Organisation et Techniques de la Chasse chez les Orques

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Crédit photo : Callan Carpenter

Les épaulards, aussi connus sous le nom d’orques (Orcinus orca), figurent parmi les plus imposants prédateurs présents dans l’environnement marin. Leur réputation de chasseurs hors pair repose sur des stratégies sophistiquées, fruits d’une intelligence avancée et d’un sens de l’organisation remarquable. Ce guide vous propose de plonger au cœur de leur comportement, afin de mieux comprendre ces animaux fascinants et leurs méthodes de prédation.

Interaction et synchronisation

Le succès des orques en tant que chasseurs réside essentiellement dans leur aptitude à échanger des informations et à agir de concert. Elles se servent d’un large éventail de sons pour coordonner leurs mouvements. Leur répertoire vocal comprend des cris qui varient en fréquence, en durée et en tonalité, chaque groupe développant un dialecte propre, semblable à une signature sonore leur permettant de distinguer leurs membres.

Les sifflements constituent un autre moyen de communication privilégié, surtout lors de contacts rapprochés, pour rester en lien avec les jeunes ou entre membres dispersés d’un groupe.

Les cliquetis, quant à eux, sont employés lors des opérations d’écholocation, leur permettant de repérer et d’identifier objets ou proies situés à proximité ou en profondeur.

Les comportements visuels jouent aussi un rôle, avec des sauts hors de l’eau ou des battements de nageoire qui signalent leur présence ou leur état d’excitation. Ces gestes peuvent servir à indiquer leur position, à exprimer leur état de jeu ou de stress, ou encore à désorienter leurs proies durant la chasse.

Les interactions sociales sont souvent renforcées par le frottement corporel, un comportement qui semble participer au maintien des liens du groupe.

Enfin, leur langage corporel, comprenant plusieurs postures et mouvements, traduit souvent leurs intentions, leur humeur ou leur statut au sein de la communauté.

Les cibles de la chasse des épaulards

Le régime alimentaire des orques est très varié, modulé par leur habitat et leur groupe social. Voici un aperçu des principales espèces qu’elles chassent.

Dans le nord-est du Pacifique, elles se distinguent par leur spécialisation dans la capture du saumon, notamment les chinooks et les rouges. Leur menu comprend aussi maquereaux, harengs, et d’autres poissons pélagiques, qu’elles parcourent sur de longues distances à la recherche de nourriture.

Certaines populations incluent également des céphalopodes, comme les poulpes et les calmars, dans leur alimentation, bien que ces données soient moins documentées.

Les phoques et otaries font partie des proies favorites, leur riche couche de graisse étant une ressource énergétique essentielle, surtout dans les régions aux températures froides. Leur quantité élevée d’énergie stockée permet aux épaulards de soutenir leur propre thermorégulation et de faire face aux périodes moins prolifiques. La chasse à ces mammifères marins est particulièrement efficace, puisque leur capture fournit une quantité importante de nourriture en un seul effort, limitant la fréquence des chasses.

De temps à autre, les orques s’attaquent également aux morses, aux dauphins ou aux marsouins. Parmi les cibles de choix, on trouve aussi les jeunes ou malades de baleines, telles que la baleine grise ou la baleine à bosse, ainsi que, plus exceptionnellement, des tortues marines.

Évolution des stratégies de chasse

La diversité des proies impose aux orques d’adopter différentes techniques de chasse, adaptées à chaque type de prédateur. Leur capacité à modifier leurs méthodes témoigne d’un haut niveau d’intelligence, d’une aptitude à apprendre, et de leur faculté à transmettre ces savoirs au sein du groupe.

Dans les eaux froides du Nord, elles forment des formations en cercle en créant des bulles pour concentrer les harengs en bancs denses, facilitant ainsi leur capture.

Pour déloger des phoques reposant sur la glace, elles génèrent une vague en nageant en formation serrée sous la surface, faisant tomber ces animaux dans l’eau.

Lorsqu’elles poursuivent des proies plongeantes, comme certains poissons ou calmars, elles plongent à des profondeurs pouvant atteindre 100 mètres, mais elles peuvent aller bien plus bas, jusqu’à 200 ou 300 mètres, voire dépasser 1000 mètres dans des cas exceptionnels.

Une technique risquée, souvent observée chez les épaulards de Patagonie, consiste à s’échouer temporairement sur le rivage afin de capturer des otaries ou des lions de mer. Ces chasseurs évaluent les côtes à la recherche de proies proches de la surface, s’approchent discrètement, puis se propulsent hors de l’eau pour saisir leur cible. La précision et la rapidité sont cruciales, car cette méthode comporte un risque d’échouement définitif si l’animal ne retourne pas rapidement en mer, tout en nécessitant une coordination parfaite pour éviter les blessures dues au frottement contre le sable ou les rochers.

Transmission des savoirs et apprentissage

Les différentes techniques de chasse ne sont pas innées chez les épaulards, mais s’apprennent et se transmettent de génération en génération. Chaque groupe ou région peut développer ses propres méthodes en fonction de ses proies favorites.

Les jeunes passent beaucoup de temps à observer les adultes plus expérimentés, notamment leur mère, afin d’acquérir les compétences essentielles à leur survie. La culture de chasse chez les orques repose ainsi sur un apprentissage social, où l’expérience est précieuse.

Au début, les jeunes ne participent pas directement à la chasse, restant en observation. Progressivement, ils s’impliquent davantage, d’abord en suivant de près les chasseurs expérimentés, puis en tentant eux-mêmes de capturer des proies.

Certaines méthodes, telles que la présentation de proies blessées ou vivantes aux jeunes par des adultes, semblent aussi faire partie d’un processus éducatif encadré. Les interactions positives et l’encouragement de la part des adultes renforcent la transmission de ces savoir-faire.

Au-delà de la simple transmission, les épaulards montrent une remarquable capacité à s’adapter aux nouveaux défis liés à l’évolution des habitats ou à la disponibilité des proies. Leur faculté à apprendre et à innover assure leur succès continu dans leur environnement marin complexe.