Les ours aiment-ils vraiment le miel ?

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Vous avez probablement en tête l’image emblématique de Winnie l’Ourson, cette adorable créature imaginée par Alan Alexander Milne, souvent représentée en train de plonger sa patte dans un pot de miel avec gourmandise, reprise par Walt Disney dans de nombreux dessins animés. Bien que nous ayons tendance à considérer ces héros comme purement fictifs, la croyance selon laquelle les ours raffolent du miel possède-t-elle une base réelle ? Pour répondre à cette interrogation, nous allons explorer la diversité de leur régime alimentaire afin de mieux comprendre la place que le miel occupe dans leur nourriture.

L’alimentation des ours noirs d’Amérique

Commencez par découvrir l’ours noir américain (Ursus americanus), qui est le plus petit de la région et beaucoup moins agressif que ses cousins. Son gabarit varie généralement de 90 à 105 cm au niveau des épaules, avec une longueur totale allant de 137 à 188 cm et un poids compris entre 50 et 120 kg. Son alimentation est principalement végétarienne, se composant de jeunes pousses, de feuilles, de noix, de racines, de fruits et de grains.

Au début du printemps, lorsque la nourriture se fait plus rare, l’ours peut s’attaquer à l’écorce des arbres pour accéder au cambium, cette couche interne qui participe à la croissance du bois. Cette pratique peut danser la survie de l’arbre, voire le faire mourir, mais l’ours ne l’utilise pas seul pour se nourrir. Dans certaines cultures traditionnelles du Nord, cette partie est même consommée après un mélange avec de la farine de céréales.

En plus de cela, il se nourrit également d’insectes comme les larves qu’il trouve dans les branches pourries ou en grimpant aux arbres pour voler les œufs et les jeunes oiseaux. Il n’hésite pas non plus à détruire des nids d’abeilles, profitant du miel mais aussi de la cire, des œufs, et des larves qu’il en tire.

Ce carnivore opportuniste ne se limite pas aux insectes et aux végétaux. Il peut également chasser de petits mammifères comme le porc-épic, en utilisant sa force pour les retourner et les éventrer. Sa bonne capacité de nage lui permet aussi de pêcher dans l’eau, attrapant poissons ou autres animaux aquatiques. Ses traces laissent souvent une empreinte visible dans son habitat : branches brisées, troncs éventrés, pierres retournées, sans oublier les restes de ses proies.

La diète du grizzli d’Amérique du Nord

Le grizzli (Ursus arctos horribilis) est connu pour être le plus gros carnivore terrestre du continent américain, mais il affiche en réalité un profil d’omnivore : la majorité de son alimentation, jusqu’à 90 %, étant composée de végétaux. La consommation de mammifères ou de poissons migrateurs n’est qu’un apport ajouté occasionnellement.

Après l’hibernation, ses premières recherches alimentaires portent sur les racines de sainfoin (Hedysarum), riches en protéines, glucides et minéraux. Il en consomme en grande quantité lors du printemps et du début d’été, mais aussi à la fin de la saison estivale et à l’automne, quand les baies deviennent plus rares. Parmi ses préférences, on trouve aussi des herbes, des plantes comme l’oseille ou la prêle, qui complètent ses repas. La composition la plus déterminante de son alimentation reste toutefois les fruits, tels que les airelles, bleuets, canneberges, petites poires ou camarines, qui l’aident à accumuler des réserves graisseuses pour l’hiver.

En complément, il chasse de jeunes animaux comme les wapitis, orignaux, cerfs ou caribous, tant qu’ils sont encore rapides, évitant ainsi les proies adultes. Son odorat lui permet aussi de débusquer des carcasses ou des charognes. Sur le plan insecte, il consomme notamment des fourmis, coccinelles et abeilles, y compris leurs larves, et n’hésite pas à manger du miel lorsqu’il en trouve. Dans les régions arctiques, en fin d’été, il peut même se nourrir de spermophiles arctiques en saison.

Il faut aussi mentionner que la proximité humaine influence souvent son alimentation : attiré par les restes laissés sur les terrains de camping ou dans les décharges, il finit par s’en nourrir, ce qui peut provoquer des conflits avec l’homme.

La diète de l’ours brun

Les Ursus arctos présents en Eurasie et en Amérique du Nord, notamment dans les Pyrénées, sont principalement herbivores, avec une part végétale comprise entre 60 et 80 %. Cependant, certains éleveurs les perçoivent comme des carnivores en raison de leur tendance à s’en prendre aux troupeaux ou aux moutons isolés, ce qui témoigne de leur comportement opportuniste.

Au début du printemps, après la période de dormance, ils privilégient la consommation de végétaux herbacés et, ponctuellement, de cadavres. Leur alimentation inclut aussi des racines riches en oligo-éléments. Plus tard dans la saison, dès l’été, ils se tournent vers des fruits comme les myrtilles, les framboises ou les bourdaines. À l’automne, ils privilégient les fruits secs comme les glands, les châtaignes ou les faines. Pour compléter leur régime, ils chassent de petits ongulés domestiques ou sauvages lorsqu’ils ont faim de protéines animales.

Le régime du panda géant

Même si le panda (Ailuropoda melanoleuca) appartient à la famille des ursidés, son alimentation est quasi exclusive en bambou, représentant 99 % de ses repas. Cette plante, riche en protéines végétales mais pauvre en glucides complexes, confère au panda un régime végétalien atypique, mais ses caractéristiques anatomiques — mâchoire puissante et intestins courts — le rendent plus proche d’un carnivore qu’un herbivore. Des études montrent aussi que son microbiote intestinal et son lait présentent des similitudes avec ceux de l’ours brun, plutôt que celles d’animaux totalement herbivores.

Il aurait évolué pour devenir strictement herbivore il y a environ deux millions d’années, mais son système digestif reste encore adapté à une alimentation principalement à base de fibres solides. Certains le rapprochent même d’un humain végétarien, car il sélectionne deux variétés bien précises de bambou pour composer ses repas, mêlant protéines, glucides et lipides selon une structure alimentaire assez singulière.

Les ours et leur amour du miel ?

Notre étude de diverses espèces d’ours révèle que leur régime alimentaire, bien que varié selon leur environnement, reste majoritairement à base de végétaux. Toutefois, pour répondre à leurs besoins en protéines, ils sont prêts à consommer de nombreux aliments, parmi lesquels le miel ne constitue qu’un élément parmi d’autres. Leur attirance pour cette substance n’est pas nécessairement plus grande que pour d’autres sources de protéines végétales ou animales.

Certains ours, comme l’ours à lunettes, peuvent en consommer plus que d’autres en raison de leur environnement alimentaire plus limité. Et ceux qui ont accès aux ruches n’hésitent pas à s’y attaquer, dérobant le miel, mais aussi les abeilles et larves présentes. En 2018, par exemple, on a comptabilisé plus de 370 ruches endommagées par des ours en Finlande et en Estonie, causant des pertes importantes pour les apiculteurs.