Jusqu’à présent, vous pensiez peut-être que seules les libellules peuplaient nos environnements naturels. Récemment, vous avez découvert l’existence d’un insecte très semblable, appelé demoiselle. La bonne nouvelle, c’est qu’apprendre à les différencier est en réalité assez simple. Plongez dans le fascinant univers de ces insectes élégants et légers !
Les similitudes entre libellules et demoiselles
En France, le nombre d’espèces de ces insectes appartenant à l’ordre des odonates varie autour de quatre-vingt-dix. Leur nom, odonates, provient du latin odonata, qui combine les termes grecs odon (dent) et ate (pourvu de). Malgré leur apparence délicate, ce sont en réalité des prédateurs redoutables dans leur habitat, équipés de mandibules puissantes et de dents acérées.
Leurs grands yeux à facettes multiples, souvent visibles lorsqu’ils se perchent, facilitent leur identification. Leur livrée souvent irisée, leur mode de vol dynamique, et leur comportement lors de la reproduction permettent aussi de faire facilement la différence avec d’autres insectes.
Comment distinguer une libellule d’une demoiselle ?
Les demoiselles, également appelées zygoptères ou agrions, se reconnaissent en observant leurs ailes quand elles sont posées : celles-ci restent jointes le long de leur corps. Une exception concerne les Lestes, qui ont des ailes partiellement déployées au repos. Si vous pouvez scruter de près, vous remarquerez aussi que leurs deux grands yeux sont séparés.
En revanche, les libellules, ou anisoptères, sont souvent plus imposantes. Quand elles se tiennent au repos, leurs quatre ailes s’étalent de chaque côté, formant une croix. Leur regard est souvent très rapproché, avec des yeux qui se touchent, sauf chez certaines familles comme les Gomphidae, où leurs yeux restent écartés.
Où peut-on observer ces insectes ?
Ils sont généralement visibles entre le printemps et l’automne, près d’eaux ou d’habitats humides tels que mares, étangs, lacs, rivières ou fleuves. Ces insectes, qui évoluent dans un cycle de métamorphose progressif, voient leurs larves, appelées naïades, évoluer dans des milieux aquatiques distincts de l’adulte. Les mâles choisissent le lieu de ponte où ils effectuent des vols de parade, et après l’accouplement, les femelles déposent leurs œufs dans la végétation ou à la surface de l’eau. Les larves respirent à l’aide de branchies et leur développement peut durer de quelques mois à plusieurs années, jusqu’à la métamorphose finale en adultes. Ces derniers ne vivent que quelques semaines à quelques mois, restant généralement proches de leur site de reproduction.
Une maîtrise impressionnante du vol
Ces insectes sont d’excellents volants, capables de rester immobiles dans l’air, un comportement remarquable qui capte toujours l’attention. Certains peuvent même effectuer des voles en arrière ou en vol stationnaire. Leur capacité à voler à grande vitesse, jusqu’à 36 km/h, leur permet de dépasser largement des insectes comme le frelon, qui plafonnent à 22 km/h. De plus, leur vitesse de montée est d’environ 5,4 km/h, bien supérieure à celle de nombreux autres insectes volants.
Les particularités de l’accouplement
Leur abdomen, long de dix segments, se distingue par sa forme pouvant varier d’une espèce à l’autre. Certains ont un aspect aplati, d’autres plus épaissis ou rétrécis. Les mâles présentent des « crochets copulatoires », des appendices à l’extrémité de l’abdomen, qui se fixent sur la femelle lors de l’accouplement. La femelle est équipée d’un ovipositeur qu’elle utilise pour déposer ses œufs dans l’eau ou dans la végétation aquatique. Pendant la reproduction, ces insectes adoptent souvent une position en forme de cœur, du fait de leur thorax courbé lors de l’accouplement.
Le rôle écologique des odonates
On voit fréquemment ces insectes virevolter dans nos jardins, mais certaines espèces rares ou menacées nécessitent une attention particulière. Leur présence est souvent un indicateur d’un environnement naturel sain, car beaucoup d’espèces dépendent de habitats spécifiques tels que tourbières, berges de rivières à truites ou lacs alpins. La dégradation ou la pollution de ces lieux impacte directement leur survie. Par ailleurs, ils jouent un rôle clé dans l’équilibre écologique, en régulant la population d’autres insectes nuisibles, notamment les moustiques, mouches et papillons, dont ils se nourrissent en grande quantité.
De plus, ces odonates constituent également une source de nourriture pour certains oiseaux, comme le gobe-mouche gris, le guêpier d’Europe ou le faucon hobereau, ainsi que pour certaines araignées qui les capturent dans leur toile. La présence de ces insectes dans un espace donné est un bon indicateur de biodiversité en pleine santé, signalant un environnement riche et équilibré.
Comment favoriser leur présence dans votre jardin ?
Pour attirer ces insectes, il est essentiel d’avoir une zone d’eau comme une petite mare ou un bassin. La plantation de végétaux aquatiques variés favorise leur développement. Évitez d’y introduire des poissons qui consommeraient les larves, mais accueilli avec plaisir la présence de batraciens, dont les têtards constituent une nourriture pour les larves d’odonates. Enfin, il est crucial de renoncer aux produits chimiques pour l’entretien du bassin ou des abords, afin de préserver leur habitat et leur développement naturel.