Le rôle du renard : animal sauvage ou nuisible ?

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Depuis l’adoption de la loi sur la biodiversité en août 2016, la perception du renard a évolué : il n’est plus considéré comme un « animal nuisible » à proprement parler, mais plutôt comme une espèce susceptible de causer des dommages. Cependant, cette nuance purement sémantique n’a pas calmé les opposants à sa chasse, notamment parmi les associations de protection animale. En pratique, le renard continue d’être traqué toute l’année, sans limite quant au nombre de victimes. La question se pose alors : cette situation est-elle réellement justifiée ou est-elle amenée à changer ? La réalité doit-elle forcément suivre cette législation, ou y a-t-il une chance qu’elle s’adapte ? Cet article tente d’éclaircir ces interrogations.

Les nuisances associées aux renards

Notre vie quotidienne est souvent façonnée par des pratiques anciennes qu’il serait pertinent de remettre en question. Pour l’animal renard, ces préoccupations semblent encore peu présentes. En effet, cet animal demeure dans la liste officielle des espèces « susceptibles de causer des dégâts », établie en 2019. Vulpes vulpes peut être piégé en tout lieu, déterrée, ou encore tuée par balle avec une autorisation spéciale délivrée par le préfet, mais uniquement sur des terrains agricoles destinés à l’élevage de volailles.

Ce cadre légal entraîne la mort de plusieurs centaines de milliers de renards chaque année, avec des estimations oscillant entre 600 000 et un million de victimes. La crainte liée à l’échinococcose alvéolaire, un parasite pouvant être mortel pour l’homme, est souvent évoquée. Pourtant, cette maladie se transmet principalement par contact avec des baies ou des plantes contaminées, ce qui peut être évité en étant prudent lors de la cueillette. De ce fait, l’intérêt de continuer à chasser massivement le renard pour cette raison apparaît faible, surtout que la maladie reste rare dans la population humaine grâce à ces précautions.

Pour les éleveurs de volailles, le renard constitue un prédateur redoutable. Néanmoins, les dégâts qu’il peut causer ne sont pas encore précisément quantifiés. Il faut savoir que plusieurs autres animaux—fouines, belettes, rats, chiens ou rats, mais aussi oiseaux comme les corbeaux et pies—peuvent également représenter une menace pour les poules et autres animaux d’élevage. Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger sur la nécessité de procéder à des massacres si massifs. D’autant qu’il est tout à fait possible de sécuriser un poulailler. Par ailleurs, les associations de défense animale dénoncent que cette chasse généralisée cache probablement une influence importante des lobbies de chasse et de piégeurs.

Quelle utilité pour le renard dans nos écosystèmes ?

Se poser la question de l’utilité du renard peut sembler surprenant dans une époque où la préservation de la biodiversité est une priorité absolue. La déclaration universelle des droits de l’animal, adoptée en 1977 par la Ligue internationale des droits de l’animal et révisée en 1989, rappellent que « toute vie animale doit bénéficier du respect ». Bien que cette déclaration n’ait pas de valeur juridique, elle représente un symbole fort de la manière dont nos sociétés envisagent le rôle de chaque espèce. La question de l’utilité du renard soulève alors un dilemme : faut-il simplement être utile pour exister ? La nature aurait-elle créé des espèces sans valeur utilitaire ?

Selon cette réflexion, tous les animaux ont des droits égaux, dans le respect des équilibres biologiques. Le premier article de cette déclaration souligne que chaque espèce a sa place dans le maintien de l’écosystème. Depuis la publication du rapport Brundtland en 1987, l’humanité s’engage à développer ses activités en respectant cette harmonie fragile entre développement économique et environnement. La question est également de savoir si la surpopulation de renards dans certaines régions pèse réellement sur leurs habitats ou si leur rôle pourrait être bénéfique, notamment en contrôlant d’autres espèces nuisibles comme le campagnol, qui peut ravager les cultures agricoles.

Pour certains, le renard joue un rôle écologique positif en régulant la population de rongeurs nuisibles aux cultures. Il pourrait ainsi contribuer à équilibrer la biodiversité sans nécessité de le chasser ou de le tuer massivement. Les défenseurs de la nature mettent en avant cette fonction utile qui, si elle était reconnue, pourrait remettre en question la légitimité des campagnes de extermination systématique.

Quel avenir pour la gestion du renard en France ?

Les organisations de protection animale soulignent que les populations de renards ont tendance à s’auto réguler naturellement. Pour appuyer leur propos, elles citent l’exemple du Luxembourg, où la chasse a été totalement interdite depuis 2015. Depuis lors, aucune explosion démographique n’a été constatée dans ce pays, ce qui laisse penser que la chasse massive n’est pas indispensable à la gestion de leur nombre.

En France, la loi biodiversité avait suscité beaucoup d’espoir, notamment pour une meilleure protection de la faune sauvage. Elle visait à restaurer la biodiversité et à instaurer des pratiques plus respectueuses. Cependant, beaucoup pensent que ses mesures restent insuffisantes, notamment en ce qui concerne la fin des méthodes cruelles d’abattage. Malgré cela, des avancées locales se font sentir : dans des départements comme le Doubs ou la Haute-Savoie, les efforts ont permis de changer la perception de cet animal. La chasse peut encore avoir lieu, mais elle n’est plus autorisée à toute l’année, ce qui représente une évolution notable dans la façon dont le renard est considéré.