La silhouette de la courtilière est marquée par ses pattes antérieures équipées de griffes robustes, spécifiquement adaptées à l’action de fouir, évoquant celles d’une taupe. Malgré cette apparence, cet insecte produit des sons de stridulation qui rappellent ceux d’un grillon. Dotée de pièces buccales conçues pour broyer, la courtilière préfère souvent couper plutôt que contourner les obstacles végétaux, ce qui peut poser problème aux jardiniers.
Qu’est-ce qu’une courtilière ou taupe-grillon ?
Originaire des régions occidentales de l’Europe, cet arthropode, connu sous plusieurs noms comme taupe-grillon, taupette ou écrevisse de terre, appartient à la famille des orthoptères. Ces insectes, qui se manifestent par des sons stridents produits en frottant leurs élytres, font partie d’une grande famille comprenant criquets, sauterelles et grillons. La courtilière se distingue par sa taille imposante, mesurant généralement entre 5 et 8 cm à l’âge adulte, et pouvant atteindre 10 cm chez certains individus.
À quoi ressemble une courtilière ?
Facétieusement allongée, elle affiche un prothorax massif et arrondi, renforcé pour résister aux épreuves du sol. La tête, équipée de puissantes pièces buccales, est flanquée de deux antennes fines et longues, ainsi que de deux yeux noirs. Son abdomen, constitué de dix segments, se finit en deux petits appendices, que l’on nomme cerques. Les pattes antérieures, larges et équipées de griffes pointant vers l’extérieur, sont particulièrement adaptées au fouissage. Ses pattes postérieures, plus développées, lui permettent de sauter, tandis que ses ailes translucides facilitent le vol. La carapace recouvrant ses ailes est courte et sert principalement à la protection. La couleur de l’insecte varie du brun au dessus, au jaune plus clair en dessous.
Où vit la courtilière ou taupe-grillon ?
Présente en Europe de l’Ouest, la courtilière est également répartie dans plusieurs autres régions telles que l’Afrique du Nord, les Caraïbes, l’Amérique latine, l’Asie et l’Océanie. Elle préfère évoluer dans des environnements humides, riches en matière organique, avec des sols meubles et frais. On la trouve fréquemment dans des habitats tels que tourbières, marais, prairies, jardins, potagers ou pépinières. Son terrier est souvent en forme de Y, dans lequel elle se réfugie au fond d’une branche. Dans certaines zones, ses populations diminuent, notamment à cause de la pollution ou de la dégradation de son habitat. En France, sa présence devient de plus en plus rare, notamment dans le sud-ouest et le Midi, où elle est en danger d’extinction.
Que mange la courtilière ?
En tant qu’omnivore, cet insecte mange aussi bien des racines et tubercules qu’il trouve dans la terre, que des protéines animales. Son régime inclut des larves, des vers blancs ou gris, des limaces et de petits coléoptères, ainsi que des vers de terre, qui jouent un rôle bénéfique dans l’aération et la fertilité du sol. La courtilière, surtout active la nuit, se montre particulièrement discrète. Elle chasse principalement dans le calme nocturne, apportant une régulation naturelle de la biodiversité dans les jardins.
Quel est le mode d’action de la courtilière ?
Au printemps et en été, la courtilière creuse des galeries souterraines où elle vit et chasse. Elle coupe, soulève et endommage systématiquement toutes les plantes qu’elle croise, notamment en sectionnant leurs racines et en endommageant les jeunes plants. Ses pièces buccales puissantes lui permettent de déchiqueter feuilles, bulbes, rhizomes, tubercules et autres parties souterraines, peu importe leur usage, qu’il s’agisse de plantes ornementales, potagères ou agricoles.
Quelles sont les conséquences d’une attaque de courtilières ?
La dégradation des racines entraîne chez les jeunes végétaux un affaiblissement visible, puis leur mort. Les plantes plus âgées résistent souvent mieux, mais peuvent néanmoins subir des dégâts. Par ailleurs, la courtilière peut aussi consommer de nombreux vers de terre, essentiels à la santé du sol, en le laissant moins aéré et moins fertile. La présence massive de cet insecte représente un véritable défi pour les jardiniers, maraîchers ou exploitants agricoles, car elle cause des pertes importantes et perturbe l’équilibre du milieu naturel.
Comment lutter naturellement contre la courtilière ?
Étant nocturne, la courtilière est difficile à repérer directement, mais ses galeries visibles en surface — longues, fines, souvent en forme de zigzag — trahissent sa présence. Lorsqu’on identifie la cause des dégâts, il est important d’intervenir rapidement. Même si aucun traitement totalement efficace n’est actuellement disponible, plusieurs méthodes naturelles peuvent limiter sa prolifération si elles sont appliquées dès le début du printemps :
- Placer des boîtes de conserve remplies d’eau sucrée ou de térébenthine à ras du sol, afin que les insectes s’y noient ;
- Installer un insecticide bio à base de pyréthrine dans une galerie menant à leur nid, pouvant être fabriqué à partir de fleurs fraîches ou séchées ;
- Creuser une tranchée de 10 cm de profondeur dans la zone infestée, humide en permanence, en la recouvrant de tuiles ou de morceaux de bois pour y piéger les courtilières ;
- Enterrer un récipient lisse, comme un pot ou une conserve, dans les passages connus ou à proximité d’un tas de compost, pour emprisonner ces insectes ;
- Pulvériser un extrait de purin d’ortie ou de sureau sur les semis ou les plantations ;
- Saupoudrer du marc de café autour des cultures, dont l’odeur repousse ces insectes ;
- Verser de l’huile végétale dans leur terrier pour détruire les œufs et faciliter leur sortie ;
- Utiliser des nématodes, tels que Steinernema carpocapsae, qui s’avèrent efficaces sous des conditions météorologiques favorables.
Comment prévenir l’apparition de la courtilière ?
Pour limiter leur retour, différentes mesures préventives peuvent être adoptées :
- Éviter d’utiliser du vieux fumier pour fertiliser, car il est souvent peuplé de vers que la courtilière se nourrit ;
- Installer le composteur loin du potager, afin de réduire l’attractivité pour ces insectes, étant donné la présence de vers ;
- Planter des espèces comme la rue ou la fritillaire, qui possèdent des propriétés répulsives ;
- Encourager la biodiversité dans le jardin en attirant des prédateurs naturels, notamment en installant des mangeoires pour oiseaux.
Il est essentiel de rappeler que chaque élément de la chaîne alimentaire joue un rôle dans la régulation des populations d’insectes. La courtilière participe à la lutte contre nuisibles tels que larves de hannetons, limaces ou vers gris, et constitue aussi une source de nourriture pour d’autres animaux. Il est donc conseillé de ne l’éliminer que si sa présence devient réellement problématique pour vos cultures.