Le nom du balbuzard pêcheur ne doit rien au hasard. Totalement spécialisé dans la consommation de poissons, il chasse dans des eaux cristallines où ses proies sont facilement repérables. Ce beaurapace, dont le plumage présente des contrastes saisissants, est particulièrement remarquable par ses couleurs vives et sa silhouette élancée.
Profil du balbuzard pêcheur
Connu sous le nom scientifique Pandion haliaetus, ce rapace diurne appartient à la famille des Pandionidés, dont il est le seul représentant. Sa silhouette mesure généralement entre 50 et 60 centimètres, avec une envergure qui peut atteindre de 140 à 170 centimètres, et un poids oscillant entre 1,2 et 2 kilogrammes. La femelle est en général plus volumineuse que le mâle. On distingue quatre sous-espèces différentes : la première, Haliaetus, niche dans tout le Paléarctique, y compris en France continentale, et migre vers l’Afrique, les Philippines et l’Indonésie pour l’hiver. La seconde, Carolinensis, se reproduit en Amérique du Nord et migre vers l’Amérique centrale et du Sud. La troisième, Ridgwagi, vit toute l’année dans des régions comme le Yucatán, le Belize et plusieurs îles des Caraïbes. Enfin, la quatrième, Cristatus, réside en Australie et dans certains archipels du Pacifique, dont la Nouvelle-Calédonie.
Un oiseau aux couleurs saisissantes
Doté d’un corps gracieux, le balbuzard possède des ailes longues, fines et légèrement courbées, avec des rémiges et des poignets d’un noir intense. Sa queue courte, carrée, est zébrée de taches grisâtres et noires, tandis que son dos et ses ailes arborent une teinte brune foncée. Son ventre blanc, marqué d’une barre pectorale sombre, contraste nettement avec le reste de sa silhouette. La tête, fine et claire, présente un bandeau noir et des yeux jaunes perçants. Son bec crochu, noirâtre ou parfois gris-bleu à la base, est parfaitement adapté à sa technique de chasse. Les pattes, mollement dénudées, portent des doigts très puissants terminés par des serres courbées et acérées. À l’exception de ses différences de poids, la femelle se distingue aussi par un large collier brun-gris ou roux, souvent absent ou peu marqué chez le mâle.
Présence du balbuzard en France
Réparti sur presque tous les continents sauf l’Antarctique, le balbuzard préfère les régions boréales et tempérées de l’hémisphère nord, ainsi que les zones tropicales d’Amérique latine, d’Asie du Sud-Est et d’Australie. En Europe, il se voit principalement en Scandinavie et en Écosse. Dans l’Hexagone, il niche surtout en Corse et dans le centre de la France. Arrivant en hiver depuis ses régions plus nordiques, il migre vers des zones plus chaudes comme l’Afrique du Nord ou le Moyen-Orient, laissant ses colonies méditerranéennes en place. Sa prédilection pour les eaux peu profondes et calmes l’amène à fréquenter de nombreux habitats aquatiques — lacs, étangs, rivières — et aussi les côtes maritimes.
La technique de pêche du balbuzard dans les eaux limpides
Ce rapace ne chasse qu’en capturant des poissons, qu’il repère en survolant des eaux claires et paisibles. Lorsqu’il repère sa proie, il se prépare à piquer en déployant ses ailes pour plonger vers la surface. Avec ses longues pattes tendues et ses serres bien ouvertes, il s’approche à grande vitesse avant de saisir sa victime. Sa tête plongée dans la surface, il déploie ses ailes pour ralentir sa chute, attrape le poisson avec ses griffes puissantes, puis remonte vers son nid pour le dévorer. En période de pénurie, il n’hésite pas à compléter son alimentation avec de petits mammifères, amphibiens, reptiles, insectes et crustacés.
La parade nuptiale du mâle
En couple, le balbuzard pratique la monogamie durant la saison de reproduction, mais se sépare souvent lors de la migration. Ils peuvent nicher en colonies lâches, avec des nids espacés de quelques centaines de mètres. Les jeunes, plus particulièrement les mâles, ont tendance à revenir sur leur lieu de naissance pour se reproduire, un comportement appelé philopatrique. Au retour de la saison, le mâle construit ou répare ses nids, qu’il exhibe fièrement en fin de journée pour attirer une partenaire. Lors des parades, il s’élève rapidement en tenant un poisson entre ses serres, puis effectue un vol stationnaire pour montrer son trophée avant de plonger avec ses ailes repliées. Si la femelle accepte son offrande, ils peuvent alors s’accoupler.
Les soins apportés aux jeunes
Les balbuzards utilisent différents supports pour bâtir leurs nids : falaises, arbres ou pylônes électriques. Leurs constructions lourdes peuvent dépasser un mètre de diamètre. Au printemps, la femelle pond généralement trois œufs crème tachetés de brun, qu’elle couve pendant près de 5 semaines. À leur sortie, les poussins restent sous la protection de leur mère pendant environ 6 semaines. Pendant ce temps, le mâle s’occupe principalement de leur alimentation, en apportant de la nourriture pendant que la mère s’occupe des jeunes. Lorsqu’ils ont entre 7 et 8 semaines, les jeunes prennent leur envol petit à petit, et à mesure qu’ils grandissent, ils accompagnent leurs parents pour apprendre à pêcher. Lors de leur émancipation, vers 12 semaines environ, ils deviennent totalement autonomes. La plupart des balbuzards ne se reproduisent pas avant leur troisième année.
Le balbuzard, un oiseau aujourd’hui en voie de rétablissement
Surnommé autrefois le « pilleur » des étangs, le balbuzard a longtemps subi une forte persécution. La loi française de 1883 le classait comme gibier nuisible, avec une prime offerte pour chaque individu abattu. La chasse intensive l’a fait disparaître de la plupart du territoire continental dans la première moitié du XXe siècle, ne laissant que quelques couples en Corse, par exemple, en 1974. Aujourd’hui considéré comme vulnérable sur la liste rouge des oiseaux nicheurs en France, il bénéficie de mesures de protection qui permettent à sa population de se reconstituer progressivement. Si sa longévité peut atteindre 25 ans, la mortalité est élevée durant la première année : près de la moitié des jeunes nés ne survivent pas à leur premier hiver.