Il est courant de croiser un écureuil lors d’une promenade en forêt ou en ville. Agile et précis dans ses sauts d’une branche à l’autre, il n’a pas d’ailes, ce qui laisse penser qu’il ne peut pas planer ou voler. Pourtant, certains animaux que l’on qualifie parfois d’“écureuils volants” existent bel et bien, mais cette appellation couvre en réalité plusieurs espèces très différentes. Pour mieux comprendre cette diversité, il est utile d’explorer le monde de ces rongeurs capables de planer.
Une classification simplifiée
Pour distinguer ces différentes espèces, il est essentiel de revenir à la classification scientifique. Les mammifères se divisent en plusieurs groupes, dont celui des sciuridés. Leur nom, issu des mots grecs signifiant “ombre” et “queue”, reflète leur queue fournie qui leur sert à se protéger du soleil ou à faire de l’ombre. On recense au total près de 285 espèces de sciuridés réparties sur tous les continents, sauf l’Australie et l’Antarctique.
Ils se répartissent en deux grandes familles :
- Les écureuils traditionnels, que beaucoup connaissent, regroupant notamment les espèces arboricoles et terrestres comme les marmottes,
- Les ptéromyinés, véritables écureuils volants.
Une caractéristique commune à tous ces rongeurs est la présence d’une membrane de peau appelée patagium, qui relie leurs membres antérieurs et postérieurs. Cette membrane, également nommée ainsi chez les chauves-souris ou les oiseaux, leur permet de se déplacer dans l’air en planant, voire en contrôlant leur descente.
Les véritables écureuils volants
Les écureuils volants véritables se déplacent par sauts, à la manière des écureuils des arbres, tout en utilisant le planage grâce à leur queue qui leur sert de gouvernail. On les retrouve principalement dans les forêts du sud-est de l’Amérique du Nord, du Canada au Mexique, ainsi qu’en Asie.
Parmi eux, les polatouches, dont le nom scientifique est Glaucomys sabrinus, sont largement répandus en Amérique du Nord. Surnommé « assapan » par certains, leur partie inférieure est d’un blanc pur, tandis que leur dos présente une teinte brun-gris. Leur taille totale varie de 25 à 30 cm, avec une queue pouvant faire entre 11 et 14 cm, pour un poids compris entre 113 et 185 grammes. Ces animaux ont la capacité de planer sur des distances pouvant atteindre 50 mètres. On les trouve généralement dans des forêts mixtes ou composées principalement de conifères.
Ce mode de vie nocturne a longtemps suscité des interrogations. Des études récentes montrent que leur alimentation repose majoritairement sur les champignons, surtout à l’automne et en hiver, bien que leur régime lors des autres saisons reste encore à préciser.
La famille des anomaluridés
Seuls présents dans les forêts d’Afrique centrale, les anomaluridés sont également des rongeurs dotés d’un patagium reliant leurs membres. Cependant, ils possèdent en plus un grande éperon cartilagineux au niveau du coude, ressemblant à une épine, leur permettant d’étendre leur surface de planage. Cette adaptation leur confère une capacité de couvert de trajectoire impressionnante : ils peuvent parcourir jusqu’à 100 mètres, voire jusqu’à 250 mètres lors d’un seul saut.
Leur queue, équipée d’une double rangée d’écailles près de la base, leur sert à stabiliser leur déplacement lors des Sauts. Leur anatomie est également équipée de griffes acérées similaires à celles d’un chat, ce qui fait d’eux d’excellents grimpeurs.
Comme leurs homologues nocturnes, ils vivent la nuit et peuvent former de vastes colonies comprenant une centaine d’individus, nichés dans le creux des arbres. La famille anomaluridés compte aussi une espèce particulière, le Zenkerella insignis, dépourvue de patagium, qui évolue dans la canopée des forêts du Cameroun et du Gabon.
Les “faux” écureuils volants
Le galéopithèque volant (Cynocephalus volans) est une autre espèce capable de planer entre les arbres, mais qui n’appartient pas à la même famille que les écureuils. Originaire des Philippines, il possède un patagium lui permettant de glisser d’arbre en arbre. Avec le galéopithèque de Temminck (Galeopterus variegatus) qui vit en Indonésie, en Thaïlande, en Malaisie et à Singapour, cette famille, appelée aussi dermoptères ou “lémurs volants”, regroupe deux seules espèces de mammifères à capacité de planage.
De petite taille, ces animaux mesurent environ 30 cm de long, avec une masse comprise entre 1 et 2 kilogrammes. Leur membrane de peau s’étend sur 60 à 70 cm, leur permettant d’effectuer des vols pouvant atteindre 145 mètres de distance. Leurs membres sont également palmés, avec de longues griffes pour s’accrocher aux surfaces durant leurs déplacements.
Notre exploration des écureuils volants ne serait pas complète sans évoquer le phalanger volant (Petaurus breviceps). Petit marsupial d’origine australienne, il mesure entre 16 et 20 cm, avec une queue qui dépasse en longueur leur corps. Son poids oscille entre 80 et 165 grammes. Reconnaissable à ses oreilles droites et ses yeux foncés et brillants, il utilise son patagium pour planer sur environ cinquante mètres. Son alimentation est variée : résine, sève, nectar, pollen et petits insectes. Très expressif dans ses modes de communication – aboiements, sifflements, bourdonnements et déversement d’odeurs – il est malheureusement souvent victime de captures abusives, ce qui est inadmissible étant donné ses besoins spécifiques et son habitat naturel, très différent de nos environnements domestiques.
Crédit photo : Tendances et animaux