Le lièvre européen est une espèce largement répandue : il est courant d’apercevoir ces petits herbivores en déplacement lors de balades nocturnes à travers la campagne, surtout lorsque leurs yeux brillent sous les phares. Cependant, leur population connaît une baisse notable depuis plusieurs décennies. Autrefois considéré comme une espèce nuisible, quel est son statut actuel ? Voici un aperçu d’un animal souvent perçu comme une menace, mais également fortement en danger d’extinction.
Qui est le lièvre européen ?
Le lièvre commun (Lepus europaeus), souvent appelé simplement lièvre, appartient à l’ordre des lagomorphes et à la famille des léporidés. Son nom provient d’un terme désignant un grand enclos utilisé au Moyen Âge pour l’élevage en semi-captivité. Ce petit herbivore est aussi la race originelle à partir de laquelle de nombreux lapins domestiques ont été sélectionnés, engendrant une grande diversité de races et de variétés. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le lièvre a été longtemps considéré à tort comme un rongeur avant d’être classé parmi les lagomorphes. Deux traits principaux différencient ces animaux :
- Sa mâchoire supérieure comporte deux paires d’ incisives alignées l’une derrière l’autre, alors que les rongeurs n’en possèdent qu’une seule paire. De plus, la mastication se fait latéralement plutôt qu’avant en arrière ;
- Le nombre de doigts diffère : cinq aux pattes avant et quatre aux pattes arrière chez le lagomorphe, contre quatre aux jambes avant et cinq aux jambes arrière chez la majorité des rongeurs ;
Comment distinguer le lièvre commun ?
La principale différence entre le lièvre et le lapin réside en leur taille : le lièvre est nettement plus grand, mesurant entre 50 et 70 cm, sans compter la queue et les oreilles. Ses oreilles, plus longues, dépassent souvent 10 cm. Son poids peut atteindre 6 kg. La fourrure du lièvre varie du gris au brun, avec une teinte plus claire sur le ventre. La tête du mâle est généralement plus robuste et plus courte que celle de la femelle, dont la silhouette est plus fine et élancée. Avec ses 28 dents en constante croissance, cet animal est capable de mastiquer efficacement.
Quelles sont ses capacités physiques ?
La vision du lièvre est particulièrement performante, lui permettant de repérer les dangers à distance. Sa nuque flexible lui offre une vue panoramique à 360°. Même lorsque la luminosité diminue, sa vue reste efficace, ce qui l’incite à être surtout actif au crépuscule. Il distingue principalement le vert du bleu, mais sa perception de l’environnement proche est moins précise, les vibrisses jouant alors un rôle essentiel. Son ouïe est très fine, devançant de loin son odorat. Son goût est développé, lui permettant de différencier le salé, le sucré, l’amer et l’acide. Lorsqu’il doit fuir un prédateur, il bondit rapidement, atteignant des vitesses pouvant dépasser 40 km/h, et change de direction Agiles. Cependant, il n’excelle ni dans la natation ni dans l’escalade.
Où trouve-t-on des lièvres européens ?
Originaire du sud-ouest de l’Europe et du nord-ouest de l’Afrique, le lièvre vit à l’état naturel sur la majorité des continents, à l’exception de l’Asie et de l’Antarctique. Il privilégie les habitats semi-ouverts comme les landes, les garrigues, les champs, ainsi que certains bois ou zones urbaines aménagées. Son environnement favori est constitué de terrains meubles où il creuse ses vastes terriers, composés de multiples galeries et issues, qu’on désigne souvent sous le nom de garenne. Sa proximité avec ses abris est essentielle pour accéder rapidement à sa nourriture, qu’il ne s’éloigne que de quelques centaines de mètres. Introduit dans diverses régions du monde, il a été utilisé comme animal de compagnie, pour sa valeur dans l’industrie de la fourrure ou encore pour la chasse. En captivité, il est généralement élevé en clapiers.
Que mange le lièvre européen ?
Dans la nature, Lepus europaeus se nourrit principalement de végétaux herbacés. Son régime comprend une vaste gamme d’herbes, de feuilles, de jeunes pousses, de bourgeons, ainsi que parfois d’écorce. Lorsqu’ils sont accessibles, il consomme aussi des racines, des tubercules et des légumes verts, comme les carottes ou le chou. Ce petit herbivore peut ingérer entre 300 et 700 g de nourriture chaque jour, selon la disponibilité.
Quel est son mode de vie ?
Le lièvre est principalement actif au crépuscule et la nuit, évitant la lumière du jour. Pour repérer ses ennemis, il frappe le sol avec ses pattes arrière, signalant sa présence à ses congénères. Son territoire est délimité par ses urines et ses déjections. La vie en groupe est courante, généralement sous la forme de couples ou de petites colonies structurées autour d’une hiérarchie stable, remise en question chaque année par des comportements de domination ou de combats. Une fois cette hiérarchie installée, les comportements agressifs diminuent. Chez le mâle, la polygamie est privilégiée, lui permettant d’accéder à plusieurs partenaires lors de la saison des amours, tandis que les femelles dominantes disposent d’un meilleur endroit pour mettre bas.
Comment se reproduit le lièvre européen ?
Son cycle de reproduction est très actif tout au long de l’année, avec un pic entre mars et août. Après une gestation d’environ 45 jours, la femelle met au monde 2 à 4 petits, appelés leverets, qui naissent sans poils et aveugles. La mortalité est élevée chez les très jeunes, surtout dans les premières semaines, car la femelle ne possède que peu de mamelles. À quatre semaines, les levreaux commencent à manger seuls et deviennent complètement autonomes vers l’âge de 7 à 8 semaines. La femelle peut se remettre rapidement à procréer, étant fécondable environ un mois après l’accouchement, ce qui permet la naissance de plusieurs portées par année. La durée de vie moyenne est estimée à 2 à 3 ans, une longévité courte qui compense la fréquence des naissances précoces.
Quelles maladies affectent le lièvre européen ?
La population des lièvres européens a été sévèrement impactée par plusieurs maladies majeures :
- La myxomatose est causée par un virus provoquant la formation de tumeurs, notamment autour des paupières, du nez et des oreilles. Les animaux malades présentent souvent un œdème facial, des pertes oculaires et des difficultés respiratoires. La maladie peut entraîner la mort ou, dans certains cas, une guérison avec immunité durable ;
- La maladie hémorragique du lapin (RHD) a été détectée pour la première fois en Europe en 1984. Elle induit des symptômes de saignements internes aiguë, causant rapidement la mort des animaux infectés. Son impact est particulièrement dévastateur lors des épidémies saisonnières ;
- La coccidiose, parasitaire, provoque des diarrhées sévères pouvant entraîner la mort des jeunes individus, surtout dans les élevages domestiques mais aussi chez les populations sauvages.
Le lièvre européen est-il une espèce en danger ?
Bien qu’abondamment réparti autrefois en Europe et en Afrique du Nord, le lièvre connaît aujourd’hui un déclin important. En 2017, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l’a classé parmi les espèces « quasi menacées ». La mortalité peut atteindre 90 % chez les adultes et dépassé 95 % chez les jeunes durant certaines années. Plusieurs facteurs contribuent à cette progression, au-delà des maladies :
- La prédation. Renards, belettes et autres carnassiers amplifient leur impact sur l’espèce ;
- La transformation et la fragmentation de ses habitats, notamment par la disparition des haies et des zones boisées qui servaient de refuges dans le passé ;
- La chasse. Longtemps considéré comme le principal gibier en France, le prélèvement annuel s’est réduit grâce à une gestion plus stricte, mais continue dans certains départements ;
- Les initiatives d’éradication locale. Certains secteurs ont mis en œuvre des actions pour éliminer l’espèce, notamment dans des zones où elle était considérée comme nuisible ou envahissante, comme l’île d’Hoëdic (Morbihan), ou par réintroduction dans d’autres régions ;
- Les collisions avec les véhicules. La vie nocturne et les déplacement à grande vitesse dans les zones fréquentées augmentent les risques d’accidents routiers impliquant ces animaux.
Le lièvre européen est-il une espèce nuisible ?
Comme pour d’autres espèces, le lièvre peut être considéré comme nuisible dans certaines zones où ses effets sont néfastes pour l’agriculture ou le cadre environnant. Des mesures de contrôle sont souvent mises en place pour limiter son impact, en particulier :
- Les dégâts sur les cultures et les jardins. La consommation excessive de jeunes plantes, feuilles et écorces peut réduire les rendements agricoles ou engendrer des pertes pour les jardiniers ;
- Le creusement de vastes terriers. Ces réseaux souterrains peuvent détériorer les terrains de sport, les pelouses ou les zones pâturables, modifiant la stabilité du sol ;
- La propagation de maladies. En tant que porteurs de virus ou de parasites, ils peuvent transmettre des affections à d’autres animaux sauvages ou domestiques ;
- La compétition avec les espèces indigènes. Leur prolifération peut déséquilibrer la biodiversité en concurrençant certaines plantes ou animaux locaux.
Le lièvre européen a-t-il une utilité écologique ?
La raréfaction progressive de cette espèce pose des questions sur l’équilibre naturel. Pourtant, plusieurs études soulignent le rôle positif qu’il peut jouer dans l’environnement :
- En consommant de la végétation sèche, il contribue à l’entretien des sous-bois, limitant ainsi le risque d’incendie ;
- Les territoires qu’il aménage favorisent la régénération végétale, ce qui profite à d’autres espèces végétales et animales : un processus de débroussaillage naturel ;
- Les galeries de ses terriers facilitent le drainage du sol, évitant l’érosion dans certaines régions ;
- En tant que proie pour des rapaces ou des carnivores menacés, il constitue une ressource alimentaire essentielle, participant au maintien de la biodiversité ;
- Son habitat est également lié à celui de certaines espèces comme le lézard ocellé, dont la survie dépend en partie des refuges que lui offrent les terriers du lièvre.
La compréhension de la place de cet animal dans l’écosystème nous invite à le percevoir comme un maillon vital de la chaîne écologique, modifiant notre regard sur son importance pour la biodiversité.