Genette commune : mode de vie, habitat et manière d’observer ce carnivore discret

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Il est rare de croiser cette créature lors de nos promenades dans la nature. À la nuit tombée, discrète et solitaire, la genette se réfugie souvent dans les arbres, évitant ainsi la proximité des zones habitées. Découvrons ce petit carnivore peu connu dont le look évoque celui du chat.

La genette, une aventurière d’hier et d’aujourd’hui

Originaire d’Afrique, la genette commune (Genetta genetta) aurait rejoint l’Europe au cours du VIIIe siècle, profitant des invasions sarrasines pour étendre son territoire. Comme ses cousins carnivores, elle descend d’ancêtres miaciens, de petits mammifères arboricoles à la queue longue qui vivaient il y a environ soixante millions d’années. Outre la genette, cette sous-famille regroupe aussi civettes, linsangs et mangoustes.

Une pelage aux tons contrastés

Bien que sa silhouette rappelle celle du chat, sa morphologie est plus élancée, son museau plus pointu, avec des pattes plus courtes et une longue queue. Son pelage présente des motifs forts, mêlant gris et taches noires alignées le long des flancs, avec une ligne noire qui traverse la colonne vertébrale. Deux taches blanches encadrent ses yeux, tandis que le museau, brun foncé, complète cette frappante apparence. La queue, pourvue de huit à treize anneaux noirs, se termine par une tache blanche. La taille d’un mâle adulte oscille entre 86 et 105 cm, pour un poids variant de 1,4 à 2,5 kg, la femelle étant légèrement plus petite. Si sa vue est peu développée, ses capacités auditives et olfactives sont excellentes, et ses vibrisses améliorent son toucher. Ses griffes rétractiles lui donnent la capacité d’escalader et de se mouvoir habilement dans les arbres.

La genette, une active dès la tombée de la nuit

Bien que ses jeunes puissent parfois se montrer en journée, la genette adulte se montre surtout active durant la nuit. Son activité principale commence peu après le coucher du soleil, se poursuit en milieu de nuit, puis s’interrompt avant l’aube. En règle générale solitaire, elle ne possède pas de refuge fixe, à l’exception de la période de reproduction. Elle préfère se reposer en journée, souvent à l’abri dans un arbre, sous une pierre ou dans un terrier abandonné. Lorsqu’elle ne se repose pas, elle adopte une approche discrète au sol, dans des zones végétalisées où elle se sent protégée. Sa chasse se limite souvent aux zones ouvertes, où elle va traquer ses proies.

La genette, nomade dans son environnement

Cette espèce est présente dans le nord de l’Afrique, dans les savanes sub-sahariennes, ainsi que sur plusieurs îles méditerranéennes, en Arabie, Yémen et Oman. En Europe, elle a été introduite, notamment au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne et en Italie. Elle préfère évoluer dans des zones paisibles, loin des zones très peuplées, comme les plaines, les collines ou en moyenne montagne. Elle privilégie les habitats proches de l’eau, comme les zones humides ou boisées. Pendant la journée, elle se réfugie souvent dans la cime des arbres ou dans des habitats abandonnés si la végétation est peu dense.

Le chant de l’amour chez la genette

À l’approche de la période de reproduction, le mâle intensifie ses marquages par urination, surtout la semaine précédant le rut. La femelle, quant à elle, réduit ses marquages. Lorsqu’il recherche la femelle, le mâle émet des cris caractérisés par de petits signaux vocaux de contact, qui peuvent durer ou se répéter. Fréquemment, il utilise son odorat pour vérifier l’état de la femelle, jusqu’à trente fois par heure. La reproduction s’accompagne d’un comportement singulier, où le mâle est soudainement pris d’un hoquet, de plus en plus intense à l’approche de l’accouplement. L’acte lui-même, qui se déroule principalement de nuit, dure quelques minutes, et peut se répéter plusieurs fois durant la période de reproduction.

Une jeunesse indépendante et débrouillarde

Après environ 70 jours de gestation, la femelle met au monde une ou plusieurs librations de petits, généralement entre un et quatre individus, qui naissent sourds et aveugles. Au bout d’une semaine, leurs yeux s’ouvrent, et à 45 jours, ils commencent à sortir de la tanière, toujours sous la surveillance de leur mère. À partir de la septième semaine, ils intègrent progressivement leur alimentation avec des proies apportées par leur mère. Dès la onzième ou douzième semaine, ils sont capables de chasser eux-mêmes. À quatre-cinq mois, ils deviennent de véritables prédateurs autonomes, sans besoin d’enseignement spécifique.

Son menu, un mélange de victimes variées

La genette privilégie un régime carnivore. Sa principale nourriture consiste en petits rongeurs, notamment la souris des bois, les campagnols, mulots, rats, Lérots ou écureuils. Elle complète aussi son alimentation avec des insectes, comme les musaraignes, taupes, ou d’autres petits mustélidés comme l’hermine. Son menu comprend également des oiseaux, des amphibiens, reptiles, lapins, poissons ou œufs. Contrairement à la fouine, elle évite en général les zones habitées, prélevant rarement dans les volailles de basse-cour. En période de pénurie, elle peut se rabattre sur des fruits ou des baies, et son ingestion d’herbes facilite l’expulsion de poils, os ou plumes contenus dans ses proies.

La chasse discrète et précise de la genette

Dotée d’une agilité exceptionnelle, la genette est sans doute la plus habile des viverridés, autant au sol qu’en hauteur. Elle escalade avec aisance les troncs d’arbres ou les rochers. Lorsqu’elle chasse, elle adopte une approche furtive, se faufilant dans la végétation pour surprendre sa proie, qu’elle saisit rapidement sans lui laisser de chance. Pour les petite proies, elle paralyse la cible en la mordant à la nuque, tandis que pour les animaux plus gros, elle s’aide de ses pattes pour la maintenir et la mordre jusqu’à ce qu’elle succombe. Si elle pêche, elle plonge dans l’eau pour attraper son poisson, mordant sa cible avec sa mâchoire puissante.

La genette, une espèce protégée par la loi

Les principaux prédateurs naturels de la genette sont le lynx et le loup gris, mais leurs habitats ne se croisent que rarement en France. Le grand-duc européen peut aussi s’en prendre à elle. Depuis 1981, en France, un arrêté ministériel interdit la chasse, la capture ou la destruction de cette espèce, ainsi que la dégradation de son environnement. Cependant, dans certains autres pays, la genette est chassée pour sa fourrure ou pour ses utilisations dans la médecine traditionnelle. La catégorie « préoccupation mineure » de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation indique que la genette n’est pas en danger critique. En milieu naturel, sa durée de vie moyenne est d’environ dix ans, pouvant atteindre treize ans en captivité.

Crédit photo : Guérin Nicolas