Malgré de petites dimensions, le scarabée attire l’attention par sa carapace éclatante, souvent noire et bombée. Mais qui sont-ils réellement ? Ou plutôt, combien en existe-t-il ? Et qu’est-ce qui motive leur déplacement dans nos espaces verts ? Voici quelques éclaircissements.
Qui sont les scarabées ?
En nombre, les scarabées se présentent sous diverses formes : on connaît plus de 350 000 espèces recensées, mais les estimations suggèrent qu’il pourrait y en avoir entre 5 et 30 millions dans le monde. Appartenant à l’ordre des coléoptères, ils font partie de la famille des scarabéidés. Leur classification fait débat parmi les spécialistes, car leur regroupement a évolué au fil des classifications. En Europe, ces insectes ont été longtemps regroupés dans une super-famille, avant d’être divisés en plusieurs sous-familles. Ces sous-familles incluent notamment :
- Les Scarabaeinae, souvent appelés bousiers, qui jouent un rôle clef dans l’environnement en aidant à la décomposition des matières organiques ;
- Les Dynastinae, hébergeant certains des plus gros coléoptères, comme le scarabée rhinocéros (Oryctes nasicornis) ; les mâles portent des cornes spécifiques utilisées pour attirer les femelles et rivaliser avec d’autres mâles ;
- Les Melolonthinae, dont les membres les plus célèbres sont les hannetons ;
- Les Rutelinae, regroupant des espèces à l’aspect impressionnant, avec des carapaces aux reflets métalliques variés, comme le scarabée de la vigne (Pelidnota punctata) ou le scarabée japonais (Popillia japonica) ;
- Les Aphodiinae, souvent désignés comme scarabées stércoraires, qui se nourrissent de débris végétaux en décomposition ; parmi eux, on trouve des espèces alpines comme Euheptaulacus carinatus ou Neagolius liguricus, souvent rencontrées à haute altitude ;
- Les Cetoniinae, illustrés par la cétoine dorée (Cetonia aurata), une espèce européenne portant des couleurs chatoyantes et métalliques ;
- Les Lucaninae, distingables par leurs mandibules proéminentes, le plus grand représentant en Europe étant le lucane cerf-volant (Lucanus cervus).
À quoi ressemble un scarabée ?
La diversité de ces coléoptères est grande, chaque espèce ayant ses propres traits distinctifs. Cependant, la majorité partage des éléments communs, tels que :
- Un corps composé de trois segments : tête, thorax et abdomen ;
- Une paire d’ailes recouvertes d’élytres qui forment une carapace protectrice, bien que tous ne soient pas capables de voler ;
- Des élytres colorés ou à motifs, qui facilitent l’identification des espèces ; beaucoup présentent des teintes brunes ou noires, tandis que d’autres affichent des reflets métalliques ou des motifs distinctifs ;
- Une structure buccale adaptée pour mâcher ;
- Des yeux composés, formés de multiples unités réceptives ;
- Des antennes de 9 ou 10 segments, souvent en forme de lamelles mobiles pouvant s’ouvrir en éventail (type massue) ;
- Trois paires de pattes équipées de petites dents, leur permettant de creuser le sol ;
- Une taille généralement comprise entre 1 et 3 cm ;
- Une étape de métamorphose passant par plusieurs phases : œuf, larve, pupe puis adulte.
Où vivent les scarabées ?
Présents sur tous les continents sauf en Antarctique, ces insectes ont su s’adapter à divers environnements terrestres et aquatiques, grâce à leur grande diversité morphologique et comportementale. Ils se retrouvent dans des habitats variés tels que : forêts tropicales ou tempérées, bois en décomposition, prairies, savanes, déserts, zones agricoles, jardins, milieux humides (étangs, rivières, marais), grottes, sols souterrains, systèmes d’égouts, et milieux urbains comme les parcs, jardins et zones résidentielles.
Que mangent les scarabées ?
La nourriture de ces insectes diffère selon leur stade de développement. La larve, souvent saproxylophage, se nourrit principalement de bois en décomposition ou de racines de plantes. À l’âge adulte, en revanche, ils se nourrissent de bourgeons, feuilles, fleurs, nectar, pollen et fruits issus de divers arbres ou arbustes. Certains scarabées, comme les coprophages, se nourrissent d’excréments ou de matière organique en décomposition, qu’ils roulent en boule pour la stocker dans leurs galeries souterraines, où ils pondent leurs œufs. Le scarabée bousier doit son nom à ces boulettes de bouse qu’il confectionne pour y déposer ses œufs, assurant ainsi une nourriture immédiate pour ses larves au moment de l’éclosion.
Comment se reproduisent les scarabées ?
Leur cycle de reproduction, caractéristique des insectes holométaboles, implique une transformation complète au cours de leur vie. En voici les principales étapes :
La ponte
Après l’accouplement, la femelle choisit un lieu pour déposer ses œufs, en fonction de l’espèce : dans la terre, sur les plantes ou dans des débris organiques en décomposition.
L’éclosion
Après quelques jours ou semaines, les œufs donnent naissance à des larves, souvent appelées vers blancs, dont l’apparence est caractéristique.
La phase larvaire
Les larves traversent plusieurs stades de développement, appelés stades larvaires, durant lesquels elles se nourrissent intensément pour accumuler l’énergie nécessaire à leur transformation. En fonction de l’espèce, elles consomment des débris organiques, des racines ou des matières en décomposition.
La métamorphose
Une fois qu’elles ont atteint la taille suffisante, ces larves se transforment en nymphes. Elles entrent alors dans une phase de repos et de reconfiguration radicale, appelée nymphose ou pupaison, généralement dans le sol ou dans un cocon.
La sortie de la nymphe
Après plusieurs jours ou semaines, l’adulte émerge, durcit ses élytres et devient entièrement opérationnel pour se nourrir, se déplacer et se reproduire, assurant la continuité de son cycle. La durée de vie de ces coléoptères varie entre quelques mois et plusieurs années. Par exemple, le hanneton peut vivre jusqu’à 3 ans, à condition d’échapper à ses prédateurs comme les fourmis, hérissons, lézards ou oiseaux.
En quoi les scarabées sont-ils utiles ?
Ces insectes incarnent un rôle clé dans l’équilibre écologique. Voici quelques bénéfices qu’ils apportent à leur environnement :
Dégradation et recyclage
Les bousiers et cétoines dorées participent activement à la décomposition des matières organiques, ce qui contribue à la fertilisation du sol. En consommant des débris végétaux ou animaux, ils facilitent leur transformation en humus ou compost, accélérant ainsi leur disparition. Par exemple, dans un composteur, la présence de larves de cétoine favorise une décomposition rapide et homogène.
Amélioration du sol
Lorsqu’ils creusent des tunnels pour déposer leurs œufs ou pour enfouir des excréments, ces scarabées améliorent la structure du sol. Ils aèrent la terre, augmentent ses capacités de rétention d’eau et enrichissent le sol en nutriments essentiels pour la croissance des plantes.
Régulation de nuisibles
Certains scarabées sont de redoutables prédateurs d’insectes nuisibles comme les pucerons, chenilles ou escargots, contribuant ainsi à l’équilibre des jardins et des cultures.
Pollinisation
Des espèces comme la cétoine dorée participent au processus de pollinisation. En butinant, elles transportent le pollen d’une fleur à l’autre, ce qui favorise la reproduction des plantes. Leur corps porte de nombreux petits poils, facilitant la capture de pollen lors de leur déplacement butinant les fleurs ou les fruits mûrs ; leur pachyderme éclatant, notamment leur carapace verte métallisée avec reflets dorés, en fait des pollinisateurs agréés par les jardiniers.
Indicateurs de biodiversité
La présence ou l’absence de certaines espèces de scarabées peut révéler la santé des sols, l’état de pollution ou la diversité écologique d’un milieu donné.
En quoi les scarabées peuvent-ils être nuisibles ?
Bien qu’inoffensifs pour l’homme, certains scarabées deviennent une nuisance pour les cultures. Leur régime alimentaire peut causer des dégâts importants, notamment ceux des espèces phytophages qui s’attaquent aux racines, feuilles, fleurs ou fruits. Parmi eux, le hanneton commun, le hanneton européen et le scarabée japonais se révèlent particulièrement destructeurs dans les jardins ou les champs. La larve de hanneton, aussi appelée « ver blanc », se nourrit de racines, ce qui affaiblit ou tue les plantes et le gazon. Lors d’invasions massives, ces insectes sont considérés comme nuisibles pour l’agriculture et la sylviculture.
Larves de cétoine et de hanneton : quelles différences ?
La larve de cétoine, très active dans les composts, doit être distinguée de celle du hanneton, qui est particulièrement nuisible. Bien qu’elles se ressemblent, quelques détails permettent de faire la distinction :
- La coloration (grisâtre pour la cétoine, jaunâtre pour le hanneton) ;
- La longueur des pattes (courtes chez la cétoine, plus longues que la largeur du corps chez le hanneton) ;
- La forme de l’abdomen (enflé à l’extrémité pour la cétoine, plus fin pour le hanneton) ;
- La taille de la tête (petite pour la cétoine, plus grosse pour le hanneton).
Comment lutter naturellement contre les scarabées ?
Il existe plusieurs méthodes simples pour prévenir ou limiter leur présence dans un jardin ou un potager :
- Planter des végétaux qui repoussent ces insectes, comme le lilas, le houx, le cornouiller, l’érable rouge ou certains résineux, ainsi que des plantes aromatiques ou ornementales telles que géraniums, pélargoniums, ricins ou delphiniums, qui émettent des odeurs ou possèdent des propriétés toxiques ;
- Mettre en place des pièges à phéromones pour attirer et capturer ces coléoptères ;
- Favoriser l’installation de prédateurs naturels, comme les fourmis, hérissons, lézards ou certains oiseaux (mésanges, moineaux, étourneaux, merles) ;
- Maintenir une pelouse d’une dizaine de centimètres sans trop arroser, car les femelles préfèrent pondre dans des sols humides et courts. Ce type de terrain limite le développement des larves, qui ont du mal à survivre dans des environnements secs.