La plus petite des trois espèces de busards que l’on rencontre en Europe de l’Ouest est un migrateur aux longues distances. Que ses parcours débutent dans les régions scandinaves ou en France, il parcourt avec aisance des centaines voire des milliers de kilomètres pour rejoindre ses zones d’hivernage situées en Afrique ou dans le Maghreb. Ce rapace diurne, passionné par la chasse aux petits rongeurs, se distingue par sa capacité à couvrir de vastes territoires lors de ses migrations.
Qu’est-ce que le busard cendré ?
Appelé « Circus pygargus » dans le jargon ornithologique, cet oiseau appartient à la famille des accipitridés, regroupant les grands rapaces diurnes. Unique en son genre, cette espèce ne connaît aucune subdivision ou sous-espèce. Elle constitue l’une des trois variétés de busards en Europe occidentale, aux côtés du busard des roseaux et du busard Saint-Martin. La famille des accipitridés rassemble des aigles, buse, buses et autres rapaces qui ont en commun leur activité en journée, leur vision hyper-perçante, ainsi que leur adaptation à divers habitats à travers le monde, à l’exception de l’Antarctique.
- Un contraste fort entre mâles et femelles, la femelle étant notablement plus grande ;
- Une perception visuelle exceptionnelle pour traquer sa nourriture ;
- Un bec courbé, conçu pour déchirer les chairs de ses proies ;
- Des griffes recourbées, pointues, pour saisir et emporter ses victimes ;
- Pour la plupart des espèces, une reproduction en couple monogame.
Comment identifier le busard cendré ?
Son profil distinctif se manifeste par une silhouette élancée. Avec une taille comprise entre 40 et 50 cm, il se classe comme le plus petit des busards européens, affichant une envergure atteignant 1,15 m. Le poids varie de 300 g chez le mâle à 450 g chez la femelle. La différenciation sexuelle se voit également au niveau du plumage :
- Chez le mâle, le visage et la poitrine arborent une teinte gris clair, avec des nuances plus foncées sur le sommet du crâne. Son dos est d’un gris cendré, caractéristique qui lui vaut son nom, tandis que son ventre blanc, souvent rayé finement, contraste avec ses ailes grisées et ses rémiges noires ;
- La femelle, quant à elle, présente un plumage plus chaotique : tête et cou bruns tachetés de roux, entourés de petites zones pâles. Son dos est d’une teinte brun foncé, et ses parties inférieures prennent une coloration chamois qui peut être marquée par des rayures longitudinales brunes. La queue, brunâtre, présente des bandes sombres lui conférant un aspect très contrasté ;
Où le trouver ?
Ce rapace diurne évolue principalement dans l’écozone paléarctique occidentale. Sa zone de reproduction couvre toute l’Europe, de l’ouest à l’est, ainsi que certaines parties de l’Asie de l’ouest et du Moyen-Orient. Si ses populations sont plus rares en Grande-Bretagne ou dans la région baltique, elles dominent dans d’autres régions, du golfe de Finlande au Maghreb, en passant par la Turquie, le nord de l’Iran, et l’Ouzbékistan.
Où se déplacent-ils pour l’hivernage ?
Solitaires par nature, les busards cendrés migrent dès la fin de l’été et le début de l’automne. Deux principaux points d’hivernage se démarquent : d’un côté, la population européenne, qui rejoint l’Afrique sub-saharienne, et de l’autre, une population plus orientale, qui migre vers l’Inde ou le Sri Lanka.
- Les oiseaux d’Europe (incluant la Russie) quittent leur aire de reproduction pour s’installer dans une bande allant de la côte atlantique ouest-africaine jusqu’à la péninsule arabique, en passant par la Corne de l’Afrique. La zone hivernale comprend aussi l’Afrique du Sud ;
- Les populations provenant de l’est de l’aire, notamment autour de la mer Caspienne ou dans les régions d’Asie centrale, migrent vers l’Inde et ses environs.
Quels habitats privilégient-ils ?
La préférence habitat du busard cendré varie selon la saison :
- En période de reproduction, il privilégie les zones ouvertes comme les steppes, prairies, landes ou roselières non inondées. L’impact des activités agricoles, notamment les cultures céréalières et la fauche, met cependant ses nids à risque ;
- Lors de ses migrations ou durant l’hivernage, il occupe un plus large éventail de paysages. Outre les zones herbacées classiques, il peut s’adapter à des milieux semi-désertiques, même à des altitudes pouvant atteindre 4000 mètres dans certaines régions africaines, où il trouve des terrains ouverts à la végétation clairsemée.
Comment se reproduit le busard cendré ?
La saison de nidification commence souvent avec le mâle, qui revient en priorité sur le site de l’année précédente. Le couple, formé à vie, se manifeste lors de vols acrobatiques avec des figures en boucles et de rapides piqués. La nourriture qu’il apporte à la femelle lors de cette période est un autre signe de la volonté de renforcer leur union. La femelle construit un nid simple, directement au sol, dans une zone de végétation dense, à l’aide d’herbes et de petits bois. La structure peu profonde accueille la ponte de trois à cinq œufs, souvent blancs ou bleuâtres, pondus tous les deux ou trois jours. La période d’incubation se prolonge environ cinq semaines, la femelle assurant seule la couvaison, tandis que le mâle la nourrit.
Comment s’élèvent les jeunes ?
La naissance des poussins n’est pas synchronisée, et ces derniers naissent nus et aveugles, dépendants des soins parentaux. Le père, souvent, leur apporte des proies variées : petits mammifères, insectes, parfois des reptiles. À partir de deux semaines, ils commencent à explorer l’environnement proche du nid, puis à voler après un mois environ. Leur apprentissage de la chasse et du vol se poursuit pendant plusieurs semaines, sous la surveillance parentale. Vers 2 à 3 mois, ils deviennent autonomes et quittent leur territoires pour en établir de nouveaux. La maturité sexuelle est généralement atteinte entre 2 et 3 ans.
Que mange-t-il ?
Son régime se concentre principalement sur des petits mammifères comme les campagnols, mulots ou rats. Il en fait une priorité lors de ses sorties de migration. En complément, il se nourrit aussi de lapins, de lièvres, d’oiseaux de petite taille comme les passereaux ou certains oiseaux aquatiques, ainsi que de leurs œufs et jeunes. La nourriture à base d’insectes est essentielle durant l’été, en particulier les sauterelles, scarabées et papillons. Lors d’hivernage, il peut également consommer de petits reptiles ou, occasionnellement, quelques amphibiens.
Quelles méthodes de chasse privilégie-t-il ?
Le busard cendré maintient une routine de chasse qui consiste à survoler à faible altitude les prairies, les champs ou zones humides. Il utilise la finesse de ses longues ailes pour planer silencieusement, détectant la moindre activité au sol. Lorsqu’il repère une proie, il plonge en piqué pour l’attraper avec ses serres. Après l’avoir saisie, il peut la transporter vers un perchoir ou une zone sûre afin de la manger tranquillement. Son rôle dans l’écosystème est crucial puisqu’il aide à réguler les populations de petits mammifères et d’insectes, participant ainsi au maintien de l’équilibre environnemental.
Le busard cendré est-il en danger ?
La survie de cette espèce est compromise par la prédation par d’autres animaux, notamment les renards ou les sangliers, ainsi que par certains rapaces concurrents comme les milans. En Europe, ses populations ont fortement diminué, mais sa situation reste classée comme « préoccupation mineure » selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Les principales menaces qui pèsent sur lui comprennent la destruction de ses sites de nidification lors des activités agricoles, la raréfaction de ses proies naturelles telles que les campagnols, ainsi que l’usage de pesticides toxiques dans ses zones d’hivernage ou de reproduction.
Protégé par la loi ?
En France, toutes les espèces de rapaces, y compris le busard cendré, bénéficient d’une protection stricte inscrite dans la loi du 10 juillet 1976, renforcée par l’arrêté d’application de 1981. La conservation de leur population est aussi soutenue par leur inclusion dans l’annexe I de la Directive Oiseaux de l’Union européenne. Il est interdit de capturer, mutiler, tuer ou déranger ces oiseaux, de détruire leurs nids ou œufs, ou encore de perturber leur habitat. La détention, la vente ou le transport sans autorisation sont également prohibés. Bien que leur espérance de vie moyenne tourne autour de 10 à 15 ans, beaucoup d’individus ne dépassent pas leur première année en raison des dangers mentionnés.