Évoluant discrètement dans les cieux ou parmi les branches, il est facile d’ignorer la présence de certains mammifères capables de se déplacer dans l’air. Parmi eux, le colugo figure en bonne place, partageant avec la chauve-souris la rare distinction de maitriser le vol plané. Doté d’une large peau recouvrant ses membres, cette espèce originaire d’Asie est particulièrement bien équipée pour effectuer des glissades entre les arbres, surpassant les autres mammifères volants en surface de membrane. Focus sur cette créature sud-asiatique dont le nom de « lémurien volant » est purement surnom, car sa classification reste mystérieuse.
Quelle est la nature du colugo ?
Classé dans le groupe des dermoptères, ou mammifères dotés d’une membrane de vol, cet ordre ne comprend qu’une seule famille, celle des galéopithèques, regroupant deux espèces distinctes :
- Le galéopithèque volant, aussi nommé colugo des Philippines, ou encore lémurien volant, connu sous le nom scientifique de Cynocephalus volans ;
- Le galéopithèque de Temminck, appelé également colugo de Malaisie, porté par le nom Galeopterus variegatus.
Ces mammifères, à cause de leur « ailes », ont longtemps été associés aux chauves-souris, puis au groupe des primates. Pourtant, la classification reste floue, car leur lien avec des primates comme le babouin ou d’autres mammifères n’est pas clairement établi, rendant leur parenté encore incertaine.
De quoi ressemble le colugo ?
Cette créature possède une silhouette compacte avec une tête petite, de grands yeux expressifs, un museau aplati et de petites oreilles arrondies, ce qui lui confère une ressemblance avec certains lémuriens. Son pelage, mêlant gris et fauve selon les parties, lui permet de se camoufler efficacement dans la végétation. Ses pattes munies de cinq doigts griffus garantissent une bonne stabilité sur les troncs d’arbres. Sa dentition est adaptée à son alimentation végétale : incisives et canines pointues, inclinées vers l’extérieur, idéales pour déchiqueter les feuilles, fleurs et fruits qu’il consomme. Avec une longueur variant entre 30 et 40 cm (jusqu’à 95 cm avec la queue), et un poids oscillant entre un et 1,75 kilogrammes, le colugo reste une créature de taille modérée.
Ce mammifère possède-t-il réellement des ailes ?
En réalité, le colugo n’a pas d’ailes véritablement, mais il bénéficie d’une peau membraneuse qui agit comme un parachute, lui permettant de planer. Cette membrane, appelée patagium, relie son cou à sa queue en englobant les pattes antérieures et postérieures, ne laissant dépasser que sa tête. Lorsqu’elle est déployée, elle peut atteindre une envergure de 60 cm, incorporant même les espaces interdigitaux, ce qui en fait la plus vaste membrane chez les mammifères volants. La légèreté de cet animal facilite ses prouesses aériennes, son squelette léger et la fragilité de ses os étant des adaptations au vol. Cependant, ses pattes arrière, raccourcies, sont incapables de supporter son poids lorsqu’il se tient debout, limitant ses mouvements à la posture horizontale.
Comment fonctionne le vol du colugo ?
Le colugo asiatique monte le long des troncs d’arbres grâce à ses griffes acérées, puis, lorsqu’il atteint une position en hauteur, il se laisse glisser dans l’air. Sa prière favorise la longueur de ses vols planés, souvent de plusieurs dizaines de mètres, en lui permettant de franchir une distance considérable d’un arbre à l’autre dans l’épaisse canopée des forêts tropicales. Lorsqu’il plane, le patagium s’étend largement pour ralentir la descente et assurer un atterrissage contrôlé. Des études scientifiques réalisés en 2011 sur une dizaine de colugos malaisiens ont montré qu’un seul vol pouvait parcourir jusqu’à 145 mètres en dévalant une pente de 12 mètres, témoignant de leur expertise dans l’art du vol plané.
Dans quels habitats évolue le colugo ?
Les deux espèces de galéopithèques évoluent en Asie du Sud-Est. Le Cynocephalus volans, ou colugo des Philippines, n’est limité qu’aux îles philippines, alors que Galeopterus variegatus, le colugo de Malaisie, se trouve en Malaisie, en Indonésie, en Thaïlande et à Singapour. Ces mammifères arboricoles fréquentent principalement les forêts tropicales humides, où ils sortent la nuit pour se nourrir. La taille des grands yeux du colugo facilite la vision nocturne, essentielle pour leur survie dans l’obscurité.
Quelle alimentation privilégie le colugo ?
Ce mammifère se sustente dans les habitats forestiers, avec un régime exclusivement végétarien. Ses repas quotidients comprennent des bourgeons, des feuilles, des fruits et des fleurs, qu’il saisit soigneusement pour les porter à sa bouche avec ses doigts agiles. Son système digestif est spécialement adapté à une alimentation riche en végétaux peu nutritifs mais volumineux. Lorsqu’il doit évacuer ses déchets, il incline sa queue vers le haut pour éviter de salir sa fourrure. Son excrétion se limite à de gros excréments, car il dégenicifie rarement.
Quel mode de vie adopte le colugo ?
Ce mammifère, principalement nocturne et arboricole, demeure relativement mystérieux en raison de sa nature discrète. Il semble être un animal solitaire, très territorial. Même s’il partage parfois un arbre avec un autre de ses semblables, rares sont les interactions entre eux. La nature timide du colugo et sa vie en hauteur rendent son observation difficile, ce qui laisse une part d’incertitude quant à ses comportements précis. Les chercheurs pensent que d’autres espèces pourraient exister, non encore identifiées.
Comment se reproduit le colugo ?
La reproduction s’étale de janvier à mars, avec une gestation d’environ deux mois. La femelle donne naissance à un seul petit encore nu et peu développé, qui reste accroché à elle dans une poche ou un repli du patagium. Comme chez certains marsupiaux, le nouveau-né continue son développement en restant attaché à sa mère pendant plusieurs semaines, allant même jusqu’à boire son lait et s’accrocher lors de ses déplacements. La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans chez les mâles comme chez les femelles.
Le colugo est-il une espèce menacée ?
Le principal prédateur du colugo est l’aigle des Philippines, un oiseau de proie également en danger d’extinction. Les deux espèces recensées, Cynocephalus volans et Galeopterus variegatus, sont classées comme peu préoccupantes par l’Union internationale pour la conservation de la nature, un statut qui date de 2008. La menace principale vient toutefois des activités humaines, notamment la déforestation massive pour convertir les forêts en plantations agricoles, ce qui réduit leur habitat naturel. La survie de ces mammifères, dont l’espérance de vie tourne autour de 20 ans, est donc gravement compromise par ces actions.