Pour bon nombre d’entre nous, l’Oryx évoque immédiatement la silhouette emblématique des plaines africaines. Sa physionomie singulière, notamment ses longues cornes droites, permet de l’identifier instantanément. Analysons de manière approfondie cet animal fascinant pour mieux le connaître.
Les différentes espèces d’Oryx
Appartenant à la famille des bovins, l’Oryx est souvent confondu avec certaines antilopes. Cependant, il ne fait pas partie de la sous-famille des Antilopinés, qui regroupe principalement les vraies Antilopes et les Gazelles, mais appartient à celle des Hippotraginés, aux côtés de créatures comme l’Addax et l’Hippotragus.
Ces animaux évoluent principalement en Afrique, mais leur présence s’étend également dans la péninsule arabique. Quatre espèces distinctes d’Oryx existent aujourd’hui à l’échelle mondiale.
L’Oryx beisa, que l’on désigne aussi comme Oryx d’Afrique de l’Est, est principalement présente dans les zones de steppe et de semi-désert de la Corne de l’Afrique, notamment en Tanzanie. Elle se divise en deux sous-espèces : l’Oryx beisa beisa et l’Oryx beisa callotis, surnommé Oryx aux oreilles frangées.
Une autre espèce notable est l’Oryx gazella, réputée pour être la plus connue et que nous évoquerons en fin d’article. Elle habite surtout les dunes désertiques allant de la Namibie aux savanes arides du Kalahari.
La troisième forme, appelée l’Oryx dammah ou Oryx algazelle, ne survit malheureusement plus à l’état sauvage. Originellement, il se cabriolet dans les zones désertiques sableuses et rocheuses du sud du Sahara, allant de la Mauritanie jusqu’à la Libye. Contrairement à son cousin l’Addax, il évitait de s’aventurer dans le cœur même du désert. Aujourd’hui, il peut être observé dans des réserves au Maroc, en Tunisie et au Sénégal.
Enfin, le dernier représentant reconnu est l’Oryx d’Arabie (Oryx leucoryx), le plus petit de la famille et le seul à n’occuper que la péninsule arabique. Il a été gravement menacé de disparition, notamment après la montée de la chasse au début des années 1950 facilitée par la montée en puissance des armes à feu et des véhicules motorisés. Ce n’est qu’après plusieurs décennies de conservation, avec des populations élevées en captivité, que des efforts de réintroduction ont été engagés, notamment en Jordanie et en Oman. La population en captivité continue de croître, avec plus d’un millier d’individus aujourd’hui. Le centre de reproduction basé à Taïf, en Arabie Saoudite, joue un rôle central dans cette démarche de relance.
Une tolérance remarquable à la sécheresse et à la déshydratation
Les différentes espèces d’Oryx démontrent une capacité extraordinaire à résister à des températures extrêmes. Elles peuvent survivre durant plusieurs mois en se passant d’eau fraîche. Néanmoins, lors des pics de chaleur, il leur arrive de rechercher l’ombre pour se protéger, si cela est possible.
Des recherches ont mis en évidence que l’Oryx algazelle possède une résilience dépassant même celle du dromadaire. Il peut s’alimenter dans des pâturages clairsemés, délaissés par d’autres animaux, et bénéficie d’une capacité particulière à percevoir des changements d’humidité dans l’air, lui permettant d’anticiper le passage de fronts humides sur son territoire. Cette aptitude constitue une adaptation essentielle à son environnement, où les précipitations sont souvent localisées et rares.
La qualité de son alimentation est déterminante pour sa survie. Sa diète évolue selon la saison : de juin à octobre, il consomme principalement des plantes annuelles riches en eau, dont la proportion dépasse généralement 50 %. Quand la saison sèche s’installe, ces pâturages disparaissent, mais la nuit, le refroidissement favorise la condensation sur certaines plantes glanduleuses à poils. Les Oryx profitent alors de ces ressources nocturnes. Le matin, ils sélectionnent soigneusement de jeunes pousses vertes, qu’ils broutent après avoir limité leurs activités durant les heures de forte chaleur. La nuit est aussi leur période privilégiée pour parcourir leur territoire à la recherche de nourriture.
Un élément clé dans leur alimentation est la Coloquinte sauvage (Colocynthis vulgaris Schrad.), dont les fruits, même morts, restent longtemps comestibles. Leur pulpe, légèrement hydratée, est une ressource précieuse. En cas de sécheresse prolongée, ils déplacent leur zone de recherche vers le sud, où ils croisent parfois des humains à la recherche de ressources.
Focus sur l’Oryx gazelle
L’Oryx gazelle se distingue par son allure élégante. Son pelage court, d’une teinte brun-gris clair, exhibe de larges marques noires le long des flancs, sur les jambes et la tête. C’est la variété la plus courante au sein du groupe des Oryx.
Sa longueur totale varie entre 1,60 et 1,90 m, sa queue mesure entre 45 et 90 cm, et sa hauteur au garrot oscille de 1,10 à 1,25 m. Le poids adulte d’un mâle tourne autour de 200 kg en moyenne, tandis que la femelle, un peu plus légère, ne dépasse généralement pas 190 kg. Ses cornes droites et pointues, de 85 à 100 cm, forment un V écarté.
Cette espèce peut atteindre jusqu’à 15 ans en liberté, et vivre jusqu’à 24 ans en captivité. Bien qu’elle possède une puissance certaine, elle privilégie la fuite en cas de danger, pouvant atteindre 70 km/h. Son principal prédateur est le lion, mais elle doit aussi redouter la hyène, le léopard, la guépard et le lycaon. Les jeunes sont particulièrement vulnérables à ces menaces. En cas d’attaque, la force de ses cornes lui permet parfois de repousser un lion en les plaçant horizontalement, pour le transpercer.
Elle se nourrit principalement de graminées, de fruits comme le melon tasma, mais aussi de racines, tubercules et concombres, riches en eau. La température corporelle de cet animal peut atteindre 45°C, lui conférant une remarquable tolérance à la chaleur.
Organisés en groupes de 6 à 12 membres, ces animaux vivent parfois en troupeaux beaucoup plus nombreux, composés uniquement de femelles et de juvéniles. Les mâles, quant à eux, vivent séparément et seuls certains sont territorialistes. Lors des affrontements pour une femelle, les blessures graves restent rares. La reproduction peut avoir lieu tout au long de l’année, avec une seule naissance par femelle, généralement après une gestation de 9 à 10 mois. La femelle se retire à l’ombre pour mettre bas, pendant qu’un mâle assure la surveillance. En quelques jours, le jeune peut suivre sa mère, s’éloignant rapidement pour échapper aux prédateurs.
Actuellement, leur population estimée tourne autour de 375 000 individus, et elle connaît une stabilité qui ne chiffre pas leur risque d’extinction. La situation de cet Oryx reste donc globalement favorable.