Les Triops regroupent une famille de petits crustacés qui évoluent exclusivement en milieu aquatique doux. Appartenant à la classe des Branchiopodes et à l’ordre des Notostracés, ils sont souvent commercialisés sous des appellations évoquant leur aspect ancestral, telles que “créatures préhistoriques”, “fossiles vivants” ou “crevettes dinosaures”, dans le but de susciter l’intérêt des aquariophiles. Cependant, ces qualificatifs ne reflètent pas une vérité scientifique. Dans cet article, vous découvrirez leur description complète ainsi que les étapes pour assurer leur élevage.
Aperçu des Triops
Actuellement, cinq espèces principales de Triops sont reconnues par la communauté scientifique :
- Triops australiensis
- Triops cancriformis
- Triops granarius
- Triops longicaudatus
- Triops newberryi
Une caractéristique notable de ces crustacés est la présence de trois yeux, ce qui en a donné leur nom scientifique, “Triops”, faisant référence à leur origine grecque. À première vue, un observateur pourrait penser à un têtard, notamment en raison de leur taille et leur silhouette. Cependant, le troisième œil, distinct du duo principal, joue un rôle crucial dans la détection de la luminosité et de la température ambiante. Cette adaptation sensorielle guide ces animaux vers des environnements chauds et lumineux, car ils sont intrinsèquement attirés par la lumière, en particulier nocturne. Leur sensibilité à la pollution lumineuse constitue une faiblesse pour leur survie.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces animaux ne sont pas des vestiges du passé ayant peu évolué depuis leur apparition il y a plus de 359 millions d’années, à l’époque dévonienne. Leurs descendants, notamment Triops cancriformis et Triops longicaudatus, présentent encore aujourd’hui une ressemblance frappante avec leurs fossiles, ce qui a été confirmé par des études génomiques approfondies.
La taille moyenne d’un Triops oscille entre 4 et 6 centimètres, avec des spécimens pouvant atteindre 15 cm. Leur silhouette évoque celle d’une limule, crabe en forme de fer à cheval, mais en version miniature, ce qui leur confère une certaine popularité. Leur corps, long et segmenté, est protégé par une carapace aplatie de couleur brunâtre, occupant environ deux tiers de leur thorax. À l’extrémité de l’abdomen, deux filaments longs se déploient, ajoutant à leur apparence caractéristique.
On retrouve ces crustacés principalement dans des étangs ou bassins peu profonds et calmes, où la nature exigeante limite souvent la prolifération d’autres formes de vie avancées. Ils sont présents dans plusieurs régions du monde, notamment dans certaines zones sèches d’Europe, dans l’ouest des États-Unis, en Amérique Centrale et du Sud. Bien qu’ils soient capables de nager activement, ils préfèrent généralement rester proches du fond de l’eau.
Leur alimentation consiste essentiellement en résidus organiques, microflore benthique et petits organismes capturés avec leurs pattes. À l’état adulte, ils peuvent également consommer des larves d’insectes, des vers ou des têtards. Leurs yeux ne leur permettent pas une vision du sol, si bien que d’autres organes sensoriels interviennent dans leur locomotion et leur recherche de nourriture.
La reproduction chez les Triops présente une particularité : la majorité des individus est hermaphrodite, avec une rare présence de mâles. Ces hermaphrodites peuvent s’accoupler avec des mâles ou même assurer leur reproduction en autofécondant leurs propres œufs. Ces œufs, produits par centaines, sont stockés dans des sacs situés à la base de leur queue, et sont exceptionnellement résistants, capables de survivre plusieurs années en conditions difficiles (sécheresse, froid, chaleur extrême) grâce à leur mécanisme de diapause — une phase de dormance permettant leur survie jusqu’à la re-immersion dans l’eau. Lorsqu’ils rencontrent à nouveau de l’eau, ces œufs reprennent rapidement leur développement en larves, initialement rose, minuscules (1 mm), et difficiles à discerner à l’œil nu. Leur croissance est rapide : en quelques jours, ils atteignent 1 cm, puis 2 ou 3 cm au bout de deux semaines. La fréquence de mues rapprochées implique la nécessité d’enlever régulièrement leur vieille peau.
Conseils pour l’élevage des Triops
Grâce à la résistance exceptionnelle de leurs œufs, il est courant de trouver dans le commerce des kits d’élevage conçus pour leur reproduction. La procédure s’appuie principalement sur le respect des consignes d’utilisation : seule de l’eau déminéralisée doit être employée, l’exposition au soleil doit être évitée, et la température de l’eau doit rester dans une fourchette spécifique à leur espèce.
Lorsqu’on débute, on constate généralement l’émergence des premiers individus au bout de 48 heures environ. Leur taille initiale, inférieure au millimètre, complique leur observation. Cependant, dès une semaine, ils mesurent environ 1 cm, et à 15 jours, ils peuvent atteindre 2 à 3 cm, queue comprise. Leur cycle de mues fréquentes demande une attention régulière, notamment pour retirer la vieille peau et éviter la pollution de l’eau.
Dans le cadre d’un kit d’élevage, il est fréquent de voir Cohabiter des crevettes féériques, issues de la même famille des Anostracés, avec les Triops. Ces petites crustacés présentent une ligne marron traversant leur corps, deux antennes à la tête, et sont très résistantes. Il est conseillé de privilégier l’achat d’œufs purs de Triops pour maximiser les chances de succès et éviter les risques liés à d’autres espèces.
La taille limitée du bac fourni dans les kits n’est pas un obstacle si l’on veille à maintenir une température stable. Voici les températures recommandées selon chaque espèce :
- Triops australiensis : 26 à 28 °C
- Triops cancriformis : 10 à 25 °C
- Triops granarius : 20 à 26 °C
- Triops longicaudatus : 24 à 26 °C
- Triops newberryi : 18 à 30 °C
Si la taille de l’aquarium est limitée, il sera difficile d’installer un chauffage, et en cas d’arrêt de la lumière, la température de l’eau chute rapidement, ce qui peut mettre en danger l’ensemble de la colonie. Il est donc essentiel de renouveler partiellement l’eau tous les 2 ou 3 jours avec de l’eau déminéralisée propre, ce qui garantit une oxygénation constante tout en évitant des fluctuations thermiques nuisibles.
La nourriture constitue également un facteur critique dans le succès de l’élevage. Il est recommandé de nourrir les Triops une fois par jour pendant la première semaine pour éviter qu’ils ne se dévorent entre eux. À partir du troisième jour, une nourriture bien écrasée, comme la poudre d’algues vertes, doit leur être dispensée en quantité suffisante pour accompagner leur croissance rapide. Après la première semaine, la nourriture doit être répartie en deux repas quotidiens, sans nécessiter de broyage, pour assurer leur alimentation continue sans surcharger l’eau.
Enfin, l’aménagement de leur habitat joue un rôle important. Si vous optez pour un aquarium plus grand, choisissez des éléments décoratifs non toxiques pour préserver leur santé. Un environnement soigneusement agencé contribue à leur bien-être et à la réussite de leur élevage.