La famille des punaises aquatiques regroupe divers groupes d’insectes qui, bien qu’ayant des différences physiques et biologiques, partagent des adaptations essentielles à leur vie dans l’eau. Certains disposent de structures semblables à un tuba pour respirer tout en restant immergés, tandis que d’autres ont développé la capacité de se déplacer en nageant sur le dos. Ces petits insectes, souvent moins visibles que leurs cousins terrestres, méritent qu’on fasse leur connaissance.
Quelles sont les caractéristiques des punaises d’eau ?
Appartenant à l’ordre des hémiptères, les punaises d’eau, aussi désignées sous le nom d’hydrocorises, forment un sous-ensemble particulier du groupe des punaises. Leur classification en plusieurs familles et super-familles reste encore sujette à débat, mais l’ITIS (Système d’information taxonomique intégré) recense cinq grandes super-familles. Parmi elles, on trouve les Corixoidea, qui regroupent plus de 500 espèces réparties dans le monde, dont une soixantaine en Europe, avec des corps petits et sombres agrémentés parfois de taches jaunes ou de motifs variés. Leur façon de communiquer par stridulation leur a valu le surnom de “cigales d’eau”. Les Naucoridea comptent deux espèces en France, d’aspect camouflé, vivant principalement dans l’eau stagnante. La super-famille Nepoidea rassemble des familles comprenant des punaises particulièrement grandes, comme les nèpes. Notonectoidea … et Ochteroidea complètent ce panorama, avec des membres adaptés à différents modes de vie aquatique ou terrestres.
D’où vient l’appellation “cigales d’eau” ?
Certaines punaises de la super-famille Corixoidea sont connues sous ce nom car les mâles produisent un son aigu et strident lors de la saison des amours. Ce phénomène, appelé stridulation, consiste à frotter leurs pattes contre une rangée de crêtes sur leur abdomen, ce qui génère un bruit très fort proportionnel à leur petite taille. La star parmi elles, Micronecta scholtzi, est réputée pour émettre l’un des sons les plus puissants en rapport avec sa taille minuscule, atteignant plusieurs centaines de clics par seconde, processus qui lui confère une intensité sonore exceptionnelle.
À quoi ressemblent ces insectes ?
Bien qu’il existe une grande diversité, la majorité des punaises d’eau ont un corps aplati, ovale, de couleur brune, avec des antennes courtes et recourbées, insérées sous deux grands yeux composés. Leur rostre, souvent robuste, leur permet de capturer leurs proies. Leurs ailes, tant antérieures que postérieures, leur offrent une capacité de vol efficace : les ailes antérieures, en partie cornées, se transforment en hémiélytres, une caractéristique distinctive des hémiptères. Sur leurs trois paires de pattes, chacune a une fonction précise : celles de devant sont adaptées à la prédation, les médians s’accrochent au substrat, et celles de derrière, frangées de soies, facilitent la nage.
Comment ces punaises vivent-elles sous l’eau ?
Leur adaptation à la vie aquatique est remarquable. Certaines disposent de siphons respiratoires allongés, leur permettant d’inhaler l’air tout en restant immergées. D’autres, comme les Belostomatidae, utilisent des poils modifiés en canaux pour aspirer l’oxygène. Certaines familles, telles qu’Apheilocheridae ou Naucoridae, utilisent la respiration par plastron, extrayant l’oxygène directement de l’eau. Chez d’autres, des bulles d’air se créent sous leur carapace grâce à des poils hydrofuges, ou encore, elles stockent l’air dans des cavités situées sur leur dos, sous leurs élytres ou leur pronotum. De nombreux membres possèdent aussi des pattes modifiées en palettes natatoires, leur permettant de se déplacer efficacement en nageant.
Où peut-on observer ces punaises ?
Présentes dans la plupart des régions du monde, sauf en Antarctique, ces insectes se concentrent principalement dans les zones tropicales. Leur habitat favori est constitué d’eaux calmes comme celles des lacs, étangs, mares ou zones marécageuses. La majorité préfèrent rester au fond de l’eau et ne remonter à la surface que pour respirer. Bien que beaucoup évoluent dans l’eau douce, certains tolèrent les eaux saumâtres, même si la présence de ces punaises est souvent un signe de bonne qualité de l’eau, car elles sont sensibles aux pollutions et aux modifications environnementales.
Que mangent-elles ?
Leur alimentation est très variée, mais la majorité sont des prédateurs. Leur régime va des petits invertébrés aquatiques, comme les larves ou crustacés, jusqu’à de petits vertébrés, notamment chez certaines familles comme les Nepidae. Certaines punaises se nourrissent aussi d’algues microscopiques ou de particules végétales en suspension ou déposées au fond, qu’elles raclent avec leurs pattes spécialisées.
De quelle façon chasse-t-elles ?
Dotées d’une incroyable capacité à chasser, ces insectes carnivores utilisent différentes stratégies. Par exemple, le Belostomatidae possède une mâchoire puissante équipée d’un appareil piqueur-suceur, permettant d’immobiliser et de vider ses proies. La naucore, quant à elle, en utilisant ses pattes ravisseuses en forme de crochets, peut rapidement saisir ses victimes. Son rostre large et pointu sert à percer la carapace de ses proies pour injecter des enzymes digestives et aspirer ainsi leur liquide intérieur après la décomposition.
Comment se reproduisent-elles ?
La reproduction chez ces insectes peut donner lieu à la ponte de plusieurs centaines d’œufs, déposés généralement sur des végétaux ou des surfaces solides sous l’eau. Chez les Belostomatidae, une particularité remarquable est que ce sont les mâles qui portent les œufs, pondant sur leur dos. La croissance des larves, qui ressemblent à des versions miniatures des adultes, requiert plusieurs mues, jusqu’à en atteindre la maturité après cinq étapes. Ces larves vivent dans le même environnement que leurs parents et se nourrissent des mêmes proies. La majorité des punaises aquatiques vivent un seul été avant l’hivernation, généralement sous forme adulte. La ponte et la métamorphose s’effectuent principalement au printemps, avec un déclin des activitées en été.