Le papillon argus bleu, connu pour sa grande capacité de reproduction avec 1 à 3 générations par an, se retrouve largement dispersé à travers l’Eurasie. Sa présence est courante en Europe, y compris en France. Au stade de la chenille, cette espèce présente une relation particulière avec les fourmis : celles-ci prennent soin d’elle, la défendant contre les parasites et les prédateurs. Petit aperçu de cet insecte aux reflets bleus, que l’on peut voir évoluer dans des environnements variés, que ce soit à la campagne, en altitude ou en milieu urbain.
Présentation de l’argus bleu
Ce lépidoptère, dont le nom scientifique est Polyommatus icarus, appartient à l’ordre des papillons, plus précisément à la famille des lycènes. On le désigne aussi sous des appellations comme azuré commun ou azuré de la bugrane. La différence entre les sexes est marquée : le mâle arbore une surface d’aile d’un bleu éclatant avec une fine bordure noire et des franges blanches, tandis que la femelle adopte une teinte brunâtre avec des reflets bleus et une rangée de taches orange le long des bordures de ses ailes, celles du dessus comme du dessous. Chez les deux sexes, le revers des ailes présente un motif d’ocelles noirs entourés de blanc ainsi que des croissants orangés, lui conférant un aspect visuel distinctif. La taille de ce papillon varie généralement entre 2,7 et 3,4 cm d’envergure.
Répartition géographique de l’argus bleu
Ce lépidoptère est omniprésent dans toute l’Europe, notamment dans plusieurs îles méditerranéennes et des îles des Canaries. Sa présence dépasse même le continent européen, car il a été introduit accidentellement en Amérique du Nord, plus précisément au Québec depuis 2005. Selon les observations, il aurait été déplacé par avion ou par cargaison, avec le premier spécimen repéré près de l’aéroport de Montréal. En France métropolitaine, on le trouve dans tous les départements, ce qui témoigne de sa grande adaptabilité.
Types d’habitats fréquentés par l’argus bleu
Ce papillon peut évoluer dans une grande diversité d’environnements, qu’ils soient urbains ou naturels, et à des altitudes allant jusqu’à 3000 mètres. Il aime autant les terrains secs, comme les dunes ou steppes, que les zones plus tempérées, telles que les prairies fleuries, les jardins ou les bords de chemins. La végétation qu’il privilégie est principalement composée de plantes de la famille des papilionacées, telles que le lotier, la luzerne ou le trèfle, qui servent non seulement de nourriture à l’adulte mais aussi comme sites de ponte pour ses œufs.
Pourquoi l’argus bleu a-t-il une relation avec les fourmis ?
L’argus bleu est une espèce très particulière, car elle entretient une symbiose avec les fourmis. Pendant sa phase de chenille, elle sécrète un liquide sucré que les fourmis aiment consommer. Ces dernières, en échange, la transportent dans leur nid, où elles la protègent contre les menaces et la maintiennent en bonne santé, tout en la nourrissant. La chenille bénéficie aussi d’un abri sûr, à l’abri des prédateurs, grâce à cette collaboration. Elle possède également des glandes qui libèrent une substance empêchant les fourmis de l’attaquer de manière agressive, assurant ainsi sa sécurité au sein de la fourmilière.
Cycle de vie et reproduction de l’argus bleu
Le cycle de vie de cet insecte se divise en quatre phases principales — œuf, larve (chenille), chrysalide et adulte — et s’étale en huit étapes distinctes :
- La ponte : La femelle dépose ses œufs, généralement sur des feuilles de plantes nourricières comme les légumineuses, à la surface supérieure. Les œufs, de couleur claire et en forme d’hémisphère, éclosent en une semaine environ.
- La phase larvaire : La chenille, petite et robuste, affiche une tête brillante noire et un corps vert avec des lignes contrastées, mesurant une dizaine de millimètres.
- Interaction avec les fourmis : Lors de sa rencontre avec ces insectes, la chenille sécrète un nectar apprécié, lui permettant d’être emmenée dans le nid, où elle est protégée. Sa durée de vie en larve est d’environ 6 semaines, hors dernière génération.
- L’introduction dans la colonie : Les fourmis, attirées par le liquide sucré, la transportent et la chérissent. Elles la nourrissent afin de récolter en permanence son miellat précieux. À cette étape, la larve poursuit son développement.
- L’hivernation : Certaines chenilles, notamment celles issues de pontes tardives, entrent en dormance pour l’hiver, se réfugiant dans la végétation morte ou sous les débris, et poursuivent leur croissance au printemps.
- La métamorphose en chrysalide : La larve, pendant environ deux semaines à un mois, se transforme en nymphe à l’intérieur d’un cocon protecteur, où ses tissus se réarrangent intégralement, lui conférant un aspect camouflage pour échapper aux prédateurs.
- L’émergence du papillon adulte : La nymphe se métamorphose en un insecte avec une tête équipée d’yeux, d’antennes et d’une proboscis, permettant de se nourrir du nectar. Son corps porte aussi des organes reproducteurs et des organes olfactifs développés pour la communication.
- La période de reproduction : Entre fin mars et novembre, les papillons s’accouplent grâce aux phéromones émises par les femelles. La reproduction redémarre alors pour une nouvelle génération.
Pourquoi l’argus bleu présente-t-il plusieurs générations par an ?
Cette capacité est due au fait qu’il est une espèce polytopique : elle peut produire plusieurs générations successives dans l’année, avec la luminosité et la température influençant le nombre. En régions froides ou en altitude, il n’y en a qu’une seule, généralement en juin ou juillet. Dans des zones plus chaudes et plus méridionales, on observe deux ou trois générations entre mai et octobre.
Le statut de l’argus bleu face au danger
À chaque étape de son cycle, l’argus bleu peut être menacé par divers prédateurs : oiseaux insectivores, amphibiens, araignées ou hyménoptères tels que les guêpes. Cependant, cette espèce reste très répandue et abondante, notamment en France, ce qui lui évite aujourd’hui toute nécessité de protection spécifique. Sa population, même lors des pics de forte présence, ne montre pas de signes de déclin alarmant.