Fourmi électrique : une espèce invasive récemment détectée

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Les êtres humains recherchent depuis toujours un équilibre harmonieux avec la nature, mais cette quête s’avère souvent complexe à réaliser. La mondialisation et le commerce international favorisent la dispersion d’espèces à travers le globe, créant ainsi des situations où des espèces invasives peuvent s’installer dans des environnements qui ne leur sont pas destinés, avec des impacts souvent négatifs. Parmi ces espèces, une petite fourmi venue d’Amérique du Sud, relayée récemment en France, suscite d’inquiétudes de par sa capacité à s’étendre rapidement. Découvrons ensemble cette espèce invasive, communément appelée la fourmi électrique.

Description de la fourmi électrique

Scientifiquement désignée sous le nom de Wasmannia auropunctata, cette petite créature est aussi connue sous le nom de “petite fourmi de feu”. Silhouette compacte, ses ouvrières atteignent à peine 1,2 millimètres, arborant une teinte allant du beige clair au doré. Les mâles et les reines, eux, sont plus imposants, mesurant environ 4 millimètres, avec une coloration plus foncée. Les individus sexués naissent avec des ailes, qu’ils abandonnent par la suite, sans jamais effectuer de vols nuptiaux. Sous un microscope, cette fourmi révèle plusieurs caractéristiques distinctives : un corps recouvert de longs poils, deux segments entre le thorax et l’abdomen, deux épines sur le premier segment abdominal, ainsi que des antennes à 11 segments (13 pour les mâles) qui se terminent par une forme de massue.

Il ne faut pas confondre cette espèce avec Linepithema humile, connue sous le nom de fourmi d’Argentine, qui lui est différente sur plusieurs points.

En milieu naturel, Wasmannia auropunctata érige ses colonies dans divers types d’habitats. Elle privilégie les zones ombragées, humides, abritées du vent, et aime s’installer au sol. Elle peut s’établir sous des branches en décomposition, dans une couche de feuilles mortes, dans des fissures du terrain, ou encore dans des noix de coco tombées. Elle s’installe également sous des roches ou dans des galeries souterraines, notamment celles creusées par des termites qu’elle élimine. On peut aussi la repérer dans des creux de branches ou dans des réseaux de nids connectés, souvent peu structurés, permettant une mobilité rapide et une adaptation aisée face aux perturbations.

Malheureusement, cette fourmi ne se limite pas à la nature. Elle trouve aussi son compte dans nos habitations : lits, linge, nourriture, pots de fleurs, poubelles… Bien que les climats froids soient défavorables à sa survie à l’extérieur, elle a la capacité de survivre en milieu humain, notamment dans des serres chauffées et humides, comme cela a été constaté en Angleterre ou au Canada.

La principale source de nourriture de cette espèce est le miellat produit par des pucerons, qu’elle récolte avec efficacité. Très agressive envers d’autres fourmis, elle est capable de déloger ses congényères pour prendre leur territoire. Elle est également opportuniste, se nourrissant de divers autres éléments : arthropodes comme termites, araignées ou scorpions, petits vertébrés tels que certaines grenouilles, ou encore fruits, fleurs et bourgeons riches en sucres et en matières grasses. Sur l’archipel des Galápagos, cette fourmi attaque même les jeunes tortues, ou leur yeux et leur cloaque. Dans nos maisons, elle privilégie les matières grasses, allant jusqu’à former d’importantes colonies dès qu’elle trouve une source abondante de nourriture. Elle est capable de s’investir massivement dans l’exploitation d’un même site, quelles que soient les conditions extérieures.

Le mode de reproduction de la fourmi électrique est exceptionnel dans le monde animal. Elle utilise deux méthodes différentes : une reproduction sexuelle classique, ainsi qu’une reproduction clonale. Contrairement à la majorité des fourmis, ses reines peuvent engendrer des œufs sans fécondation, donnant naissance à des mâles, ou produire des œufs fécondés qui deviennent des femelles. Fait remarquable, ces reines ont la capacité de se cloner, transmettant uniquement leur patrimoine génétique, leur permettant ainsi une reproduction autonome. Cependant, des mâles issus de reproduction classique existent également, puisqu’ils peuvent féconder les œufs haploïdes, en éliminant l’ADN maternel après fertilisation, ce qui résulte en des œufs devenant des clones du mâle. Traditionnellement, les populations clonales se retrouvent principalement dans les habitats humains, où leur facilité de colonisation est un avantage, tandis que celles qui se reproduisent sexuellement occupent des terrains sauvages.

Ce qui explique la diffusion de cette espèce à travers le monde, c’est son lien étroit avec l’activité humaine. Identifiée comme une fourmi “vagabonde”, elle profite du transport de végétaux, de déchets verts et d’autres marchandises pour se répandre. Son comportement opportuniste, sa stratégie reproductive mixte, son agressivité envers les autres espèces mais amitié avec ses semblables, et sa capacité à s’approprier rapidement toutes les ressources disponibles, favorisent sa prolifération. Originaire d’Amérique centrale et du sud, elle a étendu son territoire en Afrique, en Israël, en Amérique du Nord, dans plusieurs îles du Pacifique et des Caraïbes. En Europe, ses premières mentions datent de 1927 au Royaume-Uni, puis apparaissent en Allemagne en 1952, aux Pays-Bas en 1988, en Italie en 2006, en Espagne en 2016, et enfin en France métropolitaine, dans le Var, en août 2022.

Considérée comme une espèce à risque d’invasion, Wasmannia auropunctata est inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes prioritaires pour l’Union Européenne. Des efforts rapides de lutte et d’éradication sont indispensables, avec pour cela la mobilisation d’organismes spécialisés pour vérifier la présence des colonies, suivre leur propagation, et identifier leur origine.

Malgré sa petite taille, la fourmi électrique est considérée comme l’un des envahisseurs les plus dangereux de la région Pacifique, figurant parmi les 100 espèces invasives les plus préoccupantes dans le monde. Ses piqûres, capables de provoquer de très fortes douleurs semblables à des décharges électriques, peuvent entraîner des réactions allergiques graves, voire la cécité chez certains animaux domestiques tels que chats et chiens. Son comportement agressif lui permet de piquer plusieurs fois par seconde, déployant ainsi ses défenses rapidement. Elle peut ainsi menacer la faune locale, en prédateurs et en compétiteurs, ou encore favoriser certains insectes suceurs de sève, ce qui peut aggraver la détérioration des plantes et causer des pertes économiques considérables, estimées à près de 20 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Sa présence a donc des implications écologiques et économiques importantes, justifiant une vigilance renforcée pour limiter son implantation.

Crédit photo : antweb.org

Les êtres humains recherchent depuis toujours un équilibre harmonieux avec la nature, mais cette quête s’avère souvent complexe à réaliser. La mondialisation et le commerce international favorisent la dispersion d’espèces à travers le globe, créant ainsi des situations où des espèces invasives peuvent s’installer dans des environnements qui ne leur sont pas destinés, avec des impacts souvent négatifs. Parmi ces espèces, une petite fourmi venue d’Amérique du Sud, relayée récemment en France, suscite d’inquiétudes de par sa capacité à s’étendre rapidement. Découvrons ensemble cette espèce invasive, communément appelée la fourmi électrique.

Description de la fourmi électrique

Scientifiquement désignée sous le nom de Wasmannia auropunctata, cette petite créature est aussi connue sous le nom de “petite fourmi de feu”. Silhouette compacte, ses ouvrières atteignent à peine 1,2 millimètres, arborant une teinte allant du beige clair au doré. Les mâles et les reines, eux, sont plus imposants, mesurant environ 4 millimètres, avec une coloration plus foncée. Les individus sexués naissent avec des ailes, qu’ils abandonnent par la suite, sans jamais effectuer de vols nuptiaux. Sous un microscope, cette fourmi révèle plusieurs caractéristiques distinctives : un corps recouvert de longs poils, deux segments entre le thorax et l’abdomen, deux épines sur le premier segment abdominal, ainsi que des antennes à 11 segments (13 pour les mâles) qui se terminent par une forme de massue.

Il ne faut pas confondre cette espèce avec Linepithema humile, connue sous le nom de fourmi d’Argentine, qui lui est différente sur plusieurs points.

En milieu naturel, Wasmannia auropunctata érige ses colonies dans divers types d’habitats. Elle privilégie les zones ombragées, humides, abritées du vent, et aime s’installer au sol. Elle peut s’établir sous des branches en décomposition, dans une couche de feuilles mortes, dans des fissures du terrain, ou encore dans des noix de coco tombées. Elle s’installe également sous des roches ou dans des galeries souterraines, notamment celles creusées par des termites qu’elle élimine. On peut aussi la repérer dans des creux de branches ou dans des réseaux de nids connectés, souvent peu structurés, permettant une mobilité rapide et une adaptation aisée face aux perturbations.

Malheureusement, cette fourmi ne se limite pas à la nature. Elle trouve aussi son compte dans nos habitations : lits, linge, nourriture, pots de fleurs, poubelles… Bien que les climats froids soient défavorables à sa survie à l’extérieur, elle a la capacité de survivre en milieu humain, notamment dans des serres chauffées et humides, comme cela a été constaté en Angleterre ou au Canada.

La principale source de nourriture de cette espèce est le miellat produit par des pucerons, qu’elle récolte avec efficacité. Très agressive envers d’autres fourmis, elle est capable de déloger ses congényères pour prendre leur territoire. Elle est également opportuniste, se nourrissant de divers autres éléments : arthropodes comme termites, araignées ou scorpions, petits vertébrés tels que certaines grenouilles, ou encore fruits, fleurs et bourgeons riches en sucres et en matières grasses. Sur l’archipel des Galápagos, cette fourmi attaque même les jeunes tortues, ou leur yeux et leur cloaque. Dans nos maisons, elle privilégie les matières grasses, allant jusqu’à former d’importantes colonies dès qu’elle trouve une source abondante de nourriture. Elle est capable de s’investir massivement dans l’exploitation d’un même site, quelles que soient les conditions extérieures.

Le mode de reproduction de la fourmi électrique est exceptionnel dans le monde animal. Elle utilise deux méthodes différentes : une reproduction sexuelle classique, ainsi qu’une reproduction clonale. Contrairement à la majorité des fourmis, ses reines peuvent engendrer des œufs sans fécondation, donnant naissance à des mâles, ou produire des œufs fécondés qui deviennent des femelles. Fait remarquable, ces reines ont la capacité de se cloner, transmettant uniquement leur patrimoine génétique, leur permettant ainsi une reproduction autonome. Cependant, des mâles issus de reproduction classique existent également, puisqu’ils peuvent féconder les œufs haploïdes, en éliminant l’ADN maternel après fertilisation, ce qui résulte en des œufs devenant des clones du mâle. Traditionnellement, les populations clonales se retrouvent principalement dans les habitats humains, où leur facilité de colonisation est un avantage, tandis que celles qui se reproduisent sexuellement occupent des terrains sauvages.

Ce qui explique la diffusion de cette espèce à travers le monde, c’est son lien étroit avec l’activité humaine. Identifiée comme une fourmi “vagabonde”, elle profite du transport de végétaux, de déchets verts et d’autres marchandises pour se répandre. Son comportement opportuniste, sa stratégie reproductive mixte, son agressivité envers les autres espèces mais amitié avec ses semblables, et sa capacité à s’approprier rapidement toutes les ressources disponibles, favorisent sa prolifération. Originaire d’Amérique centrale et du sud, elle a étendu son territoire en Afrique, en Israël, en Amérique du Nord, dans plusieurs îles du Pacifique et des Caraïbes. En Europe, ses premières mentions datent de 1927 au Royaume-Uni, puis apparaissent en Allemagne en 1952, aux Pays-Bas en 1988, en Italie en 2006, en Espagne en 2016, et enfin en France métropolitaine, dans le Var, en août 2022.

Considérée comme une espèce à risque d’invasion, Wasmannia auropunctata est inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes prioritaires pour l’Union Européenne. Des efforts rapides de lutte et d’éradication sont indispensables, avec pour cela la mobilisation d’organismes spécialisés pour vérifier la présence des colonies, suivre leur propagation, et identifier leur origine.

Malgré sa petite taille, la fourmi électrique est considérée comme l’un des envahisseurs les plus dangereux de la région Pacifique, figurant parmi les 100 espèces invasives les plus préoccupantes dans le monde. Ses piqûres, capables de provoquer de très fortes douleurs semblables à des décharges électriques, peuvent entraîner des réactions allergiques graves, voire la cécité chez certains animaux domestiques tels que chats et chiens. Son comportement agressif lui permet de piquer plusieurs fois par seconde, déployant ainsi ses défenses rapidement. Elle peut ainsi menacer la faune locale, en prédateurs et en compétiteurs, ou encore favoriser certains insectes suceurs de sève, ce qui peut aggraver la détérioration des plantes et causer des pertes économiques considérables, estimées à près de 20 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Sa présence a donc des implications écologiques et économiques importantes, justifiant une vigilance renforcée pour limiter son implantation.

Crédit photo : antweb.org