Surmulot ou rat d’égout : tout savoir sur cette espèce et ses habitudes

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Que l’on désigne cet animal sous le nom de rat d’égout ou surmulot, il s’agit en réalité du même rongeur. En été 2022, sa forte croissance démographique et les désagréments qu’il provoque dans la capitale ont été abordés lors d’un conseil municipal très médiatisé. Cependant, il apparaît que nos sociétés ont de plus en plus de difficultés à évoquer ouvertement la nuisance que ces animaux peuvent représenter, probablement par sentiment de culpabilité envers une nature perçue comme fragilisée par les experts. Cet article se propose d’explorer le rat d’égout sous tous ses aspects afin de mieux connaître sa vraie nature.

Origine du rat d’égout

Le rat d’égout, appelé scientifiquement Rattus norvegicus, aussi connu sous le nom de rat brun, provient initialement d’Asie orientale, notamment du Japon, de Chine et de Russie. Son arrivée en Europe remonte au IXe siècle, introduite par les Vikings, ce qui explique son nom scientifique. De nos jours, cette espèce est présente sur presque tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.

Description du rat d’égout

Un rat d’égout adulte possède une longueur comprise entre 19 et 26 cm, sans compter sa queue annelée et peu poilue, qui fait entre 17 et 23 cm. Sa robe est généralement d’un brun-gris, confondant parfois sa silhouette avec celle du rat noir, dont la différence principale réside dans la longueur de sa queue, plus longue que son corps. À maturité, son poids oscille entre 250 et 500 grammes, avec une tendance chez le mâle à être légèrement plus massif. Ses petites oreilles et ses yeux rouges ou noirs lui donnent une apparence caractéristique. Chaque patte possède cinq doigts, dont les plus souvent mobilisés sont ceux des membres antérieurs pour faire leur toilette ou manipuler leur nourriture. Le museau pointu, orné de vibrisses, leur sert d’aide pour se repérer dans l’obscurité.

Ce rongeur est doté d’une musculature robuste, lui permettant d’atteindre des vitesses impressionnantes : il peut courir rapidement et sauter jusqu’à 1 m en hauteur ou plus d’1,20 m en longueur. Expert nageur, il peut parcourir des distances allant jusqu’à 800 mètres.

Alimentation du rat d’égout

Omnivore, le rat d’égout consomme aussi bien de la viande que des fruits ou des céréales. Sa capacité d’adaptation le rend opportuniste : il modifie son régime selon ce qu’il trouve dans son environnement. Ainsi, un rat évoluant en zone rurale privilégiera principalement les grains, tandis que celui en milieu urbain se tournera davantage vers les déchets alimentaires. Lorsqu’il dispose de suffisamment de ressources, il peut ingérer chaque jour l’équivalent de 10 % de son poids.

Son instinct de prudence est très développé ; il hésite à goûter toute nouvelle nourriture. Cependant, si un sujet du groupe valide un nouvel aliment, celui-ci devient rapidement une ressource partagée. La hiérarchie sociale favorise généralement les individus subalternes à tester les nouveautés en premier, hésitant souvent plusieurs jours avant d’adopter un nouveau produit.

Habitat du rat d’égout

Bien que la présence en zone urbaine soit prédominante, le rat d’égout ne se limite pas aux réseaux souterrains. En été, il peut explorer les champs environnants, mais il revient vers la ville dès que la saison froide s’installe, appréciant la chaleur urbaine. Il installe ses galeries dans des maisons, souvent dans des trous existants ou qu’il creuse lui-même dans les murs ou sous le plancher. On le retrouve aussi dans les greniers, caves, égouts ou jardins, où il creuse des terriers. Son organisation sociale est telle qu’il construit toujours plusieurs issues pour échapper rapidement en cas de danger.

Ses activités nocturnes laissent toutefois des traces visibles, témoignant de sa présence : excréments de tailles variables, empreintes de pas, trous dans les emballages ou cartons, et morceaux de papier journal utilisés pour ses nids. Une forte odeur de musc ou d’ammoniaque peut aussi trahir sa présence.

En captivité, la durée de vie d’un rat d’élevage se situe entre 2 et 3 ans et demi, tandis qu’en milieu sauvage, elle ne dépasse généralement pas un an et demi, en raison de la vigilance constante des humains à leur égard. La rapidité avec laquelle il se reproduit en fait un rongeur extrêmement prolifique : un seul mâle peut avoir plusieurs femelles, et une femelle peut donner naissance jusqu’à 6 fois par an à des portées de 3 à 12 petits, que l’on appelle ratons. Ces derniers naissent sans poils, aveugles et entièrement dépendants de leur mère, qu’ils pèsent à peine 5 grammes à la naissance. Leur poids augmente rapidement – jusqu’à multiplier par dix ce qu’ils pesaient à la naissance – en trois semaines, puis ils commencent à se sevrer et apprennent au bout de deux à trois semaines à se comporter comme les autres membres du groupe.

Le rat d’égout, vecteur de maladies

Ce rat est souvent mal perçu à cause de sa réputation de porteur de divers agents pathogènes responsables de maladies graves. La peste, tristement célèbre, se transpose aujourd’hui principalement d’une transmission par les puces qui parasites ces rongeurs, plutôt que par le rat lui-même. Activement rarissime dans nos régions, cette maladie persiste dans certaines zones en Afrique et en Asie.

Plus inquiétante encore est la leptospirose, infection bactérienne se transmettant via l’urine des rats ou d’autres animaux. Elle peut s’avérer bénigne ou évoluer en insuffisance rénale, voire conduire à la mort. La bactérie peut survivre longtemps dans l’environnement, rendant sa lutte difficile. Les symptômes, proches de la grippe, compliquent aussi le diagnostic : frissons, maux de tête, douleurs articulaires. En milieu urbain, on estime que près d’un rat sauvage sur deux porte la bactérie, ce qui représente un risque pour les animaux domestiques et les humains, avec environ 600 cas par an en France, surtout chez ceux qui travaillent dans les zones humides ou souterraines, pour lesquels la vaccination est préconisée.

La salmonellose, causée par la bactérie responsable de la salmonelle, est également connue. Elle provoque des troubles digestifs comme diarrhée, fièvre et crampes en quelques heures à deux jours après infection. La majorité des malades se rétablissent sans hospitalisation, mais les populations vulnérables, comme les enfants ou les femmes enceintes, peuvent connaître des complications graves. La contamination peut aussi toucher les poulaillers et se transmettre via des porteurs sains ou des personnes guéries qui excrètent encore la bactérie plusieurs semaines.

Un autre agent infectieux moins connu est la bactérie Streptobacillus moniliformis, responsable de la fièvre de la morsure du rat. Si une morsure guérit rapidement, une maladie grave peut apparaître, avec fièvre, vomissements et douleurs, pouvant entraîner la mort en absence de traitement antibiotique rapide. La majorité du temps, les rats évitent le contact avec l’homme, fuyant et mordant seulement en dernier recours.

Le rat peut aussi véhiculer divers parasites, comme le ténia ou certains virus. Parmi eux, l’hantavirus est particulièrement dangereux : transmis par contact avec ses excréments, il peut provoquer un syndrome pulmonaire grave avec un taux de mortalité de 40 %, nécessitant souvent une hospitalisation intensive. Ses symptômes débutent comme une grippe, mais évoluent rapidement vers des atteintes pulmonaires, rénales et cardiaques.

Outre ses risques sanitaires, le rat peut causer d’importants dégâts matériels : ronger papiers, bois, tuyaux et câbles électriques. Certains métaux mous comme le cuivre, l’étain ou le plomb sont également vulnérables à ses dents. Cependant, certaines personnes valorisent leur rôle d’éboueur naturel, puisqu’ils éliminent chaque année environ 800 tonnes de déchets dans les égouts parisiens, selon des organismes comme Tendances et animaux.

La vie sociale et l’intelligence du rat d’égout

Les interactions sociales du rat d’égout sont très structurées, contrairement à celles de ses cousins, comme le rat noir. Un mâle dominant contrôle une troupe pouvant aller jusqu’à 200 membres, mais la moyenne se situe généralement entre 40 et 60 individus. Leur unité repose principalement sur une odeur spécifique propre à chaque groupe. La domination du mâle est régulièrement contestée, ce qui peut entraîner des affrontements violents. La communication se fait principalement par ultrasons, inaudibles pour l’oreille humaine, ainsi que par des gestes exprimant différentes émotions.