Hormis ses pupilles d’un éclat particulier, le choucas des tours affiche tout son corps en noir. Son tempérament est généralement sociable, ce qui l’amène à s’installer aussi bien dans les parcs situés en zone urbaine que dans les structures rurales comme les bâtiments anciens. Il se montre très ouvert à la compagnie de ses semblables, formant souvent des groupes nombreux. Voici un aperçu de cet oiseau.
Choucas des tours : noir et gris cendré
Appelé aussi corbeau choucas ou corneille des clochers, le choucas des tours, dont le nom scientifique est Coloeus monedula, appartient à l’ordre des passériformes et à la famille des corvidés. Sa silhouette se distingue grâce à une plumée d’un noir très brillant, contrastant avec des flancs, la poitrine et le dessous des ailes qui tirent vers un gris clair. Ses yeux, d’un blanc lumineux, ressortent fortement sur son visage sombre. D’une taille comparable à celle d’un pigeon domestique, il constitue le plus petit représentant des corvidés noirs présents dans notre région. Sa longueur varie entre 33 et 39 cm, avec une envergure de 65 à 73 cm et un poids allant de 180 à 270 grammes. La distinction entre mâles et femelles n’est pas visible.
Le choucas des tours, un organisme doté d’une grande intelligence
Comme ses membres de la famille des corvidés, le choucas des tours possède des capacités cognitives remarquables. Sa ruse lui permet de trouver des stratagèmes pour se nourrir et assurer sa survie. Par exemple, il peut faire tomber des noix sur la route pour que les véhicules en brisent la coque, puis profiter du fruit. Des recherches ont montré que certains de ces oiseaux peuvent fabriquer des outils à partir de feuilles ou de brindilles pour localiser des insectes cachés. Leur capacité à se reconnaître dans un miroir et leur empathie envers d’autres congénères sont également attestées.
Présence répandue du choucas des tours en France
Cet oiseau est commun dans la majorité des pays européens, en Asie occidentale, au Moyen-Orient ainsi que dans le nord de l’Afrique. Sur le territoire français, il est présent partout sauf dans le sud-ouest extrême. Il existe trois sous-espèces qui fréquentent notre pays, tant en période hivernale que lors de la nidification :
- Corvus monedula monedula ;
- Corvus monedula spermologus (la plus répandue en France) ;
- Corvus monedula soemmerringii.
Le choucas des tours, un oiseau adapté aux milieux cavernicoles
Préférant les espaces ouverts ponctués de haies et de petits bosquets, il trouve son environnement idéal dans des régions où il peut bénéficier de formations naturelles ou artificielles pour nicher. Il est également attiré par les zones fréquentées par l’homme, puisqu’il niche et passe l’hiver dans des cavités comme des interstices de murs, des pylônes électriques, des clochers ou encore des cheminées. En zones tempérées, il peut évoluer jusqu’à 1 200 mètres d’altitude, et jusqu’à 2 000 mètres en Afrique du Nord.
Un insectivore parmi les corvidés
Le choucas des tours préfère se nourrir d’insectes, surtout lors de la période de reproduction lorsque ces aliments riches en protéines sont en abondance. Il attrape divers invertébrés : araignées, sauterelles, coléoptères, perce-oreilles, blattes, cloportes, mouches, tiques, vers de terre, mollusques, larves, œufs et même oisillons de petits oiseaux ou pigeons. Opportuniste, il n’hésite pas à dérober des œufs ou des pou-lets. Il complète son alimentation avec des graines, des fruits et des céréales, et apprécie aussi les déchets issus de l’activité humaine. Il peut partager des charognes avec d’autres espèces d’oiseaux scavengers.
Un mode de vie en groupe et une vie en communauté
La plupart des choucas des tours ont une vie plutôt sédentaire, sauf dans les régions septentrionales comme la Scandinavie où certains migrent pour échapper à l’hiver. Très sociables, ils forment des colonies considérables avec d’autres oiseaux comme les étourneaux, les corneilles ou encore les mouettes. La nuit, dans les zones urbaines ou rurales, ils se regroupent dans de vastes dortoirs pour assurer leur protection contre les prédateurs. Ces colonies peuvent regrouper des milliers d’individus. La relation de couple est monogame et durable, ces oiseaux restant liés à vie.
La construction de leur nid
Au printemps, entre avril et juin, l’accouplement se produit en cavités naturelles ou aménagées par l’homme. Ces nids, élaborés à partir de brindilles, de feuilles et d’herbes, sont tapissés de divers matériaux comme de la mousse, du bois pourri, des plumes ou des poils. La femelle dépose entre 4 et 6 œufs, qu’elle couve environ 18 jours. Pendant cette période, les deux parents nourrissent les jeunes, qui prennent leur envol vers un mois. La vie en groupe favorise la cohésion familiale, leur permettant de partager toutes leurs activités, jour et nuit.
La conservation et les enjeux liés au choucas des tours
La seule menace directe pour cet oiseau est l’aigle autour des palombes. Bien qu’il ne soit pas considéré comme en danger critique, ses populations ont tendance à diminuer dans plusieurs pays européens. Protégé par diverses mesures — notamment un arrêté ministériel en 1987, une directive européenne sur la protection des oiseaux en 2009 et la convention de Berne — le choucas des tours peut cependant être considéré comme nuisible dans certaines régions, où des interventions telles que la destruction de nids ou l’abattage peuvent être autorisées. Ce n’est pas rare dans certains endroits, où il cause des soucis en bouchant des cheminées avec ses nids ou en pillant les cultures agricoles, notamment le maïs. En Bretagne, par exemple, des tirs sont permis pour limiter sa progression étant donné l’absence de prédateurs naturels. La durée de vie de cet oiseau en liberté est d’environ 13 à 15 ans.