gris bleuté pâle, couvrant le dos, les ailes et la queue, tandis que le ventre et la tête sont d’un blanc éclatant. Les épaules et l’intérieur des ailes portent une tache noire, et ses yeux, entourés d’un masque noir, arborent une iris d’un rouge vif frappant. En revanche, le jeune diffère par un plumage plus terne, des ailes bordées de blanc, et des taches brunes visibles sur la tête et la poitrine.

Où l’élanion blanc se trouve-t-il ?

Ce rapace a commencé à se reproduire en territoire ibérique dans les années 1960, d’abord au Portugal, puis en Espagne. Son origine semble originellement africaine, où il est très répandu, notamment au Maroc. Son expansion en Europe du Sud serait accentuée par le changement climatique et la modification des paysages agricoles, notamment par le développement des cultures céréalières et la déforestation dans les années 1960-1970, qui ont créé des zones idéales pour sa proie principale, le campagnol. En Andalousie ou dans la déhesa, un habitat composé de prairies et d’arbres clairsemés (souvent des chênes), il trouve des conditions favorables à son mode de vie.

Où observer l’élanion blanc en France ?

Introduit dans l’Hexagone au début des années 1980, il s’est d’abord installé dans la région du Pays basque, puis a peu à peu colonisé d’autres secteurs du Sud-Ouest. Après un premier essai de reproduction non concluant en 1983, le premier nid réussi a été enregistré en 1990. Depuis lors, sa population semble s’être solidement enracinée, avec chaque année de nombreux jeunes qui prennent leur envol. Aujourd’hui, il niche régulièrement dans cette région, et ses populations progressent aussi dans d’autres régions comme Midi-Pyrénées. Bien qu’on l’observe occasionnellement le long du littoral Atlantique ou dans des départements du Nord comme les Hauts-de-France et le Grand Est, la zone principale de présence reste le sud-ouest. L’habitat qu’il privilégie comprend les paysages ouverts, les champs cultivés, les prairies et les bosquets dispersés, où il chasse principalement.

Que mange-t-il ?

En raison de sa taille modestement conçue, l’élanion blanc se nourrit surtout de petits animaux comme les micromammifères (campagnols, musaraignes, mulots). Des oiseaux terrestres, notamment des espèces comme l’alouette ou le pinson, peuvent également faire partie de son menu hors période de reproduction. Il capture également des insectes, tels que de gros orthoptères ou coléoptères, lors de ses chasses. Pour capturer sa proie, il alterne entre deux méthodes : il peut faire du sur place en vol ou utiliser la technique de l’affût en se perchant. En position perchée, souvent sur un arbre ou un poteau électrique, il repère sa cible, puis fond rapidement dessus pour l’attraper en vol ; quand il s’agit d’animaux plus gros, il peut les emporter sur un support (branche ou rocher) avant de les consommer.

Quel est son comportement ?

Son mode de vie est plutôt variable : il peut parcourir de longues distances mais ne quitte pas nécessairement son territoire pour migrer. Généralement solitaire ou en couple durant la saison amoureuse, il peut parfois former de petits groupes dans des zones riches en ressources, mais il n’est pas véritablement grégaire comme certains oiseaux. En Afrique, il est connu pour former de grands rassemblements, notamment en dortoir. La défense du nid est vigoureuse, et il devient agressif si un intrus s’approche de son territoire ou de ses jeunes. Silencieux dans l’ensemble, il ne pousse que rarement quelques cris aigus.

Comment forment-ils leur couple ?

Pendant la parade nuptiale, le mâle décolle, s’élève tout en laissant pendre ses pattes, puis revient en piqué, ailes partially fermées, et se repose souvent sur un arbre, en gardant sa queue basse. La femelle accompagne cette danse en suivant le même chemin, et ils se rapprochent ensuite pour s’accoupler. Une autre parade consiste pour le mâle à traverser une haie en survolant d’un bout à l’autre, puis à effectuer des tours en tournoyant au-dessus d’arbres, se laissant tomber en chute contrôlée comme un parachute. Après environ une heure de ces démonstrations, le couple se rassemble dans un arbre pour s’unir.

Comment élever ses petits ?

L’élanion blanc construit son nid dans un arbuste ou un arbre de faible hauteur, souvent au même endroit que l’année précédente. Le mâle rapporte les matériaux (principalement des brindilles fines), qu’il apporte à la femelle qui se charge de la construction. Avant la fin mars, la femelle pond entre 3 et 5 œufs, à quelques jours d’intervalle. Après une incubation de 23 à 28 jours, les petits, nus à l’éclôture, sont couvés et nourris par la mère, pendant que le mâle chasse pour leur apporter de la nourriture. Les jeunes deviennent aptes à voler vers l’âge de 1 mois, après avoir développé leur plumage complet, à condition que la nourriture soit abondante. Il est courant que le couple élève deux nichées successives, parfois jusqu’à trois, voire quatre en Afrique, en laissant quelques jours entre chaque Pour la même paire.

À l’âge adulte, ce rapace est peu menacé par les prédateurs, mais les jeunes et les œufs restent vulnérables face aux grands rapaces, aux mammifères carnivores et parfois aux serpents. La population connaît une croissance lente, notamment en France où elle est estimée à quelques milliers d’individus, mais elle demeure cataloguée en « préoccupation mineure » selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Son avenir dépend principalement de l’évolution des pratiques agricoles, notamment en Espagne, principal pays fournisseur. La destruction ou la modification de ses habitats — agricoles ou boisés — pourrait avoir d’importantes conséquences. En général, cette espèce peut vivre autour de 10 à 12 ans dans la nature, avec une stabilité relative dans ses populations si ses habitats restent préservés.