L’aigle de Bonelli, adepte des paysages rocheux ensoleillés et des terrains escarpés, incarne un symbole des zones méditerranéennes. C’est un rapace qui préfère rester discret et farouche, évitant tout contact avec l’homme, ce qui rend son observation en milieu sauvage particulièrement difficile. Dans cette exploration, nous découvrons un oiseau de proie qui prend soin de sa progéniture avec diligence, tout en étant confronté à une menace d’extinction en France.
Qui est l’aigle de Bonelli ?
Appelé aussi Aquila fasciata, cet oiseau appartenant à la famille des Accipitridés est présent sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique. Il partage avec ses proches certaines caractéristiques : une différenciation marquée entre les sexes, avec la femelle plus grande que le mâle ; une vision binoculaire très développée pour chasser efficacement ; un bec crochu tranchant capable de déchiqueter la viande ; des serres puissantes recourbées pour saisir et manipuler ses proies ; et un mode de reproduction essentiellement monogame dans la majorité des cas.
Comment reconnaître l’aigle de Bonelli ?
Mesurant entre 55 et 65 cm avec une envergure pouvant atteindre 180 cm, cet oiseau présente une différence de taille notable entre mâles et femelles : ces dernières étant plus lourdes, oscillant entre 2 et 2,5 kg, contre 1,5 à 2 kg pour les mâles. Sa tête large est ornée d’yeux jaunes perçants, et son bec crochu, gris foncé à noir au bout, est caractéristique des rapaces. Ses pattes, solides, sont ornées de plumes jusqu’à la base des doigts, et ses serres robustes lui permettent d’agripper ses proies avec précision. Son plumage se compose d’un dos et d’ailes brun foncé, d’une poitrine blanche avec des stries brunes, et des parties inférieures principalement blanches avec des rayures sombres. La queue porte généralement des bandes noires et blanches. Chez les jeunes, le plumage est plus clair, mêlant brun clair et fauve, s’assombrit avec l’âge.
Où vit l’aigle de Bonelli ?
Sa distribution couvre une vaste zone allant de l’Europe à l’Asie en passant par l’Afrique du Nord. En Europe, l’Espagne et le Portugal concentrent la majorité de ses populations, représentant près de 90 %. En France, il se trouve surtout dans le sud-est, notamment en Provence et dans les Alpes-Maritimes. Dans le reste de l’Union européenne, on le retrouve en Grèce et en Italie. Sa présence s’étend également dans plusieurs régions du Maghreb, au Moyen-Orient, dans le sous-continent indien, ainsi qu’au sud-est asiatique, jusqu’en Indonésie, en Chine et en Thaïlande.
Quel est son habitat préféré ?
Vivent dans des zones qui leur permettent d’affronter la chaleur méditerranéenne, notamment dans des terrains variés. Leur lieu de prédilection reste les reliefs de basse altitude, exposés et comportant des falaises où ils construisent leurs nids. Ces oiseaux privilégient aussi des zones ouvertes où ils peuvent chasser efficacement, comme les garrigues, les zones boisées clairsemées, ou les terres agricoles. Dans les régions montagneuses de leur aire de répartition, ils peuvent atteindre des altitudes supérieures à 3500 mètres, surtout dans l’est de leur territoire.
Que mange l’aigle de Bonelli ?
Progressant dans son régime alimentaire, ce rapace opportuniste se nourrit principalement de petits et moyens vertébrés. Il chasse des mammifères tels que les lapins, les rongeurs comme les rats ou les souris, mais peut aussi attraper des lièvres ou des écureuils. Il se délecte également d’oiseaux divers comme pigeons, perdrix ou mouettes, ainsi que de reptiles, notamment des grands lézards ou serpents. En période de pénurie, l’aigle peut se rabattre sur des amphibiens ou des poissons. Il attaque principalement en volant à faible altitude ou en piquant depuis une perchée élevée, faisant preuve de persévérance dans sa poursuite de la proie.
Quel est le tempérament de l’aigle de Bonelli ?
Connu pour son attitude très territoriale et défensive, cet oiseau se montre agressif lorsqu’il doit défendre ses nids et ses petits. Il n’hésite pas à repousser des intrus, y compris d’importants rapaces comme l’aigle royal. Son comportement solitaire se manifeste aussi en dehors de la période de reproduction, chaque couple installé dans un secteur isolé, avec peu ou pas de voisinage. Sa discrétion et son mode de vie perché dans des endroits élevés le rendent difficile à observer dans son environnement naturel. Sa nature indépendante en repoussent souvent la captivité et l’élevage en captivité, contrairement à d’autres rapaces comme le faucon pèlerin ou l’épervier d’Europe.
Comment se reproduit l’aigle de Bonelli ?
Depuis toujours, cette espèce tisse un lien monogame, formant un couple qui dure toute la vie. La parade nuptiale, qui débute dès l’automne, comprend des envolées acrobatiques, des spirales dans le ciel et des échanges de proies en vol. Les deux partenaires construisent un nid sur des falaises escarpées ou dans de grands arbres, souvent dans des zones reculées difficiles d’accès. Il n’est pas rare qu’ils réutilisent le même nid année après année, en le renforçant. La structure est principalement composée de branches et de végétation, puis recouverte de feuillages frais. La femelle pond généralement deux œufs, insérés dans un incubation de près de 38 jours, durant laquelle le mâle se charge de la défense et de l’apport de nourriture.
Comment élèvent-ils leurs aiglons ?
Lors de l’éclosion, les œufs ne sortent pas simultanément, ce qui peut entraîner une compétition entre les jeunes, celui ou ceux qui naissent en même temps ayant souvent un avantage pour la nourriture. Au début, la mère reste sur le nid pour protéger les petits, tandis que le père chasse et nourrit la famille. Progressivement, les deux parents participent au nourrissage, apportant des proies dépecées à la nichée. Les aiglons restent au nid pendant environ deux à deux mois et demi, durant lesquels ils développent leur plumage et gagnent en vigueur. Après leur premier envol, ils restent encore plusieurs semaines à proximité, dépendant des adultes pour leur apprentissage de la chasse, avant de rejoindre leur propre territoire de façon indépendante.
L’aigle de Bonelli est-il une espèce menacée ?
Malgré une baisse globale de ses effectifs depuis les années 1970, l’aigle de Bonelli bénéficie d’un statut mondial de « préoccupation mineure » selon la liste rouge de l’UICN. Cependant, en France, il est considéré comme en danger critique. Plusieurs menaces pèsent sur cette espèce, notamment la destruction de nids par des tirs illégaux, les collisions avec des lignes électriques, le délabrement de son habitat, la raréfaction de ses proies, ou encore le dérangement causé par des activités humaines telles que l’escalade ou le survol par des avions. La persistance de quelques dizaines de couples dans l’Hexagone soulève de graves inquiétudes quant à son avenir, qui reste incertain.
Est-ce une espèce protégée ?
Protégé par de nombreux textes internationaux et nationaux, cet oiseau bénéficie d’un statut de conservation renforcé. Inscrit à l’Annexe I de la directive Oiseaux de l’Union européenne, il est aussi protégé par plusieurs conventions telles que celles de Berne, Bonn et CITES. En France, la législation interdit formellement toute perturbation, capture ou destruction de ses nids et œufs, avec une réglementation stricte pour la conservation. La mise en œuvre d’un Plan national d’actions vise à réduire les causes de mortalité, restaurer ses habitats, limiter les dérangements et suivre la population. Bien que sa durée de vie moyenne en milieu naturel oscille entre 10 et 15 ans, certains individus atteignent et dépassent 20 ans dans des conditions favorables.