Bien que la chenille processionnaire du pin soit souvent considérée comme la plus redoutée et la plus néfaste parmi les chenilles urticantes, celle du chêne n’est pas en reste en termes de dégâts lorsqu’elle s’étend dans nos forêts. Leur déplacement en rangées serrées doit cependant nous rappeler qu’elles restent des insectes à prendre au sérieux. Ces larves occasionnent de lourds préjudices aux arbres qu’elles envahissent et sont tout aussi dangereuses pour la santé des humains, des animaux domestiques ou sauvages, en raison de leurs poils urticants ou lors d’éjection en situation de menace. Si leur propagation est difficile à contrôler en milieu sylvicole, il existe divers moyens de prévenir leur impact dans nos espaces urbains et jardins afin de préserver la végétation et la faune locale.
Le cycle reproductif et l’adaptabilité des chenilles processionnaires du pin
La chenille processionnaire du pin, plus connue que celle du chêne, est régulièrement à l’origine de préoccupations entre février et mai, période où ses membres avancent en file indienne pour dénicher leur lieu de transformation en papillon. Elle jette les bases de son cycle au moment où ses papillons émergent du sol, entre avril et juin, pour se reproduire. Leur envol peut s’étendre jusqu’en automne, en fonction de la région et des conditions météorologiques. Les femelles libèrent des phéromones attractives pour les mâles, puis pondent leur importante quantité d’œufs sur les aiguilles de pin. Après un délai d’incubation d’environ 30 à 40 jours, les larves apparaissent et construisent des nids en se nourrissant des aiguilles. Elles passent par cinq phases larvaires distinctes, et c’est au dernier stade, appelé L5, qu’elles commenceront leur voyage processionnel vers le sol pour s’y enfouir et former leur chrysalide. La durée de la diapause varie selon le climat : cela peut durer quelques semaines ou plusieurs mois, voire 2 à 3 années avant l’émergence du papillon, dépendant des conditions d’ensoleillement et d’humidité. La vie adulte se limite généralement à quelques jours, avec une seule génération par an, en majorité nocturne durant tout leur cycle.
La diffusion géographique de la chenille processionnaire du pin en France
Originaire de la région méditerranéenne, cette espèce a connu une progression vers le nord en France ces dix dernières années. Désormais signalée en région parisienne, en Normandie ou à 1600 mètres d’altitude, sa dispersion semble liée à la fois au changement climatique et à l’exploitation extensive de conifères en bordure des voies autoroutières, qui facilitent leur expansion. Les femelles, qui ne parcourent pas plus de 3 à 4 km pour se reproduire, laissent souvent le mâle couvrir une distance pouvant atteindre 50 km pour assurer la survie de cette espèce. La forte hausse des températures, notamment, favorise leur installation, tout comme la plantation massive de conifères comme le pin sylvestre, maritime ou l’Alep, présents dans « Tendances et animaux », ainsi que d’autres essences comme le pin noir d’Autriche, le pin de Salzman, ou la pinède de Monterey. Les mélèzes, cèdres ou encore le pin Douglas peuvent également accueillir ces chenilles nuisibles.
La dangerosité des soies urticantes
Pour se défendre contre leurs ennemis, les chenilles équipent dès leur stade larvaire leur corps de poils urticants, appelés aussi soies. Ces aiguilles microscopiques, armées de harpons, se détachent quand la chenille se sent menacée. Lors de leur développement, jusqu’au stade L3, ces poils peuvent se détacher pour se disperser dans l’air, notamment dans les nids situés en haut des arbres. Leur légèreté leur permet d’être véhiculés par le vent, rendant toute rencontre accidentelle potentiellement dangereuse. Le contact peut entraîner une irritation de la peau, ressemblant à une brûlure d’ortie, ou des réactions plus graves si les soies atteignent les yeux, la gorge ou le système respiratoire. La libération de toxines peut causer des boutons, œdèmes, vomissements ou troubles respiratoires chez les personnes sensibles ou les jeunes enfants. Chez les animaux domestiques, la consommation ou le contact avec cette chenille peut entraîner des nécroses, voire la mort. La réaction allergique peut s’aggraver avec une exposition répétée, pouvant conduire à un choc anaphylactique. Il faut également noter que leurs soies peuvent se propager en se frottant ou en grattant, aggravant le mal.
Stratégies de lutte contre la chenille processionnaire du pin, en tenant compte de leur cycle
Pour limiter leurs effets délétères sur les arbres et assurer la sécurité humaine et animale, la meilleure approche consiste à associer plusieurs méthodes de prévention et d’intervention, adaptées à chaque étape de leur cycle de vie. La compréhension de leur développement permet d’anticiper et de réduire leur prolifération efficacement.
Favoriser la biodiversité végétale pour dissuader leur installation
Une gestion paysagère intégrée contribuera à réduire leur attraction. En remplaçant les plantations monospécifiques par un mélange d’essences feuillues et caducifolies, on limite le potentiel de développement de ces insectes. Certaines espèces d’arbres, comme le saule ou le boulot, posséderaient des propriétés répulsives ou peu attractives pour le papillon. Leur croissance rapide facilite leur inclusion dans les projets de diversification végétale. Par ailleurs, ces plantations offrent des habitats à une faune prédateur, notamment aux oiseaux et aux insectes qui ciblent ces chenilles, renforçant ainsi la lutte naturelle.
Piégeage mécanique et écologique
Installer un collier de capture autour du tronc, dès octobre jusqu’en avril, constitue une méthode économique, efficace et simple à déployer. Ce dispositif, généralement en forme de cercle, guide les chenilles vers une goulotte munie d’un sac où elles peuvent s’enterrer pour leur nymphose. La pose doit respecter des hauteurs adaptées pour que les enfants ou animaux ne puissent y accéder. Un seul piège par arbre suffit généralement, sauf en cas de multiples nids, où un double dispositif peut être nécessaire. La qualité du scellement entre le piège et le tronc est essentielle pour éviter que les chenilles ne contournent l’obstacle. Après la dernière procession, il faut retirer ce piège avec précaution, en utilisant des équipements de protection pour les poils urticants, puis détruire le contenu dans une déchèterie ou à la poubelle. Une vigilance particulière est de mise lors de cette opération, car les soies restent toxiques après la mort de la chenille.
Utilisation d’insecticides biologiques naturels
Le Bacillus thuringiensis var. krustaki, une bactérie naturelle, agit sur les larves lorsqu’elles ingèrent ses spores, ce qui entraîne leur arrêt alimentaire puis leur décès. La précaution consiste à l’appliquer au début de leur cycle larvaire, entre septembre et novembre, en évitant la pluie, le vent ou l’exposition en plein soleil. La pulvérisation doit se faire à l’aide d’un pulvérisateur équipé d’une lance, notamment pour atteindre des hauteurs supérieures à 6 mètres. La protection individuelle durant cette tâche est obligatoire, notamment avec masque, gants et vêtements. En cas de haute volée ou d’inaccessibilité, le recours à un professionnel est recommandé pour une application efficace et sécurisée.
Favoriser la prédation naturelle
En complément des actions mécaniques ou chimiques, il est conseillé d’encourager la présence de prédateurs naturels. L’installation de nichoirs pour les oiseaux insectivores comme la mésange ou la chauve-souris peut favoriser une réduction de ces chenilles. Leur présence limite l’implantation massive, contribuant à un équilibre écologique de votre environnement. Pour attirer ces prédateurs, il est conseillé de leur offrir un habitat protégé : nichoirs adaptés, zones ombragées et refuges à proximité. Ces acteurs naturels jouent un rôle crucial dans la lutte biologique contre les infestations, tout en préservant la biodiversité locale.
Piégeage à phéromones sexuelles
Le recours à des pièges à phéromones sexuelles, disponibles pour le grand public, constitue une méthode de prévention ciblée. Ces dispositifs, en forme d’entonnoir, diffusent les hormones naturelles des femelles pour attirer et piéger les mâles, perturbant ainsi le cycle de reproduction. La fréquence de renouvellement des phéromones et la durée de pose, généralement 15 jours après la période de reproduction, doivent suivre strictement les recommandations pour optimiser leur efficacité. Suspendez-les à une hauteur stratégique afin d’attirer efficacement les papillons mâles sans risquer qu’ils dérivent ou soient balayés par le vent.
La confusion sexuelle comme méthode de contrôle
Pour réduire la reproduction des chenilles, les techniques de confusion sexuelle utilisent une sursaturation des phéromones femelles. En saturant l’environnement, on désoriente les mâles qui ne peuvent plus localiser leurs partenaires, empêchant ainsi la reproduction. Cela constitue une solution respectueuse de l’écosystème, compatible avec la lutte intégrée en agriculture ou dans les espaces verts.
Le retrait des nids par des professionnels
En raison de leur toxicité élevée, l’échenillage de ces nids doit être effectué par des experts pour assurer leur élimination en toute sécurité. Ce procédé, réservé aux arbres de grande taille ou fortement infestés, consiste à retirer précocement les nids avant la nymphose. Le matériel spécifique, tel que nacelles et échenilloirs, ainsi que les équipements de protection, sont indispensables pour minimiser le risque de contact avec les poils urticants.
Les chenilles du chêne : des insectes également urticants et nuisibles
Cycle de vie de (Thaumetopoea processionea)
Les œufs de cette espèce, déposés entre juillet et août sur les branches de chêne, éclosent à partir d’avril pour donner naissance à des chenilles qui se déplacent en procession la nuit, pour se nourrir des feuilles. La journée, elles se réfugient dans des nids tissés sur les branches. Contrairement à celles du pin, leurs métamorphoses se produisent dans des cocons suspendus aux arbres, ce qui diffère grandement dans leur mode de développement et leur impact. Elles peuvent causer une défoliation sévère, affaiblissant l’arbre et rendant ses feuillages plus vulnérables aux autres insectes ou maladies.
Répartition
Présentes principalement dans la moitié nord de la France ainsi que dans certains pays européens du nord, ces chenilles préfèrent les feuillus comme le chêne et évitent le sol. Leur présence se remarque dans plusieurs régions telles que l’Alsace, la Bourgogne ou l’Île-de-France, où leur prolifération peut entraîner un déclin du feuillage et, à terme, des risques pour la santé de l’arbre. Bien que rarement létale, leur invasion fragilise la plante, prédisposant à d’autres nuisances et affaiblissant la vitalité forestière.
La chenille du chêne : la plus urticante
Depuis 2022, ces chenilles ont été classées comme “nuisibles à la santé humaine”, étant les plus urticantes de leur catégorie. Leurs poils, qui apparaissent dès le stade L3, peuvent provoquer des irritations durables jusqu’à plusieurs années. Leur contact, même à distance ou après leur mort, peut entraîner de fortes réactions allergiques, œdèmes et voire des réactions sévères comme le choc anaphylactique. Leur toxicité est un enjeu majeur pour toute personne ou animal en contact avec ces insectes. La moindre imprudence peut s’avérer dramatique, surtout pour les personnes vulnérables ou les animaux domestiques imprudents.
Actions préventives et interventions
Pour limiter leur prolifération, l’utilisation de bio-insecticides à base du bacille de Thuringe est recommandé, tout comme l’installation de pièges à phéromones pour capter la reproduction. La pose de nichoirs ou de refuges pour les prédateurs naturels, comme les oiseaux insectivores ou les chauves-souris, est aussi encouragée. En cas d’infestation, faire appel à des professionnels pour l’élimination sécurisée des nids est la meilleure solution.
Comment réagir face à la présence de chenilles urticantes ?
Identifier leur type selon l’arbre
La distinction principale repose sur l’arbre infesté. Les nids des chenilles du pin ont une forme ovale et donnent un aspect neigeux en hiver. Leur présence au sol, avec des chenilles de couleur orangée en procession, apparaît dès l’automne. La chenille du chêne, tachetée de gris, est active au printemps et en début d’été, avec des nids plus visibles, souvent suspendus ou accrochés dans les branches. La taille et la forme du nid, ainsi que la couleur de la chenille, permettent d’identifier leur espèce rapidement.
Que faire si un nid est détecté à proximité ?
En cas de nid, adoptez ces réflexes pour limiter tout risque :
- Interdire aux enfants de jouer près de l’arbre infecté ;
- Arroser la pelouse pour faciliter la tonte et supprimer potentiellement des nids au sol ;
- Se protéger avec des vêtements longs, un chapeau, des lunettes et des gants lors de toute intervention ou manipulation dans la zone ;
- Laver soigneusement fruits et légumes du jardin avant consommation ;
- Eviter de sortir le linge à l’extérieur entre mai et septembre ;
- Contacter un professionnel pour éviter la dispersion des nids et organiser leur éradication sécurisée.
En forêt ou dans des zones sauvages, il est conseillé de s’éloigner rapidement de tout arbre présentant un nid, de ne pas tenter l’élimination vous-même et d’avertir la mairie. Lors d’une promenade, équipez-vous de vêtements protecteurs et évitez tout contact ou proximité directe avec les chenilles ou leurs nids. En cas de contact accidentel avec les soies, il est impératif de réagir rapidement : retirer les vêtements, laver la peau et les cheveux, appliquer une crème calmante ou un antiseptique, et consulter un médecin en cas de réaction grave. Pour les animaux de compagnie, une consultation vétérinaire s’impose en cas de suspicion de contact.
Que faire en cas de contact ou d’exposition aux soies urticantes ?
Il est crucial d’agir vite : rentrer à l’intérieur, enlever et laver tous ses vêtements, puis procéder à un nettoyage complet du corps et des cheveux. L’application d’un traitement antihistaminique ou corticoïde peut soulager l’irritation. En cas de lésions importantes, consulter un médecin est indispensable. Si la victime est un enfant ou un animal, une prise en charge médicale immédiate s’impose. En cas de contact avec les yeux ou en situation de difficulté respiratoire, il est essentiel de solliciter une assistance médicale d’urgence. Enfin, après un contact avec une chenille, la vigilance doit être de mise pour éviter toute réaction allergique ou intoxication grave.
Pour davantage d’informations sur la gestion de ces insectes, consultez le site de Tendances et animaux.