Rien ne réjouit davantage un jardiner que de découvrir la présence de coccinelles sur ses plantes envahies par les pucerons. Ces insectes bénéfiques sont en effet de précieux alliés pour la santé des végétaux, car ils se nourrissent principalement de ces nuisibles. Considérée comme un symbole porteur de chance pour le jardinier comme pour la culture populaire, la coccinelle est grandement appréciée. Concentrons-nous sur cette créature ailée qui, selon ses différentes variétés, joue un rôle essentiel dans la lutte contre les parasites.
Comment distinguer une coccinelle ?
Les coccinelles, appartenant à la famille des coccinellidés, se regroupent dans l’ordre des coléoptères. De petite taille, elles mesurent généralement entre 0,1 cm et 1,5 cm. Leur corps aplanie sur le dessous avec une silhouette en dôme ou en ovale. Elles possèdent six pattes courtes équipées de griffes bifides, une tête noire ornée de deux taches blanches de chaque côté, et une paire d’antennes. Leurs élytres, qui recouvrent leurs ailes au repos, sont brillants, souvent colorés avec des taches ou des bandes, et varient énormément en teinte. Sous ces carapaces, se dissimulent des ailes noires transparentes, deux fois plus longues que le corps visible. La dénomination « coccinelle » tire ses origines du latin « coccinus », évoquant leur teinte rouge caractéristique.
Le parcours de vie d’une coccinelle
La croissance de la coccinelle suit quatre phases principales : œuf, larve, nymphe et adulte. Au sortir de l’hiver, les femelles pondent des centaines d’œufs jaunes claire sur les parties basses des plantes infestées de pucerons. Les larves apparaissent après quelques jours et s’attaquent immédiatement à ces nuisibles, comme leur progéniture. À ce stade, elles ont un corps mou, allongé, dépourvu d’ailes, qu’elles muent plusieurs fois en grandissant. La dernière étape larvaire se conclut par leur fixation sur une feuille, où elles se transforment en nymphes. Pendant cette phase de métamorphose, elles prennent la forme définitive d’une coccinelle adultе. après quelques jours, elles émergent : l’insecte déchire la coque de la nymphe et s’envole, d’abord jaune pâle, puis rouge avec l’apparition de ses motifs caractéristiques. La durée de vie d’un adulte oscille entre deux et trois ans, et leur cycle de reproduction comprend généralement une à deux générations par an, entre le printemps et la fin de l’automne. Lors des périodes de froid, elles entrent en diapause, en se réfugiant sous des pierres, dans l’écorce ou dans la litière organique.
Le panel d’espèces de coccinelles
Sur la planète, environ 6000 variétés de coccinelles existent, dont une soixantaine en France. Contrairement à la croyance populaire, le nombre de points ou de taches ne reflète pas l’âge de l’insecte, mais sa variété spécifique. La reconnaissance se fait aussi par la taille, la couleur, la configuration des taches ou motifs sur le thorax. Voici un aperçu des espèces les plus fréquentes dans un jardin :
La coccinelle à sept points
La plus répandue en France et en Europe, Coccinella septempunctata mesure entre 5 et 8 millimètres. Son dos rouge vif est parcouru de sept points noirs, répartis avec trois de chaque côté et un au centre. Elle se nourrit principalement de pucerons, ce qui lui vaut d’être qualifiée d’aphidiphage.
La coccinelle à deux points
Connue aussi sous le nom d’Adalia bipunctata, cette espèce fréquente dans les arbres et les haies. Elle affiche une teinte noire avec deux marques jaunes ou rouges sur ses élytres, et possède un régime similaire à celui de la coccinelle à sept points, mais en étant légèrement moins vorace.
La coccinelle à vingt-deux points
Parmi les plus petites, cette coccinelle ne dépasse pas 4 à 5 millimètres. Entirement jaune avec des pattes noires, elle présente onze points noirs sur chaque élytre. Son habitat principal est la prairie, où elle se nourrit exclusivement de champignons, ce qui en fait une mycophage.
La coccinelle à damier
Aussi appelée coccinelle à échiquier, Propylea quatuordecimpunctata possède des élytres jaune ou orange clair ponctués de taches noires quasi rectangulaires. La fusion de ces taches peut apparaître avec le temps.
La coccinelle rose
Surnommée parfois « coccinelle zigzag », Oenopia conglobata est moins courante, fondamentalement présente dans les forêts. Elle arbore des teintes allant du rose pâle à l’ocre, avec jusqu’à 16 taches noires sur ses élytres.
La coccinelle à quatorze points
Fréquent dans plusieurs régions d’Europe, cette espèce se repère facilement grâce à ses élytres noirs ornés de quatorze taches jaunes. Elle privilégie surtout les zones fleuries, où elle se nourrit de pollen, la retrouvant donc fréquemment sur les fleurs.
La coccinelle des friches
Le nom scientifique Hippodamia variegata désigne une espèce orangée ou rouge, identifiable à ses six taches noires en forme de cercle sur ses épaules, et une autre marque vers le haut, près de la jonction. Deux points et un liseré blanc ornent également son pronotum. Cette coccinelle est très vorace et peut dévorer jusqu’à 150 pucerons par jour.
La coccinelle asiatique
Très médiatisée récemment, l’Harmonia axyridis est aujourd’hui considérée comme une espèce invasive, nuisible pour les populations indigènes. Avec un appétit insatiable, elle consomme d’abord des pucerons, puis attaque les œufs et larves de ses congénères. Elle représente aussi un porteur de microsporidies, champignons parasites mortels pour d’autres coccinelles. Difficile à identifier, sa grande diversité de couleurs recèle près de 120 variantes. Le nombre de points varie généralement de zéro à dix-neuf, souvent mal dessinés. Seules quelques caractéristiques comme la taille (6 à 8 mm) et le motif en forme de M ou de patte de chat sur le pronotum facilitent son repérage.
Attention à ne pas les confondre…
Certains coléoptères ressemblent à s’y méprendre à la coccinelle, mais appartiennent à d’autres familles. Le clytre (Clytra laeviuscula), par exemple, est un insecte rouge à taches noires, de la famille des chrysomelidae, plus grand que la coccinelle, pouvant atteindre 10 millimètres à l’âge adulte. D’autres insectes comme le mylabre à quatre points ou certains chrysomèles ressemblent aussi à la coccinelle sans en faire partie.
D’où vient le surnom de « bête à bon Dieu » attribué à la coccinelle ?
Cette appellation provient d’une légende datant du Xe siècle. Condamné pour un meurtre à Paris, un homme clamant son innocence devait être décapité. Le jour de son exécution, une coccinelle s’est posée sur son cou, malgré les tentatives du bourreau de l’éloigner. Le roi Robert II, surnommé Le Pieux, interpréta cette intervention comme un signe divin, et décida de lui accorder la grâce. La vérité fut révélée quelques jours plus tard, confirmant l’innocence du condamné. Depuis lors, la coccinelle est vue comme un symbole de chance et il est conseillé de ne pas la tuer, car elle porterait bonheur.