Glouton ou carcajou : un animal au tempérament vorace

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Ce mammifère doit son nom à son insatiable appétit pour les carcasses, mais sa voracité ne s’arrête pas là. Capable d’attaquer avec insouciance des proies cinq fois plus grosses que lui, le carcajou, ou glouton, est reconnu comme l’une des espèces les plus féroces de son territoire. L’image d’un animal intrépide et peu craintif se forge dans des régions où la rudesse climatique nécessite un comportement audacieux pour survivre.

Le mustélidé, un robuste habitant des régions nordiques

Le glouton, aussi désigné sous le nom scientifique Gulo gulo, est un habitant des zones froides de l’hémisphère nord, principalement dans des contrées confrontées à des hivers rigoureux. Le nom de carcajou, forgé par la tribu amérindienne Micmac en référence à son comportement nuisible, traduit sa tendance à marquer son territoire avec de l’urine. Ce membre de la famille des mustélidés, qui comprend aussi des animaux comme la loutre géante d’Amazonie, possède un régime basé principalement sur la viande, mais il se distingue par sa taille notable parmi ses proches carnivores.

Une silhouette qui évoque un petit ours

Avec une tête large, des oreilles arrondies aux teintes beiges, un pelage brun et des pattes épaisses, le glouton a une apparence évoquant un tout petit ours. Il partage avec cet animal des grognements et des rugissements. Cependant, il se distingue par des bandes claires sur ses flancs et sa croupe, ainsi qu’une tache blanche distinctive sur la poitrine. Ses membres plus foncés sont souvent plus sombres que le reste de son corps. La taille de cet animal trapu peut atteindre 115 cm, queue comprise, et son poids oscille entre 12 et 18 kg, pouvant aller jusqu’à 30 kg. La femelle, plus légère et plus petite, pèse généralement autour de 8 à 12 kg.

Un pelage conçu pour résister au froid

Sa fourrure épaisse, isolante et adaptée aux climats extrêmes est composée de deux types de poils : une couche dense et courte (la bourre) qui retient la chaleur, et un pelage externe plus long et imperméable qui repousse l’eau. Ses pattes, équipées de cinq orteils munis de longues griffes semi-rétractiles, facilitent l’escalade des arbres. La taille de ses pattes, qui fonctionnent comme des raquettes naturelles, lui permet de se déplacer efficacement dans la neige. Sa mâchoire musclée et ses 38 dents lui offrent une capacité de broyer les tissus gelés, indispensables pour dévorer charognes et autres proies décomposées.

Son habitat dans le nord du globe

Le carcajou peuple principalement l’ouest du Canada, l’Alaska, ainsi que certaines régions d’Europe et d’Asie comme la Scandinavie, la Sibérie ou la Russie. Il préfère des zones vierges de l’intervention humaine où il peut évolué en toute liberté. Un mâle peut couvrir plus de 1000 km2, partageant son espace avec deux ou trois femelles. Il privilégie les forêts de conifères, la toundra, la taïga, ou encore les zones ouvertes de prairies et de buissons. Bien qu’exposés à des climats extrêmes, il recherche rarement un abri, se réfugiant à l’occasion sous une souche, dans une grotte ou dans la neige. Sa chasse, active 24 heures sur 24, le pousse à explorer de vastes territoires pour nourrir sa voracité.

Un carnivore vorace et opportuniste

Omnivore à majorité carnivore, le glouton exploite une alimentation très diversifiée. Son menu comprend principalement des carcasses de lièvres, castors ou renards, mais il ne dédaigne pas non plus les œufs, larves d’insectes, baies et fruits. Des observations ont montré qu’il consomme parfois des dépouilles de baleines, morses et phoques. Son appétit insatiable lui permet de s’attaquer à des proies beaucoup plus grosses que lui, comme le chevreuil, l’élan ou le wapiti, en ciblant souvent des animaux faibles, âgés ou blessés. Progressant avec endurance, il peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres chaque jour en suivant ses proies ou en explorant de nouveaux territoires.

Solitude et tempérament agressif

Le glouton est généralement solitaire, sauf durant la période de reproduction où mâles et femelles se rencontrent pour s’accoupler. Très territorial, il ne recule pas devant la confrontation avec d’autres grands carnivores comme les ours ou les loups, parfois en les chassant pour accéder à leur nourriture. Il peut également s’attaquer à des pièges posés par les trappeurs pour lui attraper ses proies ou appâts. Après avoir stocké sa nourriture sous la neige en la marquant de son odeur, il crée un repère qui décourage tout autre animal de s’y attaquer.

La reproduction sauvage du glouton

De mai à août, mâles et femelles se retrouvent pour s’accoupler, dans un rituel ponctué de cris et de morsures. La gestation, qui dure entre trente et cinquante jours, commence avec le retard d’implantation de quelques mois. La femelle donne naissance en moyenne à trois petits qu’elle protège intensément contre les intrusions. Elle les allaite durant environ trois mois, période après laquelle ils commencent à chasser seuls, tout en restant proches de leur mère jusqu’à l’automne. La croissance à l’état adulte intervient vers un an, la maturité sexuelle étant atteinte entre deux et trois ans.

La situation actuelle de sa population

Malgré leur réputation de combattants bestiaux, les carcajous font face à une réduction de leur nombre. Leur principal prédateur reste le loup, mais ils peuvent aussi être attaqués par des oiseaux de rapace ou des grands félins quand ils sont jeunes ou faibles. L’Union Tendances et animaux souligne que, malgré leur classification en “préoccupation mineure”, leur population est en déclin, principalement en raison de la déforestation, de la persécution historique motivée par leur mauvaise réputation et du braconnage pour leur fourrure. Autrefois largement présent dans l’est du Canada, leur présence s’y limite désormais à un nombre restreint. La longévité moyenne en milieu sauvage est d’environ dix ans, pouvant atteindre quinze en captivité.