Le homard, un crustacé robuste aux pinces impressionnantes

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Crédit photo : Ranko

Le homard, qu’il soit originaire d’Amérique ou d’Europe, se reconnaît immédiatement à ses paires de pinces massives, capables de trancher et de broyer avec puissance. Ce crustacé évolue dans des eaux froides et profondes, où il mène une existence plutôt solitaire. Il possède plusieurs particularités, notamment sa capacité à muer toute sa vie et à faire repousser ses membres perdus, une adaptation essentielle à sa survie.

Quelle nature d’animal est le homard ?

Le homard appartient à la famille des crustacés, avec une carapace robuste et une structure à dix pattes. On distingue principalement deux espèces dans ce genre :

La première est communément appelée homard américain, aussi désigné sous le nom d’homard canadien, du fait de ses importantes exportations par le Canada. Elle est la plus répandue à l’échelle mondiale et affiche une teinte allant du bleu-vert au brun-rouge. Plus volumineux que son homologue européen, il peut peser environ 3 kilogrammes pour une longueur de 50 cm, avec des records familiaux atteignant près de 20 kg.

La seconde, l’homard européen, aussi appelé homard bleu ou breton (expression moins courante en France), présente une carapace souvent sombre et bleutée, avec des extrémités de pattes blanchies et des antennes orange. Ce crustacé pèse généralement 2 kg et mesure autour de 35 cm.

Quelles caractéristiques physiques possède ce crustacé ?

Caractérisé par son exosquelette, ses pattes articulées et ses antennes, le homard respire grâce à des branchies, qui lui permettent d’échanger l’oxygène avec son environnement. Son corps se compose d’un céphalothorax — à la fois la tête et le thorax fusionnés — et d’un abdomen divisé en cinq segments. La partie la plus remarquable est ses pinces imposantes, dont l’utilité sera détaillée ci-dessous. Une particularité essentielle est sa capacité à régénérer les membres qu’il perd lors de combats ou d’attaques, un processus pouvant demander plusieurs mues. La régénération, ou autotomie, exige beaucoup d’énergie et peut ralentir sa croissance jusqu’à ce qu’une nouvelle pince atteigne sa pleine fonctionnalité.

À quoi servent les pinces du homard ?

Les pinces du homard jouent un rôle essentiel, et leur localisation sur le céphalothorax leur confère un positionnement stratégique. Chacune des cinq paires de pattes remplit des fonctions précises :

  • La première paire, particulièrement développée, comprend deux chélipèdes pourvue de pinces. La plus grosse, souvent appelée “pince marteau” ou “pince broyeuse”, est spécialisée dans la destruction de la carapace de ses proies. La plus petite, dite “pince ciseau” ou “pince coupante”, a des arêtes vives pour découper la chair. Elle est aussi plus rapide, permettant au homard de se défendre ou d’attraper de petits poissons qu’il porte ensuite à ses appareils masticatoires.
  • Les quatre autres paires, appelées péréiopodes, servent principalement à la locomotion, permettant au crustacé de se déplacer avec agilité sur le fond marin.

Où trouve-t-on principalement les homards dans le monde ?

Les habitats des différentes espèces varient selon leur aire de répartition, mais tous privilégient généralement les eaux froides.

  • L’homard américain habite l’Atlantique Nord, le long des côtes d’Amérique du Nord. Il est particulièrement présent dans les eaux proches de la Caroline du Nord, du golfe du Maine, ainsi qu’au large du Canada, notamment dans le détroit de Belle-Isle entre le Labrador et Terre-Neuve ou dans la région du golfe du Saint-Laurent. On l’observe également dans l’archipel français de Saint-Pierre et Miquelon.
  • L’homard européen fréquente les eaux côtières allant de la Norvège au Maroc, notamment dans l’Atlantique, la Manche, la mer du Nord et la Méditerranée occidentale. Ses zones d’habitat incluent les côtes françaises, en particulier le long du Cotentin, ainsi que les eaux britanniques et celles proches des îles anglo-normandes.

Comment ce crustacé aménage-t-il son espace souterrain ?

Présent à des profondeurs allant du niveau infralittoral jusqu’à une cinquantaine de mètres, le homard préfère s’abriter dans des zones rocheuses où il peut creuser un terrier. À défaut, il construit une cavité sous de grosses pierres ou un trou dans un substrat mou comme le sable ou la vase, lui permettant de se protéger. Ces abris présentent souvent deux entrées, assurant une certaine sécurité contre ses prédateurs ou ses concurrents. En dehors de la période de reproduction, il reste largement isolé dans son refuge, dont il bloque l’accès avec ses pinces pour éviter d’être dérangé ou attaqué.

Que mange le homard ?

C’est durant la nuit que ce crustacé nocturne sort de son refuge pour chasser. Son régime alimentaire, essentiellement carnivore, consiste en une variété d’invertébrés vivant sur le fond marin. Il se nourrit principalement de crustacés plus petits comme les crabes, de mollusques tels que moules et palourdes, et de bigorneaux, vers marins, oursins, étoiles de mer, petits poissons, et parfois même de quelques algues. Pour repérer ses proies, le homard exploite ses antennes équipées de poils sensoriels, appelés chémorécepteurs, qui lui détectent des molécules chimiques ou des vibrations dans l’eau, même dans l’obscurité. Ces appendices lui permettent de percevoir les mouvements et les signaux chimiques d’éventuelles proies ou de prédateurs.

Comment se passe la reproduction chez le homard ?

Après la mue, lorsque la femelle devient molle, elle libère des phéromones qui attirent le mâle, marquant le début du processus d’accouplement. L’union se déroule généralement dans le terrier, où le couple peut rester plusieurs jours. La femelle, restant souvent sur le dos entre juin et août, peut porter jusqu’à 40 000 œufs, qu’elle fixe sur ses pattes abdominales, en les conservant jusqu’à l’éclosion. Après environ huit mois, ces œufs donnent naissance à de minuscules larves, très vulnérables dans leur phase planctonique. Leur faible taux de survie, estimé à moins de 2 %, repose sur leur capacité à éviter les prédateurs marins, tels que poissons, seiches ou crabes. Au bout de quatre mues, ces larves deviennent des jeunes homards qui se fixent au fond marin, prêts à entamer leur vie adulte.

Quelle est l’espérance de vie du homard ?

Le processus de maturation du homard demeure lent, s’étalant sur environ cinq années durant lesquelles il muera une vingtaine de fois pour atteindre sa taille adulte. Lors de chaque mue, il se cache dans son terrier, suspendant sa nourriture et se gonflant d’eau pour augmenter sa taille. Sa croissance se poursuit constamment, et il ne montre que tardivement des signes de vieillissement. Il peut continuer à se reproduire jusqu’à ses dernières années de vie. La mort survient généralement lorsqu’il devient trop gros ou que sa carapace s’use, ou encore à cause de maladies. Malgré cela, certains homards exceptionnellement vieux peuvent atteindre une cinquantaine d’années.

Le homard est-il une espèce en danger ?

Durant leur jeunesse, ces animaux sont vulnérables face à de nombreux prédateurs, notamment certains poissons, pieuvres ou crabes. En dehors de leurs périodes de mue, ils ont peu de prédateurs, l’homme étant le principal aujourd’hui. Historiquement, au XVIIe et XVIIIe siècles, ils étaient si nombreux en Europe qu’ils étaient considérés comme un poisson pauvre, utilisé comme appât ou aliment pour les prisons ou les plus démunis. Leur surnom de “cafard des mers” souligne leur mauvaise réputation d’antan. Cependant, leur valorisation culinaire a changé leur image, en faisant un mets très recherché. Après la Seconde Guerre mondiale, leurs populations ont connu une grave diminution dans plusieurs régions, notamment dans l’hémisphère nord, mais ont commencé à se rétablir vers la fin des années 1980. Actuellement, ni le homard américain ni le homard européen ne sont classés comme menacés à l’échelle globale. Néanmoins, dans certaines zones, la surpêche et la dégradation de leur environnement imposent une gestion prudente de leur pêche pour assurer leur survie.

Ressentent-ils la douleur ?

Ce sujet reste très débattu. Certains scientifiques estiment que le système nerveux du homard est trop simple pour percevoir la douleur, en raison de la taille limitée de leur cerveau. Des expériences menées en 2013 ont montré que ces crustacés peuvent éviter des situations douloureuses et réagissent dès qu’ils sont blessés, ce qui pourrait indiquer une capacité à ressentir de la souffrance. D’autres chercheurs pensent que ces comportements sont innés, liés à la survie plutôt qu’à une expérience de douleur consciente. En réponse à ces préoccupations éthiques, plusieurs pays, dont la Norvège, l’Autriche, la Suisse et la Nouvelle-Zélande, ont adopté des réglementations interdisant la cuisson des homards vivants sans les avoir préalablement étourdis, afin de limiter leur souffrance.